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Par Carenews PRO - Publié le 4 septembre 2018 - 07:44 - Mise à jour le 6 septembre 2018 - 09:39
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[INFO ENGAGÉE] Frédéric Vuillod, Mediatico: "agir pour rendre le monde meilleur"

Nous lançons cet automne la deuxième saison de notre série d'entretiens avec des journalistes engagé·e·s. Le journalisme de solutions, ou impact journalism, met en avant les initiatives sociales, citoyennes, solidaires qui font avancer la société. Ces sujets liés à l'intérêt général, au développement durable, à l'innovation sociale sont plébiscités par le grand public. La soirée organisée par Sparknews sur les médias de solution au 11e forum Convergences cette semaine en a montré des exemples incontestables, en France et en Europe. Les rédactions des médias généralistes et spécialisés s'emparent, depuis quelques années ou plus récemment, de ces thèmes exigeants, loin des clichés sur un traitement de l'information léger et futile. Aujourd'hui, nous donnons la parole à Frédéric Vuillod, journaliste et fondateur de Mediatico, un site de vidéos en ligne qui traite l'actualité sous un angle économique. Mediatico veut donner du sens à l'économie en couvrant les thèmes liés à l'économie sociale et solidaire, à la finance responsable ou encore à la responsabilité sociale des entreprises.

[INFO ENGAGÉE] Frédéric Vuillod, Mediatico: "agir pour rendre le monde meilleur"
[INFO ENGAGÉE] Frédéric Vuillod, Mediatico: "agir pour rendre le monde meilleur"

 

Frédéric, pourquoi êtes-vous devenu journaliste  ?

 

À 14 ans, être journaliste était déjà pour moi une vocation. J'avais même rédigé un journal pacifiste lorsque j'étais collégien. Je suis devenu journaliste pour découvrir le monde, le comprendre et pour l'expliquer à ceux qui n'auraient pas la chance de le découvrir comme moi. Je voulais à l'origine dénoncer les inégalités qui me sont insupportables et rencontrer de nombreuses personnes pour appréhender le fonctionnement du monde à travers leurs témoignages.

 

Pourquoi avez-vous choisi de traiter des sujets engagés  ?

 

Chacun peut, à mon avis, être utile à tous sur cette terre, servir au bien commun. Nous ne sommes pas obligés de le faire bien sûr, mais lorsqu'on le choisit, cela passe par un engagement. En essayant de comprendre l'engagement des autres, j'interroge par là même mon propre engagement. Cela me paraît nécessaire. J'ai fait mes premiers pas dans un journal économique, Les Échos, où j'ai travaillé pendant presque 20 ans. J'y ai vu toute la complémentarité entre l'économie et le social, qui était mon sujet de prédilection initial. J'ai alors constaté que l’économie est très financiarisée et déshumanisée. Nous devons remettre l'humain au cœur des circuits économiques et des transactions financières ! L'argent n'est qu'un instrument qu'il faut ancrer au service de l'humain. En créant Mediatico, j'ai choisi le sujet de l'économie engagée. J'interroge les acteurs de l'économie collaborative et circulaire, sociale et solidaire, des figures de la finance responsable, du développement durable...

 

Comment sensibiliser le public à ces sujets  ? Comment aborder son lectorat ?

 

Nous ne savons pas forcément comment parler au public, il serait présomptueux d’affirmer le contraire.  Nous tentons des choses et nous nous adaptons. L'idée c'est avant tout de montrer de ce qui se passe sur le terrain, de donner à voir. L'approche de Mediatico passe par la vidéo : il s'agit soit de reportages terrain, soit de témoignages. Nous lisons dans les yeux des personnes filmées leurs convictions et leurs émotions ; c'est cela qui touche le public. À Mediatico, il nous importe de montrer que des modèles économiques émergents et disruptifs fonctionnent. Une bonne idée sans modèle économique ne fonctionne pas ! Nous analysons les modèles de l'économie sociale et solidaire, mais aussi les partenariats entre petites et grandes structures, entre public et privé. De nombreux modèles hybrides sont les solutions de demain. Les modèles économiques d'hier ont montré leurs limites.

 

Trouvez-vous que les sujets d'engagement dont nous parlons prennent plus de place dans la presse généraliste  ?

 

Ces thèmes sont davantage traités aujourd'hui dans la presse généraliste, c'est une bonne chose. Ils sont néanmoins trop peu abordés au regard de ce qu'il faudrait  ! C'est peut-être une question de temps et d'évolution de la société. Par ailleurs, dans les grands médias, ces sujets sont abordés sous l'angle de la grande consommation. Ce point d'entrée est malheureusement un peu superficiel et traite les choses de façon «  cosmétique ». Chez Mediatico, nous avons choisi de travailler sur ces sujets en profondeur. Nous voulons changer les relations entre les êtres humains. Nous nous autorisons à aborder tous les champs, même si ça n'est pas facile. Nous voulons dépasser les limites actuelles.

 

Pouvez-vous me citer une rencontre marquante  ?

 

Mediatico est entré dans le parcours d'incubation du Tank média. C'est dans ce contexte que j'ai rencontré Walter Bouvais de Terra eco, qui a été notre mentor pendant trois mois. Il n'est pas la seule personnalité marquante que j'ai rencontrée en cinq ans, beaucoup d'autres l'ont été. Walter quant à lui m'a apporté un regard à la fois journalistique et entrepreneurial sur le rapport aux lecteurs et aux sujets sociétaux et environnementaux.

La fermeture de Terra eco il y a deux ans a permis à Walter de nous donner une vision enrichissante et instructive de son expérience. Il nous a expliqué pourquoi Terra eco avait tenu pendant dix ans et pourquoi le média a fermé : des leçons de réussites, mais aussi d'échecs. Je lui en suis très reconnaissant. Walter Bouvais vit aujourd'hui de nouvelles aventures entrepreneuriales avec open lande, un tiers lieu près de Nantes qui propose du coworking ; un lieu de respiration, de formation, d'expérimentations artistiques...

 

Le sujet que vous avez préféré traiter  ?

 

J'ai beaucoup aimé concevoir des infographies animées commentées en voix off. Elles apportent un aspect ludique à un sujet économique. Elles sont malheureusement trop coûteuses à produire. Par ailleurs, j'ai beaucoup aimé travailler sur les reportages de Mediatico car ils décortiquent un écosystème. Celui réalisé sur Emmaüs Défi montre par exemple le parcours d'un objet. Le personnel encadrant et les salariés en insertion sont montrés en action. Nous comprenons ainsi la mécanique de l'association qui est de créer des emplois autour du recyclage, et d’alimenter un système de solidarité avec de l'emploi. Je peux aussi citer le reportage sur l'Agence du don en nature qui a mobilisé tous les salariés de Procter & Gamble à Amiens pendant une journée. Les collaborateurs ont préparés des colis envoyés ensuite à des associations dont les bénéficiaires sont des personnes en situation de très grande précarité. Cela illustre l'engagement de salariés de multinationales au profit d'une association locale. Enfin, je voudrais citer le reportage sur le tiers lieu des Grands voisins qui montre comment chacune des structures associatives ou entrepreneuriales du site travaille avec son voisin et crée une chaîne de solidarité qui s'autoalimente. C'est après ce reportage que j'ai décidé de m’y installer.

 

Comment voyez-vous l'avenir des médias  ?

 

La question n'est pas facile, mais une chose compte : il me semble que les grands médias perdent certains lecteurs et cassent le fil de la relation avec eux en traitant trop de faits divers au détriment des sujets importants pour l'avenir de notre société. Certains ne savent plus comment interpeller le lecteur autrement qu'avec du sensationnel. Les navires amiraux sont déjà mis à mal avec la révolution internet et par l'effondrement du marché publicitaire. Un autre défi émerge, celui de la perte de confiance du lectorat. Il est peut-être plus facile pour les petits médias d'y répondre, car ils peuvent partir de zéro. Ils sont plus agiles.

 

De nombreux petits médias engagés se créent, mais ne durent pas. Ils sont tous assez fragiles. Nous devons réfléchir non pas en concurrence, mais en complémentarité, pour aller chercher des modèles économiques gagnants-gagnants pour tout le monde. Pourquoi pas via des évènements communs pour agréger les audiences  ?

 

Le mot de la fin  ?

 

Il appartient à chacun d'entre nous d'agir pour rendre le monde meilleur.

 

L'actualité de Mediatico :

Impact, le magazine vidéo de Mediatico a été tourné pour la première fois en extérieur au salon Convergences. Mediatico diffuse également à la rentrée une nouvelle newsletter et lance une adhésion aux valeurs portées par le média en octobre 2018.

 

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