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Par Entourage - Publié le 11 janvier 2018 - 16:28 - Mise à jour le 11 janvier 2018 - 16:28
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Thibault : « J’espère que mon histoire vous invitera à agir à votre tour »

Tout le monde a des histoires à raconter. Certaines en valent plus la peine que d’autres. J’espère que la mienne vous intriguera, attisera votre curiosité jusqu’à, pourquoi pas, vous inciter à agir à votre tour. Je vais vous relater comment j’ai découvert Entourage, et les moments remarquables que j’ai vécus avec (et grâce à) cette association.

Thibault : « J’espère que mon histoire vous invitera à agir à votre tour »
Thibault : « J’espère que mon histoire vous invitera à agir à votre tour »

Petit déjà…

J’ai 22 ans, je suis étudiant. D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais vraiment compris le fait que des gens mendient et vivent dans la rue : les enfants ont souvent un regard émerveillé sur le monde. Quand ce regard est confronté à la réalité, il fait office de retour sur terre brutal, que les parents se plaisent à appeler « apprentissage de la vie ».

Ainsi, petit déjà, je restais coi en voyant des passants s’arrêter pour donner une pièce à ces « habitants de la rue », et encore plus interloqué s’ils passaient sans leur jeter un seul regard. Il m’arrivait d’interroger mes parents, le fait que la société ne parvienne pas à prendre en charge chacun de ses membres étant peu compréhensible pour le futur ingénieur que j’étais.

On les regarde sans les voir… ou on les ignore carrément

Depuis, j’ai grandi. Pourtant, encore aujourd’hui, on les croise, on les regarde sans les voir, on les salue timidement ou on les ignore carrément. On détourne souvent le regard, gêné ou indifférent. On s’est habitué à cette réalité déplaisante, à ce constat désabusé : « Que voulez-vous y faire ? »… J’avoue que je ne compte moi-même plus le nombre de fois où je suis passé à côté d’un mendiant sans lui prêter attention. Cela devient un réflexe « normal ».

Je me suis décidé à aller à leur rencontre

Cependant, quelque chose a changé progressivement en moi depuis que je suis arrivé à Paris en août. L’enfant curieux a resurgi, le sentiment de refus de la précarité d’autrui s’est montré plus pressant. Alors, que faire ? Peu à peu, je me suis décidé à aller à leur rencontre, à les considérer comme on considère un voisin sur le palier, à les saluer et leur parler de choses anodines.

Jean-Marie est l’une des premières personnes que j’ai rencontrée dans la rue, au croisement de la rue Saint-Honoré et de la rue du 29 Juillet. Cela faisait un moment que je l’avais remarqué : toujours poli malgré certaines remarques déplacées, il demandait une pièce pour « la fashion-week des clodos » ou « la fête nationale des clodos ». J’ai appris plus tard qu’il avait un studio et faisait la manche pour pouvoir payer son loyer. Il a depuis trouvé un travail de plongeur dans la restauration.

 

On se saluait chaque midi. Un jour, à la mi-septembre je me suis décidé à dépasser ma timidité et ma gêne pour lui poser quelques questions. Nous avons discuté le plus naturellement du monde, Monsieur est écrivain ! Je lui promis d’acheter son livre sur sa vie dans la rue : dès la semaine suivante, nous en avons longuement discuté, et nous sommes devenus peu à peu copains. Chaque jour, nous échangions quelques banalités et il me donnait de la monnaie pour lui acheter un cheeseburger (sans cornichons !). Il semblait heureux de me voir, je l’étais sincèrement.

C’est lui qui m’a présenté Entourage. Le 11 octobre à midi, alors que nous discutions de tout et de rien, Jean-Marie m’a demandé de manière anodine : « Tu fais quelque chose ce soir ? ». Avec un sourire, il m’a déclaré qu’une association pouvant m’intéresser se réunissait le soir même… Il m’a ainsi expliqué les principes et l’application Entourage, et donné rendez-vous pour l’apéro. Le hasard a bien fait les choses : le soir même, je me suis retrouvé dans un café associatif avec l’équipe de cette formidable initiative, bénévoles permanents ou membres du « Comité de la rue ».

J’ai été frappé par leur absence de rancœur envers la société qui a parfois pu les mettre sur le côté.

J’ai ainsi rencontré des personnes touchantes. Je peux dire sobrement que cette soirée m’a bouleversé. En discutant avec plusieurs sans-abris (actuels ou anciens), j’ai été frappé par leur gentillesse, leur absence de rancœur envers la société qui a parfois pu les mettre sur le côté. Inutile pour moi de vous décrire la teneur de nos discussions. Ce qu’il faut le plus retenir, ce n’est au fond pas que Mickaël détienne un trousseau de clefs pour ouvrir toutes les bouches de métro ou que Gilbert ait développé d’incroyables talents de cuisinier. L’essentiel que j’en garde est un souvenir de chaleur humaine, qui fait un bien fou.

J’ai également eu la confirmation que le plus dur n’est souvent pas le froid ou la faim, mais la solitude. Et tout le monde peut remédier à cela. Chacun, à son échelle, peut apporter du réconfort, un mot sympa au type qui vit en bas de chez lui. Assimiler définitivement cela a été une étape importante pour moi, et c’est ce qui s’offre aux personnes discutant avec des membres du Comité de la rue. Le plus dur est de franchir le pas, mais une fois que votre doigt est pris dans l’engrenage, il n’y a rien à regretter. Vous en tirerez une grande leçon d’humanité et de vivre-ensemble.

Quoiqu’il en soit, difficile de rester indifférent au contact d’Entourage : voilà une association qui permet d’en apprendre beaucoup sur nous-même, et de rencontrer des personnes extraordinaires !

Pour aller plus loin : www.entourage.social

Pour poser une question : contact@entourage.social

Pour se sensibiliser : http://www.simplecommebonjour.org

Pour télécharger l'appli : bit.ly/applientourage

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