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Par Carenews INFO - Publié le 18 mai 2015 - 15:34 - Mise à jour le 28 mai 2015 - 11:59
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Face à face houleux au sujet du mécénat participatif lancé par l’Odéon.

Le Théâtre National de l’Odéon a lancé une campagne de crowdfunding en avril dernier dans le but de financer la participation d’une nouvelle classe au programme Génération(s) Odéon à la rentrée 2015. La campagne tenue entre le 9 et le 19 Avril a permis de récolter suffisamment de fonds pour financer la première année de cette classe mais a également déclenché une forte polémique.

Face à face houleux au sujet du mécénat participatif lancé par l’Odéon.
Face à face houleux au sujet du mécénat participatif lancé par l’Odéon.

Un groupe d’artistes, comédiens, auteurs, metteurs en scènes, directeurs de théâtres et de compagnies ont rédigé une lettre adressée au directeur de l’Odéon, Luc Bondy, réclamant l’abandon de cette campagne. À cette lettre, Luc Bondy a tenu à répondre publiquement pour justifier le choix du théâtre de faire appel aux dons.

Deux visions s’opposent. D’un côté, le collectif d’artistes critique le recours au mécénat privé par le Théâtre de l’Odéon qui, selon eux, n’a pas besoin de faire appel aux dons pour remplir ses « obligations » au vu du budget annuel qui lui est alloué par l’Etat. Il leur apparaît évident que le théâtre saura économiser la somme nécessaire à son projet. De l’autre, Luc Bondy proteste face à cette critique en précisant le fait qu’il ne cherche nullement à faire financer les « obligations » du théâtre qui sont, en effet, totalement prises en charge par les subventions publiques. Son but est de permettre le développement, l’élargissement des programmes permis par les subventions publiques. Les « obligations » en matière d’éducation artistique sont remplies, il souhaite seulement pouvoir en faire plus et appelle, pour cela, à la participation de mécènes privés. Il explique qu’une économie sur le budget est de l’ordre de l’impossible car il est déjà totalement employé pour le maintien du fonctionnement du théâtre (entretien, salaires) et les coûts artistiques liés aux productions. Le budget est certes conséquent mais nécessaire.

De cette opposition entre les deux parties, découle ensuite une critique du désengagement du financement public pour les arts de la scène. Pour les artistes, ce désengagement est effrayant d’autant plus que si les grandes scènes comme l’Odéon se retrouvent à devoir faire appel au mécénat participatif cela met en péril les petites compagnies pour lesquelles ce mode de financement est leur seul moyen de survie. En s’appropriant ce mode de financement issu du privé, les scènes publiques forceraient l’accentuation de la précarité des petites compagnies. Luc Bondy se montre parfaitement d’accord et partage l’avis des artistes quant à la baisse des subventions publiques mais il la regrette pour l’ensemble de la culture, sans se concentrer sur les arts de la scène. Il ajoute que la campagne menée par le théâtre n’est pas comparable à celles visant à financer les petites compagnies car l’appel aux dons concerne un projet éducatif et non artistique. Il rappelle également que le théâtre participe à l’activité des compagnies puisqu’ils travaillent ensemble.

Luc Bondy tient à rassurer ses correspondants en précisant bien le fait que le mécénat privé n’est pas recherché pour se substituer aux subventions de l’Etat mais pour les compléter. Il n’est pas utilisé pour permettre au théâtre de remplir ses fonctions fondamentales mais pour développer son action, ses projets et une augmentation des subventions ne sera pas synonyme d’une baisse du mécénat si cela venait à se produire.

On retrouve donc le traditionnel conflit auquel se prêtent les grandes institutions culturelles et les petites organisations indépendantes lorsqu’il s’agit de financement. Les grands comme le Théâtre de l’Odéon bénéficient de subventions qui font rêver les compagnies indépendantes et il est compréhensible qu’elles soient agacées de les voir tout de même faire des appels aux dons. Il faut que, de part et d’autre, chacun accepte que tous possèdent des obligations, des frais et que les mécènes ont le choix de soutenir la cause qu’ils désirent. C’est en tout cas le souhait que semble émettre Luc Bondy. Finalement, comme il le rappelle, « ne nous trompons pas dans nos combats » et leur combat est finalement le même : lutter pour le maintien des subventions publiques dans la culture et le soutien aux créations indépendantes. Mais si elles ne permettent pas le développement de certains projets, parfois complémentaires de ceux initialement prévus et pris en charge, les institutions publiques ne doivent pas être diabolisées pour avoir recours au mécénat participatif. Leur but est le même que celui de n’importe quelle compagnie : promouvoir la culture, les arts de la scène auprès du public le plus large possible.

[LIRE AUSSI] : L'entretien de Pauline Rouer, responsable du mécénat et du développement du Théâtre de l'Odéon. 

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