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Par Le Labo de l'ESS - Publié le 27 novembre 2020 - 14:18 - Mise à jour le 27 novembre 2020 - 14:23
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Discours de Hugues Sibille en ouverture des Journées de l’Économie Autrement

Ce vendredi 27 novembre 2020 démarraient les Journées de l’Économie Autrement, cette année intégralement à distance en raison des conditions sanitaires. Hugues Sibille, Président du Labo de l’ESS, intervenait lors de la conférence d’ouverture. Retrouvez ici son intervention.

Discours de Hugues Sibille en ouverture des Journées de l'Économie Autrement
Discours de Hugues Sibille en ouverture des Journées de l'Économie Autrement

 

Bienvenue à tous pour deux journées de résistances, d’initiatives et d’imagination pour une autre économie.

J’ouvre avec émotion l’édition 2020 des JEA, m’exprimant ici, comme ami de Philippe Frémeaux depuis 40 ans, mais aussi rédacteur d’Alter Eco dès 1981, et aujourd’hui Président de la Fondation Crédit Coopératif partenaire fidèle des JEA.

Mon émotion nait d’une tristesse due à la disparition prématurée de Philippe : son immense talent, son courage, sa camaraderie nous manqueront cruellement. Mais grâce à la volonté sans faille de quelques-uns, son œuvre continue cette année et devra continuer.

Un vague à l’âme nait aussi de l’impossibilité de nous retrouver physiquement à Dijon. Le Palais des ducs, les verres de bourgogne, les discussions de couloir nous manqueront. Promettons-nous de nous retrouver à Dijon l’an prochain.

Le ton de gravité nait enfin du caractère menaçant de la situation à laquelle doit répondre l’économie autrement. Une crise sanitaire inédite, des conséquences économiques et sociales graves, encore devant nous, la pauvreté et les inégalités sociales qui explosent, des risques populistes de montée de la haine, et surtout, surtout, des menaces écologiques sans précédent pour la planète, la biodiversité et l’humanité.

Notre devoir de combativité et d’imagination est donc d’une intensité sans précédent pour que l’économie autrement ne soit plus un supplément d’âme ou un combat idéologique minoritaire : notre ambition collective, notre engagement de ces deux jours devraient être que l’économie autrement devienne la norme. Je le dis comme président du Labo de l’ESS, avec la légitimité d’un militantisme ESS de 40 ans, et mon désir inentamé que l’ESS pollinise le reste de l’économie. L’économie autrement est celle où le pouvoir de décision n’appartient pas au seul actionnaire, où la lucrativité est limitée, où des critères d’utilité écologique et sociale sont pris en compte, où le pouvoir et les revenus sont équitablement partagés.

Comment allons-nous réfléchir et bâtir ensemble ces deux jours ? Je suggère trois principes :

  • Premier principe : un va et vient entre l’action et la réflexion, entre le micro et le macro. Partons d’expériences concrètes pour réfléchir. Le monde de demain existe déjà dans celui-ci. Mais il faut passer d’initiatives dispersées à un faire système et à un véritable Récit mobilisateur et joyeux de l’autre économie.
  • Second principe : Sortir d’une vision économiciste, abandonner une arrogance économique, pour « ré-encastrer » l’économie à sa place. La crise sanitaire montre clairement les excès de la marchandisation de la santé, de l’éducation, de la culture.
  • Troisième principe : sortir d’un face à face réducteur entre « plus de marché » ou « plus de régulation par l’État ». L’enjeu actuel de l’économie autrement c’est de mon point de vue : comment le citoyen conquiert davantage de pouvoir direct sur la production, la distribution, la consommation, l’épargne, les choix énergétiques etc. C’est l’enjeu de la république ESS que lance au bon moment ESS France.

 

Nos travaux ne doivent pas sous-estimer deux obstacles :

  • Premier obstacle, la bataille des idées en faveur de l’économie autrement est loin d’être gagnée. Les économistes classiques et le patronat restent sur une vision « black Friday » de la relance et de la croissance. Parlons de plan de transition et de transformation plus que de plan de relance.
  • Second obstacle de taille, la contradiction entre l’urgence sociale du court terme, et l’enjeu d’un long terme écologique. J’illustre ceci en demandant comment combiner la lutte contre une précarité alimentaire devenue insupportable et l’invention d’une alimentation durable ?

 

Pour conclure, je mets subjectivement sur la table trois pistes pour l’après JEA :

  • D’abord faire des territoires les écosystèmes prioritaires de la transition vers l’économie autrement : nous devons travailler à de nouvelles coopérations locales incluant les citoyens, l’ESS, les entreprises de proximité, les collectivités territoriales
  • Ensuite transformer l’emploi et redonner du sens au travail pour sortir de l’ubérisation, sur la base d’un carré vertueux : un contrat, une protection, un collectif de travail, un sens d’utilité sociale
  • Enfin donner à l’économie autrement une dimension européenne : un plan européen de l’ESS est en préparation, réussissons-le. L’économie autrement ne peut être le projet d’un seul pays. Les JEA 2021 devraient être européennes.

 

Je nous souhaite bien davantage que de fructueux échanges de colloque. Je fais le vœu que ces JEA nous aident à résister, à expérimenter, à voir loin pour gagner collectivement la bataille d’une autre économie, vers zéro carbone, zéro exclusion et zéro pauvreté. Je vous remercie.

Hugues Sibille

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