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Par Carenews INFO - Publié le 6 mars 2024 - 10:00 - Mise à jour le 17 mars 2024 - 14:47
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Les associations derrière la lutte pour légaliser l’IVG en France

Lundi 4 mars, l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès ont voté, par 780 voix pour et 72 contre, en faveur de l’inscription dans la Constitution de la liberté d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG). Près de 50 ans après la légalisation de l’IVG, la décision inédite s’inscrit comme le fruit d’une longue histoire du militantisme féministe en France.

 

Dans années 70, plusieurs associations féministes ont milité pour la légalisation de l'avortement. Crédits : iStock
Dans années 70, plusieurs associations féministes ont milité pour la légalisation de l'avortement. Crédits : iStock

 

C’était il y a 49 ans. La loi du 17 janvier 1975, dite loi Veil, du nom de la ministre de la Santé qui l’a portée, Simone Veil, dépénalisait pour la première fois l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Ce 4 mars, une étape a été franchie avec le vote par le Parlement de l'inscription de l’IVG dans la Constitution française. Derrière ces évolutions, se trouve le combat de plusieurs associations féministes pour la légalisation de la contraception puis de l’avortement en France. 

Ainsi, le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (LMAC) a été très actif dans les années 1970 et a joué un rôle important dans l’adoption de la loi Veil. Il regroupait des militants du Planning familial, du Mouvement de libération des femmes (MLF) et du Groupe information santé. Ayant pour but la légalisation de l’IVG, la liberté de la contraception et la diffusion d’une information sexuelle, l’association est née en 1973, suite au manifeste des 331 médecins. 

 

Des manifestes pour légaliser l’IVG

Ce manifeste, surnommé « le manifeste des 331 » était une pétition publiée le 3 février 1973 dans le journal Le Nouvel Observateur et signé par 331 médecins qui revendiquaient avoir pratiqué des avortements malgré l’interdiction de la loi française. Il faisait écho au « manifeste des 343 », une autre pétition rédigée deux ans plus tôt par Simone de Beauvoir et publiée le 5 avril 1971 dans le même journal. 

Dans ce texte emblématique dans la lutte pour la légalisation de l’IVG en France, plus de 343 femmes témoignaient avoir eu recours à l’avortement, s’exposant ainsi à des poursuites pénales, et réclamaient la liberté de son accès. La pétition s’opposait à la proposition de loi déposée en juillet 1970 par le député Claude Peyret visant à élargir l’avortement thérapeutique, également appellée interruption médicale de grossesse, aux cas de viol et n’établissant donc pas de liberté d’avorter.

Lors de la préparation de la pétition, Simone Iff, militante féministe alors vice-présidente de l’association du Mouvement français pour le planning familial (MFPF), se mobilise fortement pour recueillir un maximum de signatures. En 1972, elle témoigne également lors du « procès de Bobigny » . 

 

Un procès politique contre la loi de 1920

Tenu en octobre et novembre 1972, le « procès de Bobigny » était celui de Marie-Claire Chevalier, mineure de 16 ans ayant eu recours à l’avortement après un viol, et de quatre femmes, dont sa mère, lui ayant permis d’y avoir accès clandestinement. Marie-Claire Chevalier est alors défendue par l’avocate Gisèle Halimi, militante féministe engagée pour la libéralisation de l’avortement et la criminalisation du viol, et signataire du « manifeste des 343 ». 

Fondatrice de l’association Choisir la cause des femmes avec Simone de Beauvoir, l’avocate entreprend de mener un procès politique de l’avortement. Comme moyen de défense, elle invoque l’injustice de la loi de 1920 qui prévoyait en plus de l’interdiction de l’avortement, l’ interdiction de l’incitation à l’avortement et de la « propagande anti-conceptuelle ». Au cours du procès, Gisèle Halimi obtient la relaxe de Marie-Claire Chevalier ainsi que de deux autres femmes, et en fait une tribune politique pour appeler à la modification de la loi. À son issue, le mouvement Choisir la cause des femmes publie un livre chez Gallimard intitulé Avortement. Une loi en procès. L’affaire de Bobigny, préfacé par Simone de Beauvoir.

L’impact du « procès de Bobigny », largement relayé malgré l’interdiction formelle dans les médias et ayant suscité des débats dans toute la France, ainsi que celui des manifestes et des mobilisations féministes, conduisent à l’adoption le 17 janvier 1975 de la loi Veil.

 

Un sujet toujours porté par les associations aujourd’hui

Aujourd’hui, près de 50 ans plus tard, les sujets de l’interruption volontaire de grossesse et d’accès à la contraception sont toujours portés par des associations et des fédérations d’associations. Parmi elles, le Mouvement français pour le planning familial (MFPF), la Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF), ou encore la Fondation des Femmes. 

Créée en mars 2016 sous l’égide de la Fondation de France, la Fondation des Femmes collecte des fonds pour financer des associations agissant pour le droit des femmes et la lutte contre les violences faites aux femmes. Reprenant la tradition des manifestes féministes, la fondation a lancé le 9 février dernier une pétition, signée par plus de 100 000 personnes et une centaine de célébrités, pour appeler le Sénat à adopter la révision constitutionnelle.

« Le planning familial subit régulièrement des attaques contre ses locaux. L’IVG est menacé en France. On a besoin de cette protection supplémentaire », affirmait à BFMTV, le jour du vote, sa porte-parole Floriane Volte.

 

 

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