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Chèque alimentaire : la vision de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA

"Pour les agriculteurs français, il n’est pas concevable que des personnes en situation de vulnérabilité économique et sociale ne puissent pas manger à leur faim", selon Christiane LAMBERT, présidente de la FNSEA.

Quels sont les engagements de la FNSEA en matière de lutte contre les pertes agricoles ?

La FNSEA est signataire du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire lancé par Guillaume Garot en 2013, dont l’objectif est de poursuivre les actions engagées pour réduire de moitié le gaspillage alimentaire en France à l’horizon 2025.

Pour la FNSEA, membre fondateur de SOLAAL, la lutte contre le gaspillage alimentaire se poursuit à travers son soutien de l’association. En cette année si particulière, la FNSEA félicite la réactivité, l’adaptabilité et l’engagement de SOLAAL, qui a mis en lumière une solidarité record face à la la crise de la Covid-19. La FNSEA salue également l’élargissement du réseau en cours et à venir, qui est à l’initiative d’équipes et d’agriculteurs extrêmement dévoués.

Le monde agricole est touché par la précarité, et il reste très généreux. Comment expliquez-vous cela ?

Effectivement, la crise que nous venons de traverser a mis le monde agricole à rude épreuve. La chaîne alimentaire a tenu grâce à une mobilisation sans faille des agriculteurs qui ont redoublé d’efforts pour s’adapter aux contraintes imposées par la crise. Elle a aussi souffert. De nombreuses filières ont connu de graves difficultés en raison, notamment, de la fermeture de débouchés. Pourtant, depuis le début du premier confinement, il a été observé une hausse de 89 % de leurs dons. Bien souvent, les agriculteurs font preuve de générosité alors qu’ils sont eux même en difficulté. Cela montre bien que la solidarité est une valeur profondément ancrée au sein du monde agricole qui se transmet de génération en génération. L’agriculteur travaille pour  permettre à tous les Français, quel que soit leur bourse, d’avoir accès à des produits de qualité et à une alimentation équilibrée. Le don de leurs produits apparaît donc comme une évidence d’autant plus dans un contexte où la précarité alimentaire ne fait que s’accroitre.

La crise de la Covid-19, l’impact des aléas climatiques sur les productions ou encore des prix en berne fragilisent la situation économique des exploitations. A titre d’illustration, en 2020, selon IPSOS, plus d’un agriculteur sur trois a rencontré des problèmes de débouchés. Citons aussi le manque de main-d’œuvre qui a impacté l’activité de production agricole. Clairement l’année 2020 n’a pas été facile pour les agriculteurs.

Et pourtant, malgré les grandes difficultés auxquelles ils ont fait face (notamment la fermeture de la RHF, débouché majeur pour l’agriculture française), les agriculteurs ont assuré la continuité de leur production pour nourrir la population et parallèlement, comme le montrent les chiffres de SOLAAL, les dons se sont aussi multipliés. Pour les agriculteurs, il n’est pas concevable ni de gaspiller, ni de rester inactif face à la précarité alimentaire grandissante que la crise économique et sociale cause.

Quelles sont vos propositions pour lutter contre la précarité alimentaire ?

La crise nous a poussé à nous intéresser de plus près aux dispositifs d’aide alimentaire. Partant du constat que l’aide alimentaire accompagne 5,5 millions de personnes et qu’on atteindra bientôt les 10 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, il nous a semblé opportun d’émettre des propositions en concertation avec SOLAAL et en échangeant avec les associations, notamment avec les Banques alimentaires. Pour les agriculteurs français, il n’est pas concevable que des personnes en situation de vulnérabilité économique et sociale ne puissent pas manger à leur faim. C’est la raison pour laquelle la FNSEA pousse à la mise en place d’un chèque alimentaire. L’idée est notamment débattue dans le cadre du projet de loi Climat et résilience.

Pour la FNSEA, qui a été force de proposition auprès du Gouvernement et des Parlementaires, un tel outil doit répondre à l’urgence sociale mais il doit aussi être l’occasion de reconnecter la production agricole et les citoyens. Il est essentiel d’envisager un dispositif ambitieux et pérenne en termes budgétaires, venant compléter les mesures d’aide alimentaire existantes afin de toucher davantage de personnes en situation de précarité. Enfin un tel dispositif doit être un levier pour favoriser l’accès des plus démunis à des produits locaux et durables.

 

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