Les enjeux éthiques dans le fundraising plus importants que jamais !

Un contexte appelant à la vigilance

Partout, dans les médias, sur les réseaux sociaux, l’image des associations peut facilement être mise à mal : certains critiquent parfois une « mauvaise utilisation » des fonds, ou remettent en question la morale des donateurs. Arthur Gautier, directeur de la Chaire Philanthropie et professeur associé à l’ESSEC, rappelle les conséquences néfastes de la crise économique actuelle sur les associations et leur manque actuel de moyens.

Certaines critiques postés sur les réseaux sociaux alimentent la confusion générale entre les organisations privées, parfois qualifiées « à impact » et les associations d’intérêt général, dont les actions sont juridiquement encadrées pour éviter les dérives. Dans ce contexte, il est important de s’interroger sur l’éthique des pratiques du fundraising dès maintenant.

L’éthique appliquée au fundraising

Mais au fait, l’éthique c’est quoi ? Trois notions pour mieux comprendre de quoi on parle :

• La morale, qui représente un ensemble de règles de conduite, considérées comme bonnes de façon absolue ou découlant d'une certaine conception de la vie.
• L’éthique, qui est la partie de la philosophie qui envisage les fondements de la morale.
• La déontologie, qui correspond à l’ensemble des règles et des devoirs qui régissent une profession.

Le fundraiser doit donc se poser la question suivante : mon action est-elle éthique ? Des pistes de réflexion nous sont proposées du côté de la philosophie. L’éthique déontologique considèrera une action bonne si elle repose sur des impératifs moraux. L’éthique conséquentialiste, en revanche, considèrera une action comme bonne seulement si ses conséquences le sont. Il n’existe donc pas d’unique bonne réponse à cette question…

Pour y voir plus clair, Vincent Créhalet , directeur de la collecte grand public d’Action Contre la Faim et administrateur de l’AFF, a partagé les questionnements de la structure ACF pour garantir la stabilité de son image tout en cherchant à récolter suffisamment de fonds : « Si le choix des visuels est très encadré, la question du slogan se pose : est-on prêt à faire culpabiliser le donateur pour recevoir des dons ? La plupart des collectes se font lorsque l’on suscite l’émotion, mais un choix maladroit peut avoir des conséquences pour les équipes œuvrant sur place. L’équipe d’ACF a donc mis en place des lignes directrices de marketing direct comme le choix d’images respectueuses des personnes, qui représentent fidèlement chaque situation sans déformer la réalité. »

Du côté de la Fondation de France, la responsable du Centre de Philanthropie Sabine de Soyres  a mentionné les règles et défis concernant les relations à mener avec les donateurs : « La Fondation de France n’accepte pas de dons de la part des producteurs d’alcool, de tabac, de l’industrie pornographique, de l’armement ou encore des paradis fiscaux. Lorsque des mécènes particuliers ou des entreprises veulent créer des fondations abritées ou proposer de grosses sommes pour l’intérêt général, nous nous questionnons parfois sur la contrepartie attendue ou les réelles motivations du donateur. Si la Fondation de France met un point d’honneur à la vérification d’identité des donateurs, les dons anonymes ou en cryptomonnaie rendent parfois complexes ces vérifications. »

Que faire à sa propre échelle ?

• Vérifier la légalité d’une action avant tout ! Si les principes moraux dépendent de chacun, ce n’est pas le cas de la loi.
• Lire les chartes, qui codifient les grands principes éthiques et déontologiques de façon formelle.
• Ne pas hésiter à solliciter les comités et organes de gouvernance, comme le rappelle Vincent Créhalet.
• Vous n’êtes pas tout seul ! Tournez-vous vers vos collègues, votre communauté sera à l’écoute car concernée par les mêmes problématiques.
• Enfin, comme le rappelle Sabine de Soyres, nous avons tous notre propre rapport à la moral, il est important de le respecter et de l’écouter.

En tant que réseau des professionnels du fundraising, l’Association Française des Fundraisers fait de l’éthique une priorité depuis 1986 avec la création du code du fundraiser. Aujourd’hui, l’AFF s’engage chaque jour à respecter son code déontologique, signé par chaque adhérent de l’Association. Parce que les professionnels ont un rôle d’auto-régulation et peuvent, ensemble, préserver l’éthique et la confiance des donateurs.

Retrouvez le code de déontologie de l’AFF à l’adresse suivante : Le code de déontologie - AFF - Fundraisers.fr  

À bientôt !