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Par Carenews INFO - Publié le 15 juillet 2024 - 16:26 - Mise à jour le 15 juillet 2024 - 16:26
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TRIBUNE - Inclusion via le sport : un pour tous, tous pour un !

Le sport est un élément essentiel de la santé physique, du bien-être psychologique et de l'inclusion de tous, et notamment des publics les plus précaires, estime Aurélie El Hassak-Marzorati, directrice générale du Centre d'action sociale protestant (CASP) dans cette tribune. Elle plaide donc pour des mesures qui garantissent l'accès de tous à la pratique sportive.

A l'approche des Jeux olympiques et paralympiques, des mesures devraient être prises pour garantir aux plus précaires un accès à la pratique sportive, selon Aurélie El Hassak-Marzorati, directrice générale du CASP. Crédit : Mary-Lou Mauricio
A l'approche des Jeux olympiques et paralympiques, des mesures devraient être prises pour garantir aux plus précaires un accès à la pratique sportive, selon Aurélie El Hassak-Marzorati, directrice générale du CASP. Crédit : Mary-Lou Mauricio

 

 

Qui de nous toutes et tous a le plus besoin d’apprendre ou de réapprendre à prendre soin de son corps et ainsi de son esprit ? Comment garantir aux personnes en difficulté une pratique sportive régulière, en adéquation avec leurs envies et leurs besoins ?

Chez les philosophes de l’Antiquité déjà, l’âme et le corps ne formaient qu’une seule et même entité. Au siècle des Lumières encore, s’imposait l’idée que l’esprit était solidement attaché au physique. Si le souci du corps et du muscle transcende aujourd’hui les catégories sociales, les âges comme les genres, l’accès au sport n’est toujours pas égalitaire.

 

Un élément essentiel pour l'accompagnement social des personnes en difficulté

 

Il est pourtant déterminant pour l’accompagnement social, la santé physique et le bien-être psychologique de ceux qui en sont les plus éloignés.

Michel vit dans un centre d’hébergement et de stabilisation. Toutes les semaines, après quinze ans de trébuchement de cartons en cartons jonchés à même le sol, il retrouve l’équilibre pour faire des becs à la pétanque.

Quand, dans son nouveau lieu d’habitation, la boxe est inscrite au programme, Fatima, jeune femme marquée par les inqualifiables violences de son ami, apprend à contrer l’attaque et tente de soigner les bleus de sa vie.

Joska est un mineur non accompagné, qui s’agite sans cesse. Il ne supporte pas les contraintes. Il virevolte et ne parvient pas à fixer son attention à l’école et pour faire ses devoirs. Seul le mercredi, sur le terrain de football avec l’animateur de son centre, il parvient à se concentrer sans sourciller. Sa préoccupation : bien cadrer et tirer pour gagner.

Fatou, comme de nombreux jeunes aujourd’hui, est attachée au développement de son fessier et de son bas du corps ; sans ressources, elle ambitionne secrètement de se payer, un jour, un abonnement à la salle.

Younes, lui, veut réunir tous ses efforts sur ses pectoraux et ses biceps, convaincu que ses muscles lui offriront son salut après de longs mois en prison.

Pour Michel, Fatima, Joska, Fatou, Younes, et tous les autres pour qui la priorité est de survivre, de s’en sortir, la pratique sportive constitue un refuge, difficile à atteindre.

 

Pour Michel, Fatima, Joska, Fatou, Younes, et tous les autres pour qui la priorité est de survivre, de s’en sortir, la pratique sportive constitue un refuge, difficile à atteindre.

 

Garantir aux plus précaires un droit à la pratique du sport 

 

S’il existe une riche communauté de professionnels du sport soucieux d’autrui et un riche panel de pratiques corporelles pour affronter les conflits, surmonter les peurs, prendre du plaisir et aller mieux tout simplement, les personnes en situation de précarité ne s’autorisent souvent pas à franchir la porte du gymnase.

Pourtant, ce sont bien elles les premières victimes de douleurs chroniques, de troubles psychomoteurs, de blocages émotionnels et de stress. Ce sont bien elles dont l’esprit en souffrance a laissé des traces tangibles sur le corps, elles pour qui panser le corps, en faisant du sport servirait à soigner les maux de l’existence.

Face à ce constat, alors que les mérites du sport sont mis à l’honneur à l’approche des Jeux olympiques et paralympiques, des engagements pour la solidarité et l’égalité pourraient être pris, à savoir :

 

  • Garantir aux plus précaires leur droit à la pratique sportive et veiller à son recours ;
  • Rendre accessible l’offre sportive aux personnes souffrant de la fracture numérique et sociale ;
  • Former les travailleurs sociaux qui, par défaut de temps et d’information sur le sujet, concentrent leurs efforts sur le soutien administratif et placent souvent le sport comme une réponse d’accompagnement d’ordre secondaire ;
  • Faire de la pratique sportive un item fondamental du projet d’accompagnement individualisé ;
  • Soutenir les clubs et structures associatives qui font de l’accès au sport pour tous leur priorité ;
  • Développer des tiers lieux accessibles à tous où cohabitent sport et lien social. 

 

Le mouvement olympique transmettrait ainsi son plus bel héritage, celui d’un monde meilleur.

 

Par Aurélie El Hassak-Marzorati,

directrice générale du Centre d'action sociale protestant (CASP) 

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