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Par Carenews INFO - Publié le 3 mai 2016 - 17:18 - Mise à jour le 10 mai 2016 - 13:56
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Sommet mondial de l’humanitaire : innover pour mieux répondre aux crises futures

Les 23 et 24 mai prochains se tiendra à Istanbul le premier Sommet Mondial de l’Humanitaire,  l’occasion pour les acteurs-clé de la communauté internationale de définir une feuille de route pour le changement et de réinventer un secteur mis à l’épreuve par des crises humanitaires d’une ampleur inouïe. Nous avons rencontré Sean Lowrie, directeur du Start Network, un réseau de 40 ONG internationales (dont ACTED, Handicap International et Oxfam) qui se prépare pour cet événement historique.

Sommet mondial de l’humanitaire : innover pour mieux répondre aux crises futures
Sommet mondial de l’humanitaire : innover pour mieux répondre aux crises futures

« Imaginez si nous pouvions arrêter une sécheresse avant qu’elle ne résulte en une crise alimentaire, ou contenir une épidémie dès son déclenchement, afin de sauver des milliers de vies…  C’est possible, mais pas dans la configuration  actuelle. Le monde évolue, le secteur humanitaire doit en faire autant. » Sean Lowrie est catégorique. Depuis qu’il a cofondé le Start Network en 2010 dans le but de promouvoir une plus grande collaboration entre ONG, son message n’a pas changé : « Sans une transformation radicale des relations entre ONG, Nations Unies et donateurs, le monde ne pourra faire face aux crises du futur. »

Et le futur est déjà là, comme en témoigne la crise des migrants, d’une ampleur sans précédent depuis la seconde guerre mondiale.  Jamais le monde n’a autant eu besoin d’aide humanitaire, les appels aux fonds des agences de l’ONU  et des ONG atteignant des niveaux jamais vus par le passé. Et cela ne fonctionne pas toujours : en 2014, le Programme Alimentaire Mondial a dû diminuer de moitié ses opérations en Syrie faute de fonds suffisants.

« L’année dernière, le budget global alloué à l’aide humanitaire était d’environ 24 milliards de dollars, explique Sean Lowrie. Dans le même temps, le marché mondial du chewing-gum était de 26 milliards ! Cette statistique peut prêter à sourire, mais pas lorsque des vies humaines sont en jeu. »

Pour les membres du Start Network , la solution passe par une plus grande collaboration entre acteurs de l’humanitaire et un système de financement plus adapté. C’est dans ce but que le réseau a lancé en avril 2014 le premier fonds de réponse aux urgences humanitaires exclusivement géré par les ONG. sur requête des membres du Start Network, le fonds envoie de l’argent n’importe où dans le monde, en moins de 72 heures après le déclenchement d’une crise humanitaire.

Selon Lowrie, « Cela permet d’éviter d’avoir à attendre que les médias s’intéressent à la crise, et qu’ils éveillent la conscience des donateurs. Agir vite permet de sauver des vies, de l’argent et  d’éviter qu’une crise « invisible » ne se transforme en désastre de grande ampleur. »

Depuis sa création, le fonds d’urgence du Start Network a été activé plus de 60 fois, dans 37 pays. Les décisions quant à la somme à allouer à la réponse humanitaire, et la sélection des projets se fait au niveau local, par des membres d’ONG ayant une connaissance pointue de la situation sur le terrain.

Et le système fonctionne. En octobre 2015, par exemple, le Fonds a été alerté suite à l’attaque d’un groupe armé sur un pipeline de pétrole, en Colombie. Le pétrole s’est rapidement répandu dans les rivières voisines qui jouent un rôle essentiel pour les populations locales, vivant principalement d’agriculture. En moins de 70 heures le Fonds a alloué une somme d’environ 300 000 euros à deux ONG afin de mettre en place des mécanismes de pompage du pétrole et de nettoyer les sols.

« Sans cela, raconte Lowrie, la mécanique de la crise aurait pu s’enclencher : les communautés auraient dû vendre leurs outils agricoles pour acheter de l’eau potable et irriguer leurs champs ; outre les problèmes de santé liés à la contamination des eaux, on aurait pu se retrouver en situation de crise alimentaire, car sans outils agricoles, il n’y a pas de récolte. Heureusement, nous avons pu intervenir suffisamment tôt et éviter que la situation ne devienne incontrôlable. »

Le Start Network a également été activé, entre autres, dès le déclenchement de l’épidémie d’Ebola en Sierra Leone, au moment de la crise humanitaire au Burundi, pour de vastes inondations au Pakistan et en Birmanie et des déplacements de populations au Yémen.

Aujourd’hui, le Start Network souhaite aller encore plus vite, en mettant des sommes d’argent à disposition des ONG avant que la crise ne frappe. S’inspirant des modèles économiques en place dans le domaine des assurances, le Start Network lance cette année une assurance-sécheresse : si un certain nombre d’indicateurs (état des récoltes, volume des précipitations, insécurité alimentaire) passent au rouge, les ONG travaillant dans les zones à risque reçoivent immédiatement de l’argent afin de préparer la réponse humanitaire, les primes d’assurance étant payées par les donateurs.

Les organisations les plus innovantes, telles que le Start Network, et des centaines d’autres se retrouveront donc à Istanbul les 23 et 24 mai afin de définir le futur du secteur, et proposer des solutions pratiques pour réaliser des objectifs de du Sommet, définis par le Secrétaire Général des Nations Unies au terme de centaines de consultations avec les acteurs de l’humanitaire et les bénéficiaires de l’aide.

Parmi ces objectifs figurent celui d’investir dans les capacités des ONG locales afin de réduire la vulnérabilité des communautés, protéger les plus vulnérables, à commencer par les femmes et les enfants, attirer des nouveaux acteurs (secteur privé, entre autres) dans un secteur qui en a terriblement besoin, prévenir les conflits et travailler différemment afin d’envisager dans le futur un monde qui n’aurait plus besoin d’assistance humanitaire.

« L’objectif est immense, mais réalisable, estime Sean Lowrie. Le moment est venu d’imaginer une nouvelle économie pour le secteur de l’humanitaire, une économie basée non seulement sur un aspect financier, où suffisamment de fonds convergeront vers les ONGs locales, mais aussi sur un aspect humain : professionnaliser le secteur, pouvoir attirer des experts de haut niveau, travailler de manière plus pointue avec le secteur privé et notamment les entreprises digitales, et finalement réussir à mettre en place une mécanique de collaboration globale afin que tous ces acteurs puissent jouer un rôle important au moment où le monde aura besoin d’eux. »

Au cours des dix dernières années, le nombre de personnes touchées par les crises humanitaires a presque doublé : l’année dernière, plus de 70 millions de personnes, selon les Nations Unies, avait un besoin vital d’assistance humanitaire. C’est dans ce contexte d’urgence que les chefs d’État, diplomates et directeurs d’ONG présents au Sommet Mondial de l’Humanitaire tenteront de trouver les  solutions du futur qui permettront, à terme, de créer un monde où, ainsi que l’a demande le Secrétaire Général, « Nul ne sera laissé de côté. »

 

 

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