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Par Carenews PRO - Publié le 26 mai 2014 - 11:40 - Mise à jour le 11 février 2015 - 13:33
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[EDITO] : le mécénat et la crainte de la privatisation

Après des siècles de monopole de l’Etat, le mécénat permet aux entreprises de s’investir dans des causes d’intérêt général : ce changement, en quelques décennies, perturbe. Rappelons que le mécénat est le soutien - financier, en nature ou de compétences - apporté par des entreprises à des associations œuvrant pour l’intérêt général. Les mécènes ne bénéficient pas de contreparties directes (comme c’est le cas du sponsoring) mais d’un avantage fiscal unique en son genre et de contreparties indirectes comme de l'image.

[EDITO] : le mécénat et la crainte de la privatisation
[EDITO] : le mécénat et la crainte de la privatisation

L’émission «On n’arrête pas l’éco » sur France Inter s’interrogeait samedi 24 mai sur le mécénat des entreprises en tant de crise.

Après un rapide panorama des chiffres et des tendances, quelques témoignages de Fondations d’entreprises et d’associations, venaient les questions- et remises en question - liées à l’engagement de plus en plus important des entreprises dans le mécénat et au désengagement de l’Etat.

Ce fameux désengagement de l’Etat qui sonne comme un reproche : on aurait abandonné l’intérêt général, laissé tomber des milliers d’associations qui œuvrent pour le bien commun. L’Etat autrefois respecté, auréolé d’un pouvoir et d’une action sacralisés dans la République providentielle, est aujourd’hui décrit comme inefficace et profondément injuste. Ce qui, ajouté à la crise de confiance générale envers le politique, sonne comme une condamnation sans appel.

Or s’il est vrai que les subventions publiques baissent, on peut avancer d’autres explications que la simple économie sur le dos des bonnes œuvres. De nouvelles associations spécialisées se créent, des projets innovants répondant à des problématiques spécifiques sont mis en route, et attirent à eux certains financements. La crise, la mondialisation, Internet, un certain nombre de paramètres modifient le type et le nombre de bénéficiaires concernés. Or Le budget de l’Etat n’est pas extensible, ne peut pas tout financer et surtout les services de l’Etat ne sont pas compétents pour tout. Les associations sont en mesure de mettre en place des services que l’Etat ne saurait pas gérer. Se pose bien sûr la question du choix des financements à sauvegarder, des causes les plus importants … difficile d’y répondre sans parler d’efficacité, sujet là aussi encore complexe à porter dans ce secteur.

Mais revenons au mécénat : si les financements publics baissent et si l’offre associative est forte, innovante et efficace, il faut trouver d’autres financements. C’est ainsi que l’entreprise, particulièrement depuis les années 80, investit dans le champ de l’intérêt général, pour des raisons diverses et plus ou moins avouables selon que l’on voie ou non le mécénat comme une bonne chose : avantages fiscaux, gain d’image, réputation, motivation des collaborateurs, innovation … Ce qu’il faut retenir c’est que l’entreprise dépense de l’argent, et finance des projets.

Soit. Mais quels projets ? Nous rebouclons ici avec la question posée dans le reportage de Catherine Boulay sur France Inter : doit-on craindre une main mise des entreprises privées sur l’intérêt général ? Assiste-t-on à une privatisation de la culture et du patrimoine ? Doit-on réserver certains domaines au mécénat d’entreprise ? En d’autres termes n’est-il pas dangereux de laisser les entreprises sélectionner les projets qui leur plaisent (les plus visibles ou les plus flatteurs par exemple), au détriment de causes moins sexy ?

Faut-il obliger les très grandes entreprises à mécéner un quota de petites associations ou de causes difficiles ? Cela paraît compliqué à mettre en place et aller contre l’esprit de partenariat.

La réponse ne serait-elle pas plutôt dans le développement des PME, dans la croissance globale du mécénat d’entreprise ? Il y a encore quelques années réservé aux très grandes entreprises, le mécénat concerne aujourd’hui de plus en plus de TPE et de PME, et se fait de manière très variée (mécénat de compétences, mécénat en nature, mécénat technique). Ces dernières abordent le sujet de manière à la fois plus professionnelle (elles veulent savoir qui, comment, pourquoi, et demandent des comptes) et plus humaine, grâce à leur taille et leur ancrage local.

Le mécénat des PME devrait ainsi permettre de diversifier le financement de beaucoup de petites et moyennes associations, notamment localement, et, on peut l’espérer, de rendre le mécénat plus démocratique.

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