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Par wenabi - Publié le 18 novembre 2020 - 12:28 - Mise à jour le 18 novembre 2020 - 12:50
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Crise sanitaire, les associations mises à l’épreuve

Les chiffres sont là. Depuis le début de la crise sanitaire, le secteur associatif est mis à rude épreuve. Lors du confinement, deux tiers des associations ont dû suspendre leurs activités habituelles. Aujourd’hui, elles sont plus de 55 %* à prévoir des retombées économiques particulièrement négatives. Pour autant, les acteurs du secteur ne baissent pas les bras. Rencontre avec des hommes et des femmes qui redoublent d’efforts, de créativité et de détermination pour poursuivre leurs engagements au service des autres.

« Restez chez vous et tout ira bien » : un véritable défi pour des travailleurs sociaux de terrain

Sans surprise, l’annonce du confinement a été un véritable coup dur pour les associations œuvrant en France auprès de publics fragilisés : « Quand, du jour au lendemain, on nous dit ‘’confinez-vous !’’, on comprend tout de suite que ça va être très compliqué parce que nous, oui bien sûr, on peut se confiner mais les gens de la rue vont être confinés dehors ! ». Pour Jonathan Hude-Dufossé, directeur du développement d’Entourage, une association offrant aux personnes sans domicile fixe un réseau de soutien, la période de confinement a été un défi de taille. Rues vides, commerces fermés, citoyens barricadés, pour les personnes de la rue cette période a été un véritable choc, amplifié par un cruel manque d’accès à l’information. Onde de choc ressentie également chez Kabubu. Cette association propose en temps ordinaire de créer du lien entre personnes exilées et locaux de la ville de Paris à travers le sport. Lorsque le confinement a été annoncé, l’association entamait d’ailleurs sa seconde édition de ‘’FIT’’, une formation diplômante à destination des personnes réfugiées qui vise à les former au métier d’animateur sportif. « Au niveau du sport les solutions sont complexes. Toutes nos activités étaient interrompues…on était à zéro », témoigne Peyman Baghdadi, chef de projet insertion et développement dans l’association.

Même constat pour les associations œuvrant à l’international « Les missions de volontariat c’est l’ADN de notre association depuis 20 ans », nous explique Muriel Roy, directrice générale adjointe de l’association Planète Urgence. Cette association de solidarité internationale propose, entre autres, aux collaborateurs d’entreprises de partager leurs compétences auprès d’associations à l’étranger via le dispositif du Congé Solidaire. Aujourd’hui, très touchée par la fermeture des frontières, Planète Urgence s’est vue contrainte d’arrêter l’ensemble de ses missions sur le terrain et observe une chute de 30 % des dons affectés à cette activité.

Créativité et détermination, les maîtres mots de la réussite pour ces acteurs à l’énergie débordante

Malgré une situation inédite, les acteurs du secteur associatifs ont tous fait preuve d’adaptation. Impossible de baisser les bras lorsque tant de personnes comptent sur vous. Clara Van der Hecht, responsable mécénat pour l’association Moi dans 10 ans nous raconte : « On a dû réfléchir rapidement à un moyen de se retourner […] l’essentiel pour nous ça été de trouver de solutions pour accompagner les jeunes notamment dans ce moment où ils étaient tout seuls chez eux et où ils avaient beaucoup moins de cours que prévu ». Moi dans 10 ans se donne pour mission de faciliter l’accès à une orientation de qualité pour tous et partout en France en proposant des rencontres en entreprise entre jeunes et professionnels. Pendant le confinement, l’équipe a alors mis en place un dispositif de « Live Métiers » permettant aux jeunes de rencontrer trois fois par semaine durant une heure des professionnels d’horizons différents. Véritable succès, ce format de visio-conférence reprend désormais tous les jeudis car il a su plaire à la fois aux entreprises et aux élèves qui « étaient même un petit peu moins frileux que d’habitude pour poser des questions car ils passaient par le chat ! ».

De son côté, Kabubu a également vite rebondi. Des Kabubu Talks et des défis sportifs en ligne ont été rapidement mis en place pour permettre à la communauté de bénévoles et de bénéficiaires de rester en contact, d’échanger et de continuer à faire du sport ensemble. Coté développement international, Planète Urgence a mené un grand travail d’enquête au niveau mondial pour recenser les missions pouvant être assurées à distance : le e-volontariat est alors né dans l’association.

“ Transformer cette crise sanitaire en appel d’air de l’engagement ”

D’autre part, pour les acteurs associatifs, il est important de souligner que ces innovations ont également été encouragées par un élan de solidarité générale. Pour Jonathan Hude-Dufossé, il y a eu « un véritable réflexe de solidarité de la part des citoyens mais aussi des entreprises qui avaient envie de s’engager ». En effet, l’association Entourage a enregistré durant le confinement 15 000 nouveaux inscrits et un doublement du nombre d’actions solidaires postées sur leur application : « On a mis les bouchées doubles voire…triples et on a réussi à transformer cette crise sanitaire en appel d’air de l’engagement et de la solidarité ». L’équipe a alors mis en place le programme Les Bonnes Ondes au sein duquel 700 citoyens se sont engagés à soutenir par téléphone 150 personnes à la rue se déclarant comme ayant besoin de garder le moral et d’avoir accès à des informations. Une belle réussite que l’association maintient toujours aujourd’hui ! En parallèle enregistrant de plus en plus de nouveaux inscrits, Entourage a également fait le choix d’ouvrir son activité à toute personne en situation de grande précarité et de grande exclusion. « Aujourd’hui, une personne isolée dans un appartement minuscule, une personne en foyer d’hébergement d’urgence, une personne en détresse qu’elle soit à la rue ou pas est la bienvenue dans le réseau Entourage », explique Jonathan.

Maintenir le cap : comment aider les associations à poursuivre leurs actions à distance et sur le terrain ? 

« Malgré le chômage partiel, malgré le contexte, malgré les difficultés on s’est réinventés et ça on l’a fait parce qu’on a été soutenus ! »

Pour Muriel Roy, il n’y a pas de solution miracle : si Planète Urgence a réussi à se maintenir, c’est grâce à l’engagement des collaborateurs et des entreprises. Tout l’enjeu pour l’association aujourd’hui va être de réussir à pérenniser cette solidarité.

Chez Entourage, cette crise a renforcé l’idée que « le digital possède une force de frappe qui est phénoménal aujourd’hui donc il doit être mis au service de l’humain et cela restera notre crédo ». Jonathan Hude-Dufossé encourage donc les citoyens et collaborateurs d’entreprise à commencer par télécharger l’application massivement.

Vous avez un pied dans le domaine du numérique ? Kabubu et Moi dans 10 ans ont besoin de vous ! Kabubu souhaite, pour sa formation FIT, pouvoir équiper ses prochains apprenants d’ordinateurs ou de tablettes. L’association est également toujours en recherche de mentors pour soutenir les participants de la formation. De son côté, Moi dans 10 ans recherche des entreprises prêtes à accueillir des jeunes en immersion et promouvoir la diversité dans le secteur du numérique.

Aider à distance n’est donc plus nécessairement un frein pour ces associations qui ont dû s’adapter. Cependant, pour tous les intervenants que nous avons rencontré, le cœur de leur activité réside et résidera toujours dans la relation directe avec leurs bénéficiaires. Depuis le déconfinement, de très nombreuses associations ce sont donc aussi adaptées sur le terrain en modifiant leurs activités pour respecter les mesures sanitaires en vigueur et offrent aujourd’hui la possibilité de continuer à s’engager en présentiel. Par exemple, pour les sportifs solidaires, Kabubu a repris certaines activités comme le jogging ou encore le foot et distribue des masques et du gel aux participants. De son côté, Planète Urgence a construit un projet de Congés Solidaires dans des associations en France et propose déjà une dizaines de missions sur le territoire.

Pour Jonathan Hude-Dufossé du réseau Entourage : « Le lien physique, humain, la relation face à face est essentielle… on a beau faire des supers webinaires, on a beau avoir des supers outils, on a quand même besoin de se voir en chaire et en os et d’échanger (en respectant les gestes barrières) ça reste fondamental chez nous. »

Planète Urgence, Kabubu, Moi dans 10 ans, Entourage… ces associations représentent un échantillon d’un vaste tissu associatif présent sur tout le territoire. Aujourd’hui plus que tout, ces acteurs du changement ont besoin de soutien pour poursuivre leurs actions et continuer de contribuer à un projet commun vers une société plus juste. Chacun à notre échelle, nous pouvons agir à leur côté en nous engageant. Que ce soit à travers des dons, des actions « coup de pouce », des engagements de plus longue durée ou simplement en parlant autour de nous de tous les dispositifs solidaires existants, nous avons tous la capacité d’agir pour l’intérêt général.

Alors…quand est-ce qu’on saute le pas ?

 

* Selon une enquête réalisée par Le Mouvement associatif, en lien avec RNMA et conduite par Recherches et Solidarités auprès de 16 175 répondants du 20 mars au 7 avril 2020.

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