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Par Solidarité des producteurs agricoles et des filières alimentaires - SOLAAL - Publié le 22 décembre 2016 - 09:19 - Mise à jour le 26 janvier 2017 - 09:30
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Interview Eric Birlouez, agronome et sociologue de l’alimentation

« SOLAAL redonne du sens et de la noblesse au métier des agriculteurs, revalorise leur image dans la société ainsi qu’à leurs propres yeux, et restaure la valeur de l’aliment. » Eric BIRLOUEZ, agronome et sociologue de l’alimentation.

Interview Eric Birlouez, agronome et sociologue de l’alimentation
Interview Eric Birlouez, agronome et sociologue de l’alimentation

« SOLAAL redonne du sens et de la noblesse au métier des agriculteurs, revalorise leur image dans la société ainsi qu’à leurs propres yeux, et restaure la valeur de l’aliment. » Eric BIRLOUEZ, agronome et sociologue de l’alimentation.

La sensibilité des agriculteurs au gaspillage et au don alimentaire est-elle notable à travers les âges ?

Les agriculteurs ont toujours été extrêmement sensibles au gaspillage alimentaire. Parce qu’ils produisaient à la sueur de leur front une nourriture qui, souvent, s’avérait insuffisante, ils connaissaient toute la valeur de celle-ci ! Dès l’Antiquité, les pauvres ont ainsi bénéficié d’un droit universel : celui de pouvoir pénétrer dans les champs pour glaner les grains laissés par les moissonneurs. Partout dans le monde, les paysans – y compris les plus démunis – ont toujours accueilli à leur table ceux qui avaient faim. Encore aujourd’hui, malgré la crise qui frappe leur secteur, beaucoup d’agriculteurs, plutôt que de se replier sur leurs difficultés, perpétuent ces gestes ancestraux de solidarité.

Quelles sont les conclusions de votre étude sur l’accès aux produits frais des bénéficiaires de l’aide alimentaire ? Avez-vous constaté une évolution ? (cf. étude A.N.D.E.S.)

En 2008, en partenariat avec l’ANDES, j’ai piloté une enquête de grande ampleur dont l’objectif était de démontrer l’intérêt de la mise à disposition de fruits et de légumes frais au sein des épiceries solidaires et dans les colis alimentaires. La finalité était d’améliorer l’équilibre nutritionnel et la santé des populations concernées. A l’époque, le scepticisme était fort : les grossistes de Rungis ne donneront jamais leurs invendus, ces denrées périssables poseront d’insurmontables difficultés logistiques, les pauvres continueront à préférer les boîtes de conserves plus simples à utiliser, etc. Or, nos enquêtes ont clairement montré que la mise à disposition de fruits et de légumes frais aboutissait à un accroissement notable de leur consommation ! Et que cet impact était renforcé si on y associait ateliers de cuisine, dégustations, partages de recettes, etc. Comme l’affirmait Sénèque il y a deux mille ans : « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas ; c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles » !

Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux agriculteurs ?

En décidant de donner une partie de leurs productions, les agriculteurs ne contribuent pas seulement à améliorer le quotidien des plus démunis. Ils y trouvent leur compte… et cela est tout à la fois légitime, efficace et sain. Les philosophes, sociologues et économistes du bonheur ont en effet montré que l’altruisme épanouit l’individu : il donne du sens à son métier et à sa vie, il lui fait se sentir responsable et acteur, utile et fier de sa contribution à la société.

En participant activement à la lutte contre l’injustice alimentaire et le gaspillage de nourriture, SOLAAL redonne du même coup du sens et de la noblesse au métier des agriculteurs, revalorise leur image dans la société ainsi qu’à leurs propres yeux, et restaure la valeur de l’aliment. Ce dernier point est fondamental car que gaspille-t-on… sinon ce qui, à nos yeux, revêt peu de valeur ?

(*) ANDES : Association Nationale pour le Développement des Épiceries Solidaires

 

La sensibilité des agriculteurs au gaspillage et au don alimentaire est-elle notable à travers les âges ?

Les agriculteurs ont toujours été extrêmement sensibles au gaspillage alimentaire. Parce qu’ils produisaient à la sueur de leur front une nourriture qui, souvent, s’avérait insuffisante, ils connaissaient toute la valeur de celle-ci ! Dès l’Antiquité, les pauvres ont ainsi bénéficié d’un droit universel : celui de pouvoir pénétrer dans les champs pour glaner les grains laissés par les moissonneurs. Partout dans le monde, les paysans – y compris les plus démunis – ont toujours accueilli à leur table ceux qui avaient faim. Encore aujourd’hui, malgré la crise qui frappe leur secteur, beaucoup d’agriculteurs, plutôt que de se replier sur leurs difficultés, perpétuent ces gestes ancestraux de solidarité.

Quelles sont les conclusions de votre étude sur l’accès aux produits frais des bénéficiaires de l’aide alimentaire ? Avez-vous constaté une évolution ? (cf. étude A.N.D.E.S.)

En 2008, en partenariat avec l’ANDES, j’ai piloté une enquête de grande ampleur dont l’objectif était de démontrer l’intérêt de la mise à disposition de fruits et de légumes frais au sein des épiceries solidaires et dans les colis alimentaires. La finalité était d’améliorer l’équilibre nutritionnel et la santé des populations concernées. A l’époque, le scepticisme était fort : les grossistes de Rungis ne donneront jamais leurs invendus, ces denrées périssables poseront d’insurmontables difficultés logistiques, les pauvres continueront à préférer les boîtes de conserves plus simples à utiliser, etc. Or, nos enquêtes ont clairement montré que la mise à disposition de fruits et de légumes frais aboutissait à un accroissement notable de leur consommation ! Et que cet impact était renforcé si on y associait ateliers de cuisine, dégustations, partages de recettes, etc. Comme l’affirmait Sénèque il y a deux mille ans : « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas ; c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles » !

Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux agriculteurs ?

En décidant de donner une partie de leurs productions, les agriculteurs ne contribuent pas seulement à améliorer le quotidien des plus démunis. Ils y trouvent leur compte… et cela est tout à la fois légitime, efficace et sain. Les philosophes, sociologues et économistes du bonheur ont en effet montré que l’altruisme épanouit l’individu : il donne du sens à son métier et à sa vie, il lui fait se sentir responsable et acteur, utile et fier de sa contribution à la société.

En participant activement à la lutte contre l’injustice alimentaire et le gaspillage de nourriture, SOLAAL redonne du même coup du sens et de la noblesse au métier des agriculteurs, revalorise leur image dans la société ainsi qu’à leurs propres yeux, et restaure la valeur de l’aliment. Ce dernier point est fondamental car que gaspille-t-on… sinon ce qui, à nos yeux, revêt peu de valeur ?

(*) ANDES : Association Nationale pour le Développement des Épiceries Solidaires

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