Journée contre la maltraitance des personnes âgées : des dysfonctionnements selon l'OMS

Due au contexte actuel de pandémie, la Journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes âgées prend, cette année, une ampleur inédite. Au-delà de leur forte mortalité et de leur peur liée à la pandémie, les personnes âgées sont davantage exposées aux risques de pauvreté, d’isolement et de discrimination. Selon l’OMS, une personne âgée sur six a subi, au cours de l’année dernière, des maltraitances au sein de son environnement. Le vieillissement de la population et le manque de personnels dans les structures d'accueil tendent à accroître cette problématique.  

Une problématique actuelle et future

Comme dit précédemment, une personne âgée sur six a été victime de maltraitance dans son environnement l’année dernière. Un senior sur dix y est confronté chaque mois. Ce taux augmente dans les maisons de retraite et les structures de soins destinées aux personnes âgées. Selon l’OMS, deux soignants sur trois déclarent avoir commis un acte de maltraitance en 2020. Cette problématique tend à s'accroître avec le vieillissement de la population. Entre 2020 et 2030, le nombre des personnes âgées de 75 à 84 ans passera de 4,1 millions à 6,1 millions. 

La maltraitance des seniors touche 600 000 personnes en France, soit près de 5 % des plus de 65 ans et 15 % des plus de 75 ans. Selon l'Alma (Allo Maltraitance Personnes Âgées), les femmes dépendantes, incapables de se défendre sont des victimes désignées et représentent 75 % des maltraitances chez les personnes âgées. 

Les moyens pour signaler la maltraitance : 

• Si la violence provient d’un membre du personnel soignant, il faut contacter son supérieur hiérarchique.
• Une plateforme nationale d’écoute dédiée aux personnes âgées et aux adultes victimes de maltraitance est joignable au 3977. 
• Il est également possible d’appeler l’ARS (l'agence régionale de santé) qui pourra procéder à une inspection au sein de la structure d'accueil de la personne âgée en question. 

Des dysfonctionnements dans les structures d’accueil

Les chiffres du vieillissement de la population sont d’autant plus inquiétants qu’ils sont cumulés aux problèmes de dysfonctionnement des structures d'accueil pour personnes dépendantes. En France, 693 000 personnes vivent dans des structures pour personnes âgées, 573 000 en Ehpad et 102 000 en logements foyers. L’âge moyen de dépendance et d’entrée en maison de retraite est de 85 ans.^. Avec l'allongement de l’espérance de vie et le vieillissement de la population, le nombre de personnes résidentes dans les structures destinées aux personnes dépendantes augmentera au fil du temps. 

Malheureusement ce milieu professionnel est peu attractif et peine à recruter. Pour que l'assistance des résidents soit effectuée correctement, un Ehpad devrait compter un aide-soignant pour un patient. Seulement, aujourd’hui, le ratio est de 0,57 sur un, selon une étude KPMG réalisée sur un échantillon de 136 Ehpad. La Conférence nationale des directeurs d’établissements pour personnes âgées et handicapées (CNDEPAH) estime que, pour 26 lits, seuls 4,67 soignants se répartissent les quatorze heures de travail journalières. Les cadences infernales ne permettent pas une prise en charge optimale des résidents. Encore selon la CNDEPAH, il faudrait 43 minutes pour aider une personne âgée à faire sa toilette, mais le rythme soutenu du quotidien des aides-soignants ne leur permet d’allouer que quinze minutes par résidents. 

La surcharge de travail, la fatigue morale et physique peuvent entraîner de mauvais traitements des patients de la part des aides-soignants. La CNDEPAH estime que pour répondre aux besoins il faudrait créer plus de 36 000 ETP (équivalent temps plein). 

Florian Grenon