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Par Carenews PRO - Publié le 24 février 2016 - 09:30 - Mise à jour le 1 mars 2016 - 11:12
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[ENTRETIEN] Hugues Renson, délégué général de la Fondation Groupe EDF

Hugues Renson est depuis 2013 le délégué général de la Fondation EDF. La fondation d’entreprise, désormais fondation du Groupe EDF, a entamé un nouveau mandat. La fondation "a pour vocation de soutenir des initiatives qui contribuent à construire une société plus juste et plus humaine". Hugues Renson, ancien collaborateur du Président Chirac nous a longuement parlé de cette fondation de référence, de ses responsabilités et de l'évolution du secteur du mécénat. Parallèlement à l'explication du programme ambitieux de la fondation, il livre sa vision des défis actuels et des réponses à y apporter dans une société dans laquelle " il n’y a plus de frontières étanches entre le public et le privé, entre l’associatif et le public, entre l’entreprise et l’intérêt général".

[ENTRETIEN] Hugues Renson, délégué général de la Fondation Groupe EDF
[ENTRETIEN] Hugues Renson, délégué général de la Fondation Groupe EDF

Quel parcours vous a amené à devenir délégué général de la Fondation Groupe EDF ?  Mon parcours est assez atypique. Mais il a, depuis l'origine, une constante : il a toujours été lié à l’intérêt général. Ce n'est que depuis 2012, date de mon arrivée chez EDF, que je m'investis pleinement dans le domaine du mécénat ; ce qui est d'ailleurs une façon de prolonger mes engagements antérieurs. De 2003 à 2012, j’ai en effet été le collaborateur de Jacques Chirac. D’abord comme Conseiller technique pour les affaires sociales à la Présidence de la République ; puis à partir de 2007, dans sa vie post-élyséenne, en tant que conseiller pour les affaires intérieures. Le Président Chirac, pour lequel la question du développement à toujours été une priorité, a alors souhaité créer sa fondation axée sur le dialogue des cultures et la prévention des conflits. En 2012, j’ai rejoint EDF, d'abord au sein de la direction des relations institutionnelles. Puis l'entreprise m'a fait l'honneur, en mars 2013, de me confier la responsabilité de sa Fondation pour faire de la solidarité la priorité de son action. Pouvez-vous nous parler des mission de la fondation et de votre rôle au sein de celle-ci ?  Pour son nouveau mandat, la Fondation du Groupe EDF a deux domaines d’intervention prioritaires : la solidarité et le progrès. La solidarité, c'est en soi très large. Pour nous, il s'agit de promouvoir une société inclusive. Une France inclusive, c’est celle qui permet à chacun de trouver sa place, quels que soient son handicap, sa maladie, sa religion, ses convictions, son sexe... Chacun a quelque chose de positif à apporter. L’inclusion sociale, c'est bien sûr, la lutte contre l’exclusion et la précarité, l’éducation des jeunes, mais aussi les problématiques d’accessibilité à la culture comme les questions de handicap, de discrimination, de mixité. C’est un sujet auquel je suis très attaché. Cette vision, la Fondation la promeut depuis 2013. Il y a trois ans, parler d'inclusion suscitait pas mal d'interrogations. C'était un barbarisme, difficilement compréhensible. Aujourd’hui, les choses ont progressé : il n’y a pas une réflexion sociologique ou politique qui ne l'intègre. Pour la Fondation, travailler dans le domaine de la solidarité, c'est aussi encourager l’insertion professionnelle et mettre en place,à l'international, une intervention humanitaire. Notre programme d’intervention humanitaire consiste à prendre part au défi que représente le quart de l’humanité qui n’a pas accès àl’électricité. Pour ce faire, nous mobilisons les compétences techniques des salariés d'EDF mais aussi d'ERDF ou d'EDF Energies nouvelles pour apporter l’électricité. Plus que l’accèsà l’électricité, c’est surtout de l’accès aux biens essentiels dont il s'agit ; la santé en électrifiant un dispensaire, la sécurité quand on intervient dans les favelas ou dans les bidonvilles, l’éducation quand on installe un panneau photovoltaïque dans une école…  Notre deuxième grand domaine d'intervention est le progrès : le progrès scientifique et technologique bien sûr, mais en définitive le progrès humain. Il s’agit d’accompagner des jeunes pour qu’ils puissent acquérir les connaissances scientifiques les plus élémentaires, mais aussi de susciter des vocations, notamment chez les femmes. L’accès au savoir et à la connaissance scientifique pour tous, et sur tous les territoires, c'est une priorité. Il en va ainsi également de la recherche médicale. On le sait, pour faire face aux grands enjeux sanitaires, notamment ceux liés au vieillissement de la population ou à l'apparition ou développement de pathologie, la recherche à besoin de moyens. Enfin, et c’est pour nous une vraie nouveauté, nous souhaitons accompagner le progrès numérique. Il ne s'agit pas de distribuer des tablettes, ce n’est pas notre métier ; certains le font, et le font même très bien. En revanche, la Fondation travaillera pour éviter qu'apparaisse dans notre société une nouvelle fracture : la fracture numérique. Nous sommes dans une société de la dématérialisation : tout passe, ou presque, aujourd’hui par le digital et cela va encore s'amplifier ; le numérique doit être une chance, il ouvre de nouvelles perspectives formidables. Nous devons faire en sorte qu'il puisse également être un outil de cohésion sociale et nationale. Il n’y a jamais eu autant de mobilisation via les réseaux sociaux, de mises en relation de gens, de plateformes de financement participatif : le numérique est un vrai levier. La contrepartie c’est le risque de l’exclusion. Il faut donc être très attentifs à ce chacun puisse avoir accès non seulement aux outils, mais aussi à ce chacun puisse bénéficier d'un bagage numérique minimum. Solidarité et progrès sont donc les deux piliers de notre action. Mais ils doivent être abordés ensemble, en système, dans une approche transversale. Nous devons participer à relever les défis de notre société et favoriser l’innovation qu'elle soit sociale ou scientifique. Quel regard portez-vous sur le secteur du mécénat? Comment relever les défis que vous évoquez ?  Ce défi, c'est celui d’une fondation qui a pour spécificité sa longévité. Ma mission, c’est de réussir la transformation de la fondation. Cette fondation d’entreprise a des bases très solides, et c’est un acteur important et reconnu du mécénat en France depuis près de 30 ans. Mais elle doit évoluer pour s’adapter aux réalités de la société française d'aujourd’hui et aux défis d'EDF. Il s’agit aussi d'adapter la fondation aux évolutions du mécénat. Notre secteur s’est considérablement transformé en une dizaine d’années. Il s'est beaucoup professionnalisé. Mais au delà de cette adaptation, la fondation EDF, dont on m'a confié la responsabilité, doit relever un triple défi : avoir, dans la société, une réelle utilité sociale, être, dans l’entreprise, un outil connu et reconnu, suscitant cohésion interne ; et mobiliser les collaborateurs du Groupe EDF sur les projets d'intérêt général que nous soutenons, pour créer des dynamiques positives de mobilisation. Au final, avec l’équipe que j’ai l’honneur de diriger, nous souhaitons, avec humilité mais beaucoup de convictions, participer à la construction d'une société plus juste, plus tolérante et plus humaine. On le sait tous, le contexte est aujourd’hui particulièrement difficile. Notre monde est marqué par un nombre important d'interrogations, par une instabilité économique et sociale, et parfois même par des fractures importantes, je pense aux fractures culturelles. Face à cela, les moyens financiers, notamment publics, diminuent alors que les besoins augmentent. Les pouvoirs publics ne peuvent plus agir seuls. La conception selon laquelle ils étaient les seuls à pouvoir contribuer à la réalisation de l’intérêt général est datée. Aux côtés de la puissance publique, il y a le secteur associatif. Il travaille, innove, mobilise et propose des réponses complémentaires, de terrain. Il a une vitalité très forte dans ce pays : il n’y a jamais eu autant de bénévoles en France. Mais c’est un secteur qui connaît lui aussi des difficultés financières. Et puis il y a les acteurs dits « privés », et je ne parle pas là que des fondations. Je parle aussi des entreprises. Les entreprises ont aussi leur rôle à jouer. Elles doivent prendre leur part. Un groupe comme EDF se veut engagé, citoyen, solidaire ; et ce bien au-delà de ses propres problématiques liées à son business, à la production la distribution ou la commercialisation de l’électricité… Ses salariés sont plus qu'ailleurs engagés dans le milieu associatif. C'est une grande force collective pour le Groupe, et notamment pour la Fondation. Mais on le voit aujourd’hui partout, et pas seulement chez EDF : les salariés cherchent souvent àdonner du sens à leur travail, et plus généralement à leur vie. Ils expriment de plus en plus l'envie d'agir au-delà de leur mission professionnelle. C'est à la fois compréhensible et rassurant, mais c'est surtout passionnant : un individu n'est qu'une seule et même personne qu'il soit un salarié la journée, un parent le soir quand il a des enfants, un bénévole une fois par mois ou un weekend sur deux, un citoyen lorsqu'il va voter. L'enjeu, c'est, je crois, que chacun puisse se réaliser pleinement dans ces différentes facettes : c'est comment concilier vie familiale, vie professionnelle et engagement citoyen. Les entreprises peuvent aussi favoriser cela. Chacun le comprend désormais, pour répondre aux grands défis de notre société, dont on sait qu'ils sont nombreux et graves, il n’y a plus de frontières étanches entre le public et le privé, entre l’associatif et le public, entre l’entreprise et l’intérêt général. Chacun doit prendre sa part. Il faut construire des dynamiques nouvelles, et faire en sorte que chacun puisse contribuer à la réalisation de l’intérêt général. Ce sont ces dynamiques collectives publiques, privées, associatives qui nous permettront de trouver des réponses innovantes et adaptées.

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