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Par Lire pour en sortir - Publié le 19 décembre 2017 - 08:06 - Mise à jour le 19 décembre 2017 - 08:22
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Oscar et la dame rose vu par les lecteurs du programme de lecture

Les personnes détenues qui participent au programme de lecture de Lire pour en Sortir remplissent une fiche de lecture après chaque livre lu. Ils répondent à diverses questions sur l’auteur et le livre, retranscrivent leurs citations favorites, rédigent un résumé et donnent leur avis à propos de cette lecture. Chaque lecteur rend compte, à travers son retour, de sa compréhension et de son interprétation singulière du livre. Afin de valoriser cette diversité des regards, Lire pour en Sortir propose ici une compilation des avis des lecteurs sur le livre Oscar et la dame en Rose d’Eric-Emmanuel Schmitt, qui a été lu par 28 détenus à ce jour, 16 femmes et 12 hommes. Les verbatims issus des fiches de lecture sont entre guillemets.

Oscar et la dame rose vu par les lecteurs du programme de lecture
Oscar et la dame rose vu par les lecteurs du programme de lecture

Bref résumé

Oscar est un enfant hospitalisé d’à peine dix ans atteint d’un cancer en phase terminale. Ses parents qui travaillent et habitent trop loin de l’hôpital ne peuvent aller le voir qu’une fois par semaine. Heureusement, Mamie Rose, une bénévole, lui rend visite tous les jours pour passer du temps avec lui. Elle va l’accompagner et l’aider à vivre intensément les quelques jours qu’il lui reste.

 

La sagesse des enfants

Les lecteurs ont vu en Oscar une sagesse surprenante et une source d’apprentissage incommensurable. « Cet enfant est d’une force de caractère incroyable », remarque Ming*. Les personnes détenues qui ont lu le livre s’accordent à dire que les adultes ont beaucoup à apprendre des enfants : « Ils sont beaucoup plus courageux que les parents. Les adultes ont tendance à éviter certains sujets trop douloureux tandis que les enfants parlent sans détour des maux qui les accablent. Malgré leurs jeunes âges, ces enfants sont d’une maturité et d’une force incroyable. Ils nous servent de modèle et d’exemples à nous les adultes. Nous pensons veiller sur eux mais en réalité ils sont ceux qui veillent sur nous. Ils ne veulent pas qu’on les voie rendre leur dernier soupir. » confient Fatou, Charles et Farid.

Est-il étonnant que le livre le plus lu du programme de lecture de l’association soit Le petit prince de Saint-Exupéry ? Au travers de leurs fiches de lectures, de nombreuses personnes détenues paraissent se retrouver dans le regard franc et sans détour que portent les enfants sur le monde. David, 27 ans, s’identifie facilement à Oscar, personnage de 10 ans : « Il écrit à Dieu, j’écris à ma copine. Moi je suis dans ma cellule, lui est à l’hôpital. La maladie l’a condamné à perpétuité du haut de ses 10 ans. J’aurais aimé rentrer dans le livre, rencontrer Oscar et Mamie Rose et essayer de faire quelque chose pour qu’il vive. » Mamie Rose également a en effet beaucoup inspiré les lecteurs. Elle fait beaucoup de bien à Oscar et son investissement est remarquable : « Il buvait les paroles de Mamie Rose, cette femme peut être fière d’elle. Elle lui a permis de croire au bonheur et ces douze derniers jours ont été, je pense, les plus beaux de sa vie. » écrit Nadine qui projette même d’être bénévole à sa sortie et de devenir à son tour une dame rose qui échange avec les enfants.

 

Un livre sur la mort et la maladie, mais aussi sur la vie

Ce livre aborde les sujets délicats du cancer et de la mort. Certains lecteurs ont été ramenés à leurs drames personnels, comme la perte d’un proche. Le sujet peut être dur à aborder et la lecture difficile comme le témoigne cette maman : « Mon trésor est devenu un ange maintenant et une partie de mon cœur est mort en même temps que lui. » Les lecteurs sont d’autant plus touchés que le personnage est très jeune : « La mort d’un être à l’aube de sa vie est plus injuste, plus révoltante que la mort d’un être ayant eu une longue vie. » Oscar, le personnage imaginé par Eric-Emmanuel Schmitt écrit dans une lettre : « Alors voilà Dieu : ce matin je suis né, et je ne m’en suis pas rendu compte ; c’est devenu plus clair vers les midi, quand j’avais 5 ans, j’ai gagné en conscience mais ça n’a pas été pour apprendre de bonnes nouvelles ; ce soir j’ai 10 ans et c’est l’âge de raison. J’en profite pour te demander une chose : quand tu as quelque chose à m’annoncer comme à midi pour mes 5 ans, fais moins brutal. »

Vous avez souri ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’histoire est empreinte d’un humour réconfortant, qui rend la lecture assez légère. Selon Louise, « c’est une histoire d’une vivacité surprenante ». « Ce livre me fait me sentir sur un nuage près du soleil couchant », confie le romantique Thibault. Oscar a une « mort douce », il meurt « joliment », décrit Alexandra. Une maman dont la mort est un fantôme qui l’accompagne dans sa vie, témoigne du fait que paradoxalement, être confronté à la mort donne la force de se battre. La force avec laquelle l’enfant affronte la mort redonne aux adultes un courage certain pour surmonter les difficultés de la vie : « Face aux épreuves, il faut donner tout son possible pour se battre, penser positivement puis être satisfait de sa vie. Il ne faut pas trop en demander et se surestimer, mais essayer de se faire confiance. », écrit avec délicatesse Ming.

 

Le rôle de la spiritualité

Dans l’œuvre d’Eric-Emmanuel Schmitt, Mamie Rose propose à Oscar d’écrire chaque jour une lettre à Dieu, dans laquelle il pourra exprimer ses souhaits. Dans des situations de vie difficiles comme l’hospitalisation, la spiritualité soulage des angoisses que l’on peut ressentir. Marilyne s’exprime sur le sujet : « Mamie Rose devient pour Oscar un guide spirituel. Ce livre nous fait réfléchir sur l’existence de Dieu et nous apprend à ne plus avoir peur de la mort. »

 

Un parallèle peut être établi entre le rôle des aumôniers, bénévoles ou visiteurs en prison et celui de la dame Rose à l’hôpital. Tous permettent de rendre la période d’hospitalisation ou d’incarcération moins solitaire. Un ancien détenu, Marc, à l’occasion d’une rencontre avec l’association Lire pour en Sortir, a affirmé que « les aumôniers sont indispensables en prison, que l’on soit croyant ou non, dans la mesure où ils aident les personnes détenues à garder foi en l’avenir et la vie ». Les bénévoles ont un rôle primordial auprès des personnes isolées, ils permettent de conserver un lien avec l’extérieur et d’aider à la réinsertion sociale.  

*Les prénoms ont été changés.

Crédit Image

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