Le Comité de vigilance des enfants placés réclame un « #MeToo de l’ASE »
Le Comité de vigilance des enfants placés s’est réuni le mardi 8 avril à Paris, à proximité de l’Assemblée nationale. Le rassemblement a eu lieu à l'occasion de la publication du rapport sur les manquements des politiques publiques de la protection de l’enfance.

« Maria, 11 ans, morte à l’ASE en 2022 », « Lily, 15 ans, morte à l’ASE en 2024 », peut-on lire sur les écriteaux portés par chacun des membres du Comité de vigilance des enfants placés, présents le mardi 8 avril lors d’un rassemblement à Paris, non loin de l’Assemblée nationale.
Créé en mars 2024, le collectif a grandement œuvré pour l’instauration d’une commission parlementaire sur les dysfonctionnements des politiques publiques de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Portée par la députée socialiste Isabelle Santiago, la commission a publié son rapport le même jour.
« Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi »
« Notre objectif est que ce rapport ne soit pas une énième liste de recommandation mais qu’enfin on passe à l’action. Cette commission rappelle aussi que les politiques publiques ne peuvent plus se faire sans les principaux concernés », déclare Jennifer Le Pioufle qui milite en compagnie de sa fille Lola. Ancienne enfant « mise à l'abri » et membre du Comité de vigilance, elle a bénéficié de « toutes les formes de placement possibles », souligne-t-elle.
Les prises de paroles se succèdent et l’urgence mise en lumière par Jennifer de ne plus marginaliser les principaux concernés est aussi relevée par Nathalie. Cette dernière reprend une citation de Nelson Mandela : « tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi », affirme-t-elle, émue.
Notre objectif est que ce rapport ne soit pas une énième liste de recommandation mais qu’enfin on passe à l’action. Cette commission rappelle aussi que les politiques publiques ne peuvent plus se faire sans les principaux concernés. »
Jennifer Le Pioufle, membre du Comité de vigilance des enfants placés.
Jennifer Le Pioufle, membre du Comité de vigilance des enfants placés, accompagnée de sa fille Lola le 8 avril. Crédit : Léanna Voegeli
« Il doit y avoir la même prise de conscience que pour les féminicides »
Le rapport qui pointe « une gouvernance défaillante faute d’implication de l’État » propose la mise en place d’une commission de réparation. Ayda Hadizadeh, déléguée générale de l’association Les Oubliés de la République et députée socialiste pour la deuxième circonscription du Val-d’Oise, fait valoir la nécessité pour les parlementaires de concrétiser le dispositif. « Ce qui est arrivé aux enfants de l’ASE s’est produit avec la complicité tacite de l’État, qui doit reconnaître ses torts », fustige-t-elle vêtue d’une écharpe tricolore.
« Concernant les enfants qui meurent à l’ASE, il doit y avoir la même prise de conscience que pour les féminicides. » « En ce moment, il y a un #MeToo sur les violences dans le milieu du sport et sur les violences à l’école. Tout cela concerne les violences faites aux enfants qui sont nourries par un système. Il faut un #MeToo de l’ASE ! », ajoute-t-elle.
Ayda Hadizadeh, déléguée générale de l’association Les Oubliés de la République et députée socialiste pour la deuxième circonscription du Val-d’Oise, prend la parole le mardi 8 avril. Les Oubliés de la République ont contribué à la création du Comité de vigilance des enfants placés. Crédit : Léanna Voegeli.
Le rapport d’enquête sur les dysfonctionnements structurels de l’aide sociale à l’enfance, publié le 8 avril, émet 92 recommandations. Elles participeront peut-être à un tournant dans les prochaines années.
Léanna Voegeli