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Par Carenews INFO - Publié le 25 mars 2024 - 10:00 - Mise à jour le 25 mars 2024 - 10:08
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Shift Project : cap sur la décarbonation des stades

Le Shift Project a publié un rapport intermédiaire estimant l'empreinte carbone des grandes manifestations sportives dans les stades. Alors que le secteur sportif est vulnérable face aux impacts du changement climatique, le projet vise à sensibiliser le secteur sur la nécessité de réduire son impact environnemental.

Le transport des spectateurs vers les stades représente 65 % des émissions de gaz à effet de serre des événements sportifs liés au football et au rugby. Crédit : Wirestock
Le transport des spectateurs vers les stades représente 65 % des émissions de gaz à effet de serre des événements sportifs liés au football et au rugby. Crédit : Wirestock

 

Le Shift Project, association engagée dans la lutte contre le changement climatique, a cherché à savoir comment continuer à célébrer le sport tout en émettant moins de gaz à effet de serre. Lancé il y a quelques mois, le programme « Décarbonons le sport » vise à « imaginer la transformation du secteur du sport français pour répondre aux contraintes qui le conditionnent » et notamment, « la contrainte carbone ». 

En effet, le secteur sportif dépend fortement des énergies fossiles, ce qui soulève des inquiétudes quant à sa capacité à faire face aux futures contraintes énergétiques et climatiques. En réunissant des millions voire des milliards de personnes lors de grands événements sportifs, le secteur joue également un rôle crucial dans la sensibilisation à la décarbonation et à la lutte contre le changement climatique. 

« L'un des intérêts du sport est que tout le monde voit de quoi il retourne. Comme pour le climat c'est déjà un peu moins vrai, le fait d'associer les deux permettra peut-être de toucher un nouveau public, du moins nous l'espérons », écrit Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project, dans un post Linkedin présentant le rapport.

Pour ce premier travail, l'association s'est concentrée sur l'évaluation de l'empreinte carbone des événements tenus dans les stades accueillant des équipes professionnelles de football et de rugby. 

 

Le déplacement des spectateurs : principale source d’émission

 

Responsable de 65 % des émissions gaz à effet de serre liées à ces événements, le transport des spectateurs vers les stades constitue la principale source d'émissions lors des événements sportifs.

Ces émissions sont fortement influencées par le nombre et l'affluence des matchs organisés. L’importance des émissions est également amplifiée par la distance parcourue par les supporters. Ainsi, pour un grand stade, les émissions par match et par personne varient de 4 kg pour les spectateurs locaux à 60 kg pour les spectateurs extérieurs nationaux, et peuvent atteindre jusqu’à 600 kg pour les spectateurs extérieurs internationaux. En bref, plus les distances parcourues sont importantes, plus les émissions de gaz à effet de serre augmentent. 

Notons que les voitures contribuent à près de 90 % des émissions liées aux transports. Si l’avion est nettement plus émetteur que la voiture, celle-ci reste le moyen de transport le plus fréquemment utilisé pour rejoindre des évènements sportifs. Pour contrer cette tendance, le rapport insiste sur l’importance de promouvoir des alternatives de transport durable, telles que le covoiturage et les transports en commun

La part du transport des sportifs et des équipes encadrantes est, quant à elle, relativement faible comparée à celle des spectateurs, puisqu’elle représente environ 3 % des émissions. Toutefois, les distances parcourues, souvent plus élevées que pour les spectateurs, ainsi que le respect d’un calendrier sportif contraignant, tendent à faire de l’avion le mode de transport privilégié des joueurs, avec peu d’alternatives possibles.

 

La promotion de plats carnés pointée du doigt

 

Contribuant à environ 15 % des émissions totales, les aliments et les boissons représentent le deuxième poste d'émission des événements sportifs. 

Le type d’aliment consommé est toutefois déterminant sur la quantité d’émissions : un plat à base de viande bovine engendrant 12 fois plus de gaz à effet de serre qu’un plat végétarien, selon l’Agence de la transition écologique. Alors que la majorité des plats servis lors des matchs sont à base de viande, le rapport pointe la nécessité de se tourner vers des alternatives végétales pour réduire ce poste d’émissions.

 

Les téléspectateurs ont aussi un impact carbone

 

La diffusion d'un match à la télévision implique plusieurs étapes consommatrices d'énergie et de ressources, allant de la capture du signal dans le stade à sa retransmission via les infrastructures du réseau jusqu'à l'utilisateur final et sa télévision. 

Selon les audiences moyennes sur un match de Ligue 1, la retransmission représente environ 5 % de l'ensemble de l’empreinte carbone de l’événement. Cette estimation varie toutefois considérablement en fonction des rencontres. En cas de match à fort enjeu par exemple, si l’audience double, l’empreinte carbone doublera.

 

Les angles morts du rapport  : déchets, pollution et biodiversité

 

Le rapport se concentre exclusivement sur les émissions de gaz à effet de serre laissant de côté d'autres impacts environnementaux moins liés au carbone, mais tout aussi néfastes pour l’environnement. 

Par exemple, les déchets ne représentant que 2 % des émissions de gaz à effet de serre générées, tandis que le merchandising n’y contribue qu'à hauteur de 1 %. Pourtant, déchets et merchandising génèrent de la pollution plastique et chimique ainsi que des impacts néfastes sur la biodiversité et les ressources en eau.

Certains postes, comme les flux de transport des marchandises, les émissions fugitives des climatisations et les flux numériques hors diffusion, sont absents du périmètre de l'étude en raison de la difficulté d'accès aux données.

Il est à noter que ces résultats sont préliminaires. Les conclusions définitives ainsi que les recommandations seront présentées dans le rapport final prévu pour l'été.

 

Félicité Dussel   

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