Une exposition à Paris sur la fin de l’artificialisation des sols
La Maison de l’architecture, à Paris, accueille à partir du 30 septembre l’exposition « Cap sur le ZAN ! ». Carenews a pu s’y rendre en avant-première. Reportage.
Le macadam parisien boit les trombes de pluie qui tombent sans discontinuer ce mercredi 25 septembre. Au cœur du 10e arrondissement, non loin de la gare de l’Est, les gens pressés courent et les gens qui ont le temps trouvent le chemin de la Maison de l’architecture afin d’y déguster un café. Pour mériter le précieux sésame, il faut passer par une sorte de tunnel semblable à ceux des monastères. Mais en place et lieu des prières, il y a des panneaux, dont un écriteau qui annonce la couleur : « Cap sur le zéro artificialisation nette ! (ZAN) ».
L'exposition, soutenue par le ministère de la Transition écologique, entend informer le public sur les dangers de l’artificialisation des sols et sur la réforme du « Zéro artificialisation nette », visant à supprimer l'artificialisation des sols d’ici à 2050. Pour rappel, celle-ci consiste à construire sur un sol à caractère agricole, naturel ou forestier, ce qui a pour répercussion de rendre la surface imperméable. Les conséquences sont à la fois écologiques (érosion de la biodiversité, aggravation du risque de ruissellement, limitation du stockage carbone) et socioéconomiques (coûts des équipements publics, diminution du potentiel de production agricole, etc.).
L’exposition, à visée pédagogique, présente des photos, des vidéos et des maquettes se dispersant sur deux niveaux.
l'équivalent de cinq terrains de football artificialisés par heure en france
Ce sont avant tout des pancartes aux couleurs variées qui jalonnent l’exposition, présentée par son commissaire, Patrick Henry, architecte et urbaniste de conception architecturale et urbaine à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville. C’est sur un retour historique que débute l’exposition. Villes d’hier et d’aujourd’hui sont passées en revue. Elles s’uniformisent dans le courant des années 1960, avec les zones à urbaniser en priorité (ZUP) et les pavillons qui deviennent un modèle à part entière. En parcourant leurs diverses évolutions, on découvre comment les villes se sont étendues au-delà de leurs limites et à quel moment ce phénomène d’artificialisation des sols se répand.
On constate les limites de ce mode d’urbanisme. L’état des centres-villes est donné en exemple : îlots de chaleur, inondations, autant de défis mis en lumière, dont devront s’emparer les politiques publiques dans les années à venir. « Chaque année en France 24 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été artificialisés en moyenne lors de la dernière décennie, soit l’équivalent de cinq terrains de football par heure », peut-on lire.
Des exemples concrets de solutions alternatives
« À travers la fiction, quels imaginaires pour la ville de demain ? », est l’interrogation qui rythme la partie consacrée au prisme culturel. Envisager le futur de l’urbanisation des villes avec des références de livres ou de bandes dessinées : c’est la stimulation de l’imaginaire qui prime ici. On trouve aussi parmi les références le projet « Broadacre City » de l’architecte Franck Lloyd Wright datant de la fin des années 1930.
Viennent ensuite des exemples concrets d’alternatives à l’artificialisation des sols. Cela passe par différents leviers : réparation par la rénovation d’édifices vétustes, restauration en donnant une nouvelle vie à des lieux abandonnés, mais aussi la réintégration d’éléments naturels dans les villes et les villages. Plusieurs exemples concrets de nouveaux modèles d’urbanisme sont également mis en avant comme la réhabilitation de lieux pour accueillir des personnes âgés ou encore la végétalisation des rues.
La commissaire de l’exposition, Patrick Henry, évoque la nécessité de mettre en réseau ces bonnes pratiques afin de constituer de nouvelles politiques publiques autour des questions d’aménagement et d’urbanisme.
L’exposition, qui se tient à la Maison de l’architecture jusqu’au 12 octobre, a vocation à se déplacer dans d’autres structures en France.
Léanna Voegeli