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Par Carenews INFO - Publié le 31 octobre 2022 - 09:30 - Mise à jour le 31 octobre 2022 - 09:30
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Roc Eclerc, mortel mécénat !

La marque de pompes funèbres Roc Eclerc investit depuis peu le champ culturel à travers des actions de mécénat. Une façon de se singulariser et de lutter contre la mauvaise image dont souffre le secteur funéraire en partie libéralisé. Immersion dans les Catacombes de Paris.

Concert dans les Catacombes de Paris, mécéné par l'entreprise Roc Eclerc. Crédit : Bernard Hasquenoph
Concert dans les Catacombes de Paris, mécéné par l'entreprise Roc Eclerc. Crédit : Bernard Hasquenoph

 

En cette veille de Toussaint, des voix suaves résonnent dans les Catacombes de Paris. Drôle d’endroit pour un concert. Depuis la crypte du Sacellum où, en 1786, les premiers ossements des six millions d’individus des cimetières parisiens commencèrent à être transférés, le chœur Aedes interprète le « Requiem civil », pour un public restreint, informé de la prestation gratuite.

 

Crédit : Bernard Hasquenoph

 

Un mécénat culturel de la Fondation Roc Eclerc

Commande singulière de la Fondation Roc Eclerc à la compositrice Lise Borel, l'œuvre de 12 minutes, depuis en libre téléchargement, a pour but d’accompagner une cérémonie funéraire d’aujourd’hui, dans les faits de moins en moins religieuse. Un événement moins polémique que le concours qu’avait organisé Airbnb en 2016 pour y passer la nuit d’Halloween dans une chambre aménagée, ce qui aurait ramené 300 000 euros au site appartenant à la Ville de Paris… 

L'œuvre musicale a également été interprétée en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, dans les mêmes conditions. Parallèlement, les deux institutions patrimoniales ont bénéficié du mécénat de la Fondation Roc Eclerc, pour remonter trois murs d’ossements menacés d’effondrement aux Catacombes et participer à la restauration du Tombeau de l’Empereur aux Invalides à l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon. 

 

Crédit : Bernard Hasquenoph

 

Une entreprise créée par Michel Leclerc

Des actions en cohérence avec la nature de ce réseau de près de 400 agences de pompes funèbres créé en 1985 par Michel Leclerc, frère d’Edouard, le fondateur des centres commerciaux (lequel lui intentera un procès pour parasitisme, le contraignant à retirer le L de Leclerc), et revendue depuis.

Née fin 2019, la Fondation Roc Eclerc, abritée à la Fondation de France, est toute jeune. Coïncidence ? Elle a été créée quelques mois après que la Cour des comptes se penche sur le secteur funéraire, dressant un bilan sévère de la libéralisation du marché des obsèques depuis la « loi Sueur » en 1993 (poussée justement par Roc Eclerc), les communes conservant le monopole de la gestion des cimetières et des crématoriums.

Une évolution qui aurait plus profité aux opérateurs qu’aux familles endeuillées, clientèle vulnérable par définition : tarifs en hausse, devis opaques, fausse concurrence… Un « business de la mort  » florissant – d’autant que le nombre de décès ne cesse d'augmenter en France - et parfois peu éthique, comme le détailla un hors-série du magazine 60 Millions de consommateurs (n°200). 

 

Un fort engagement social et culturel

 

Face à ces critiques, Roc Eclerc revendique la plus forte notoriété du secteur et arbore fièrement sa distinction de « Meilleur service funéraire » décernée par des consommateurs (étude IN Marketing Survey, 2021-2022). L’entreprise soignant son image de transparence dans des spots publicitaires (« C’est clair, c’est Roc Eclerc »), sa fondation s’inscrit dans une stratégie de communication globale.

Si elle mène des actions dans le champ social, s’engageant dans la lutte contre l’exclusion en soutenant des associations, son ancrage dans la sphère culturelle est plus original. La première exposition à bénéficier de son soutien a été « Pharaons Superstars » au Mucem, à Marseille (2022), l’entreprise souhaitant, en écho à la civilisation égyptienne où la mort avait une place centrale, « réaffirme[r] l’importance des rites funéraires qui sont au cœur du service que nous souhaitons rendre aux familles ».

 

La question de la fin de vie dans la culture

Un boulevard s’offre à elle, tellement les interrogations sur la fin de vie sont présentes, si ce n’est fondamentales, dans la création humaine. L’inhumation n’est-elle pas même le premier geste culturel, les plus anciennes sépultures connues remontant à 100 000 ans ? En septembre, l’artiste contemporain Pascal Convert dressait quatre dalles de verre sculpté représentant des animaux qu’on peut croiser dans une forêt, dans le verdoyant cimetière Miséricorde de Nantes, avec le soutien de la fondation. Une œuvre pérenne.

Pour la marque Roc Eclerc, soutenir la culture c’est aussi une façon de prendre de la hauteur dans un marché concurrentiel, qui doit s’adapter constamment aux évolutions sociales : sécularisation, écologie, numérique…

Elle cherche à damer le pion à son grand rival, le groupe OGF et sa marque phare PFG qui soutient des associations liées à la fin de vie à travers sa propre fondation. Ce leader historique du secteur conserve 20 % du marché contre 10 % pour Funecap Groupe auquel Roc Eclerc appartient depuis 2015 avec d’autres sociétés comme la célèbre marbrerie Rebillon ou Crématoriums de France, délégataire de service public pour le premier d’entre eux, au Père Lachaise.

Funecap possède aussi sa fondation qui s’apprête à mettre en ligne une plateforme d’archives iconographiques funéraires. Plus surprenant, et plus gore diront certains, elle reverse régulièrement à l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque une partie des revenus issus de la vente des restes métalliques post-crémation pour recyclage dans l’industrie automobile, l’aéronautique ou l’électroménager : dents en or, prothèses, implants et stérilets de cuivre…

La loi, bizarrement, n’en fait pas obligation, ignorant ce commerce qui va en s’amplifiant, l’incinération en progression constante et nos corps toujours plus “augmentés”.

En 2020, la fondation Funecap a ainsi versé 120 000 euros, permettant l’opération de dix enfants atteints de malformations cardiaques, dans l’incapacité d’être soignés dans leur pays d’origine. Quand la mort permet une renaissance.

Bernard Hasquenoph

 

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