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Par Carenews INFO - Publié le 26 septembre 2023 - 12:41 - Mise à jour le 27 septembre 2023 - 08:51
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Planification écologique : Sarah El Haïry présente les contours de la stratégie biodiversité et son impact sur les entreprises

Dans un entretien à Carenews, la secrétaire d’État à la biodiversité présente les contours de la stratégie biodiversité prévue pour le mois d’octobre et annoncée lundi 25 septembre par Emmanuel Macron dans le cadre de la planification écologique. Elle revient également sur le rôle des entreprises pour préserver la nature. Interview.

Pour Sarah El Haïry, la mobilisation des entreprises est indispensable à la réussite de la stratégie biodiversité. Crédit : Tous droits réservés
Pour Sarah El Haïry, la mobilisation des entreprises est indispensable à la réussite de la stratégie biodiversité. Crédit : Tous droits réservés

 

  • La réduction des déchets et la diminution des émissions de gaz à effet de serre sont souvent les deux initiatives privilégiées par les entreprises pour réduire leur impact environnemental. Comment pourraient-elles mieux prendre en compte la biodiversité dans leurs engagements ? 

 

Vous avez raison, le climat et la biodiversité sont les deux faces d’une même pièce, mais aujourd’hui la biodiversité est encore trop méconnue, c’est l’angle mort de l’engagement pour un certain nombre d’entreprises. C’est pour cela que nous avons construit une stratégie nationale de la biodiversité particulièrement ambitieuse.

Mais avant de la déployer, il faut que chaque entreprise prenne conscience que la biodiversité est un pilier à part entière de la transition environnementale. Et il y a des risques systémiques à ne pas la prendre en considération. D’abord parce que nous vivons un effondrement du vivant, on est en train de le voir et de le vivre. Près d’un million d’espèces sont en danger, il y a également une raréfaction des ressources, comme l’eau par exemple. 

Ce que l’on sait moins, c’est que la moitié du PIB mondial dépend de la nature, selon le Forum économique mondial. Par ailleurs, 75% des prêts bancaires européens sont dépendants d’un service écosystémique, c'est-à-dire, un service écologique fourni par un écosystème naturel. Les entreprises, peu importe leur taille, ont donc un intérêt vital à intégrer la nature dans leur stratégie à long terme. Le statu quo est un risque qu’on ne peut pas se permettre aujourd’hui. Même si ce défi est immense, la mobilisation des entreprises est à mes yeux totalement indispensable. 

 

  • Comment cette stratégie biodiversité va-t-elle se déployer et quel impact cela aura sur les entreprises ?

 

La stratégie qui sera annoncée en octobre sera basée sur quatre grand axes : 

  • Il faut d’abord réduire les pressions qui s’exercent sur la biodiversité pour stopper l’effondrement du vivant. On va protéger de manière très forte 10% du territoire national, en divisant par deux l’artificialisation des sols, en réduisant de 50 % l'utilisation des pesticides d’ici 2030. On va également baisser l’impact de la pollution lumineuse. 
  • Il faut ensuite restaurer cette biodiversité, et là on a besoin de tout le monde (...), notamment de la mobilisation des entreprises. Cela peut faire partie de leurs actions de mécénat environnemental et plus spécifiquement de mécénat lié à la biodiversité. Il faut planter un milliard d’arbres en France d’ici 2030. Toutes les décharges littorales à risque de submersion (...) vont être nettoyées. On doit planter 50 000 kilomètres de haies en moins d’une décennie ou encore restaurer les zones humides parce qu’elles protègent de la sécheresse et des inondations. 
  • Il faut organiser une mobilisation collective autour de la question de la nature. En ce qui concerne les entreprises, il faut qu’elles prennent en compte leur dépendance et leur impact sur la biodiversité. Qu’elles aient connaissance des diagnostics existants. Il faut aussi renforcer la transparence sur les investissements financiers. Il faut former les comités exécutifs, les cadres mais aussi les fonctionnaires. Nous avons également comme volonté d’éduquer nos plus jeunes citoyens avec notamment la mise en place de 17 000 aires éducatives supplémentaires. 
  • Pour réussir, il faut avoir les moyens nécessaires parce qu’on parle du défi du siècle. Le budget général va être présenté à l’Assemblée nationale et au Sénat d’ici quelques jours. Plus d’un milliard d’euros sera consacré en l’espace d’un an au budget de la protection de l’eau et de la biodiversité. Un pilotage interministériel sera mis en place avec le Secrétariat général à la planification écologique d’Antoine Pellion. Il faut également investir dans la science puisque le plus angoissant, c’est la remise en question, encore aujourd’hui, des rapports des scientifiques. 

 

  • Quels outils et quelles aides seront mis en place pour aider les entreprises dans cette transition ? 

 

La directive européenne CSRD a été publiée il y a plus d’un an maintenant, en 2022. Notre objectif, c’est d’aboutir à une ordonnance de transposition d’ici la fin 2023. Donc elle sera en vigueur dès l’exercice 2024, pour les entreprises de plus de 500 salariés et en 2025 pour celles qui ont entre 250 et 500 salariés. Ce que nous souhaitons c’est normaliser la transparence extra-financière des entreprises y compris en matière de biodiversité. Et pour cela, bien sûr qu’il faut un soutien et un accompagnement en technicité, d’où les travaux que nous menons avec la BPI et l’Ademe. Nous sommes en train de développer des outils qui seront accessibles dans quelques semaines aux petites et moyennes entreprises mais aussi aux très grandes.  

Pour les très grandes entreprises dans un premier temps, je souhaite qu’elles se saisissent vraiment des recommandations faites par la TNFD, qui a été impulsée par la France lors du G7 de 2019. C’est vraiment le quart d’heure d’avance que peuvent prendre les entreprises françaises en particulier sur la question de la transparence de l’impact et de l’investissement financier sur la biodiversité. (...) C’est pour cela que dans les semaines qui arrivent, je mènerai une initiative assez importante sur cette question, pour que l’on soit les leaders de la mise en place de ces recommandations en France et en Europe.

D’autres recommandations seront faites prochainement, notamment par la Banque de France. Les solutions pour résoudre la crise climatique doivent passer par la préservation de la nature et de la biodiversité. 

Note de la rédaction : Le groupe de travail international TNFD regroupe 40 membres de grandes entreprises et travaille depuis plus de deux ans sur le reporting financier lié à la nature. Il propose de fournir un cadre aux institutions financières et aux entreprises pour identifier et rendre compte de l'ensemble des risques liés notamment à la biodiversité. Le 14 septembre la taskforce a dévoilé 14 recommandations concrètes dans le cadre de la semaine du climat qui se déroulait à New-York. 

 

Leticia Farine 

 

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