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Par Avise - Publié le 7 mai 2021 - 10:26 - Mise à jour le 7 mai 2021 - 11:35
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Devenir entrepreneur social : quelle posture adopter pour réussir son projet ?

Qu’est-ce qui caractérise les porteurs de projet et dirigeants d’entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS) ? Quelle posture et quel état d’esprit adopter pour réussir à lancer son projet ? S’il n’existe pas de profil-type d’entrepreneur social, on retrouve cependant des postures et des caractéristiques communes à ceux qui entreprennent dans l’ESS.

Être sincère dans son engagement

Si cela peut sembler évident, l’adhésion aux valeurs de l’ESS - telles que la poursuite d'une utilité sociale et d'une gouvernance démocratique, la rentabilité au service du projet et l'ancrage territorial - est un indispensable facteur de réussite.

« Il faut déjà être une personne de valeurs, soutient Sylvain Lepainteur, président-directeur général de la Conciergerie Solidaire, de Monkey Monk et membre du conseil d'orientation stratégique de l'Avise. Ces valeurs vont passer avant d’autres considérations : économiques, par exemple. Quelqu’un qui n’est pas sincère dans son engagement va avoir du mal à être un bon entrepreneur social », appuie-t-il.

Patrice Hénaff, directeur de Rich’ESS, association localisée à Saint-Brieuc qui accompagne notamment les entrepreneurs dans le cadre de l’incubateur TAg22, souligne aussi que la pierre angulaire du projet d’un entrepreneur social est la volonté de transformation sociétale. « Le porteur de projet doit avoir cette capacité à rêver, ajoute-t-il tout en modérant ses propos. Vouloir transformer la société entière, c’est complètement utopique, mais il faut savoir que l’on met sa pierre à l’édifice ».

L’entrepreneur social doit donc constamment jongler entre idéal et réalité.

S’inscrire dans une démarche collective

L'entrepreneur social est un entrepreneur qui travaille avec son environnement : il doit s’ancrer dans le concret, dans un écosystème d'acteurs avec lesquels œuvrer. « La volonté de faire en collectif, de s'associer, de coopérer » est non seulement un trait de caractère commun aux entrepreneurs sociaux mais surtout une caractéristique indispensable, estime Patrice Hénaff.

« Celui qui n’est pas dans cette dimension ne va pas donner la teneur nécessaire au projet », précise-t-il. « Il faut être dans une posture de coopération, dans le partage et être très orienté projet, confirme Sylvain Lepainteur. Je passe ma journée à développer des partenariats et mettre en place des coopérations ».

Etienne Thouvenot, co-fondateur des Petites Cantines, un réseau de cantines de quartier lancé à Lyon, ajoute également : « En cela, on se distingue des entrepreneurs humanistes, qui sont des personnes vraiment superbes, mais dans un entrepreneuriat plus classique. Là nous allons aussi chercher le collectif au sein même de la gouvernance des projets ».

La démarche de coopération concerne autant les projets menés en équipe que ceux lancés par un entrepreneur seul. Entreprendre dans l'économie social et solidaire, c'est avant tout répondre à un besoin social non couvert, ce qui nécessite de connaître l'écosystème sectoriel et territorial dans lequel on s’inscrit et de construire son projet en fonction des offres et partenaires déjà présents.

L’entrepreneur social qui réussira à lancer son projet aura souvent su s’intégrer dans un réseau et comprendre son environnement, de façon à bénéficier de l’expertise et des contacts de ses pairs et s’inscrire, avec eux, dans une démarche de coopération plutôt que de concurrence.

Être agile, patient et professionnel

Il est également nécessaire, indique Patrice Hénaff, que l’entrepreneur social sache se repérer dans la pléthore d’offres d’accompagnement et d’incubation, pour ne pas se prêter plusieurs fois aux mêmes exercices… et perdre un temps précieux. « Les process sont longs, ajoute le directeur de Rich’ESS. Les entrepreneurs sociaux doivent donc faire preuve de patience et de résilience, notamment entre la phase d’émergence et la réalisation du projet ».

Écoute et agilité sont les outils privilégiés de l'entrepreneur social. « On compare souvent l’entrepreneur social à un caméléon : il doit être capable de s’adapter. On ne s’adresse pas de la même manière à un élu ou à une association partenaire, par exemple”, insiste Etienne Thouvenot, des Petites Cantines. 

« Avec Diane, la co-fondatrice, savoir écouter a été l'une de nos forces. Notre projet a évolué ; nous ne sommes pas restés attachés à nos premières idées. Quand on présentait notre projet, les gens réagissaient parfois sur des éléments complètement différents : notre premier stagiaire, par exemple, a particulièrement insisté sur le prix libre des repas ». Un élément qui fait aujourd'hui partie du concept des Petites Cantines.

« À mon sens, il ne faut pas être trop sûr de soi. Cela permet de beaucoup apprendre », résume Etienne Thouvenot.

Enfin, l’entrepreneur social se doit de plus en plus d’être professionnel et méthodique pour se saisir correctement des enjeux et des moyens financiers disponibles. Comme dans l'entrepreneuriat classique, il est apprécié à l'aune de ses compétences et de son tempérament, notamment par ses partenaires institutionnels ou financiers. « L’entrepreneur social, c’est d’abord quelqu’un qui est capable de prendre des risques, résume Patrice Hénaff, tout en gardant le cap sur le cœur de son projet : sa mission sociale ».

« On doit donc en permanence avoir les yeux sur deux compteurs : le modèle économique à l’équilibre et l’impact », ajoute Etienne Thouvenot. Un jeu d’équilibriste au quotidien.

>> Pour aller plus loin, consultez le guide Se lancer dans l'entrepreneuriat social, édité en 2020 par l'Avise

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