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Par Carenews INFO - Publié le 3 mai 2024 - 11:00 - Mise à jour le 6 mai 2024 - 10:50
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TRIBUNE - Le lien social, un investissement d’avenir !

Acteurs publics et privés doivent investir davantage dans le lien social ; nous avons tous à y gagner. Dans cette tribune, Tarik Ghezali et Nathalie Gatellier, cofondateurs de La Fabrique du Nous, plaident pour que la France de demain ne soit pas simplement connectée technologiquement mais aussi humainement !

Jeunes volontaires de L'Heure civique du collège Sainte-Marie de Chavagnes-en-Paillers (Vendée) à la résidence Ranfray (Ehpad). Crédit : L'Heure civique.
Jeunes volontaires de L'Heure civique du collège Sainte-Marie de Chavagnes-en-Paillers (Vendée) à la résidence Ranfray (Ehpad). Crédit : L'Heure civique.

 

Des chômeurs qui retrouvent plus vite un emploi grâce à la confiance, aux conseils et au réseau d’un mentor. Des étudiants qui gagnent du pouvoir d’achat en cohabitant gracieusement avec une personne âgée, en échange de quelques heures de présence et de partage. Des malades convalescents qui libèrent des lits d’hôpitaux en rentrant plus tôt chez eux, se sachant entourés. Des pompiers qui se concentrent sur leur vocation première (le feu !) car des voisins attentionnés prennent en charge des situations les mobilisant à tort. 

Voici quelques exemples parmi d’autres de liens sociaux efficaces qui génèrent aussi des économies pour la collectivité, en évitant des dépenses de santé, de soin, de logement ou de chômage. 

Et qui rappellent cette évidence, trop souvent méconnue : le lien social, au sens de ce qui développe les relations de qualité entre les gens, dans leur diversité, est un investissement « rentable » ! 

 

Une crise du lien 

 

Investir sur le lien social est d’autant plus impératif que le corps social a été éprouvé ces dernières années par des crises du lien à répétition : gilets jaunes, confinement lié au Covid, mobilisations contre la réforme des retraites, émeutes urbaines… Il est aussi fragilisé par une actualité particulièrement anxiogène qui favorise, pour se protéger, le repli et l’entre-soi. 

Aux États-Unis, on parle même d’une « épidémie de solitude » ; le problème est désormais appréhendé comme un enjeu de santé publique et un « Social Connection Act » est à l’étude au Congrès. 

Bonne nouvelle, les solutions créatrices de lien social existent et foisonnent plus que jamais et partout en France, portées par des opérateurs associatifs, des collectivités, des entreprises ou encore des écoles. 

Des mairies et des départements développent ainsi « l’heure civique », idée simple et géniale selon laquelle « on a tous une heure à donner à son voisin » ! Des cafés et restaurants se démultiplient pour retrouver de la chaleur humaine en proximité : le réseau des « petites cantines », les Social bars, Kawaa, Wanted Café ou encore le programme « 1000 cafés » dans les villages… Il y a un fort besoin : depuis un siècle plus de 90 % des bars ont disparu !

En lien avec des associations spécialisées, des entreprises ouvrent leurs bureaux vides à des « invités » sans-abris, les soirs et weekends (Les Bureaux du cœur). Des écoles cherchent également à brasser davantage les élèves : plus on se mélange intelligemment enfants, moins on se dérangera adultes ! Citons le lycée Toulouse-Lautrec (Essonne), où étudient avec succès élèves en situation de handicap et non handicapés. Ou encore l’école Ozanam (quartiers Nord de Marseille) où enfants de CSP+ et de familles défavorisées grandissent ensemble en humanité. 

 

Des Territoires « démonstrateurs » 

 

Ces initiatives ne sont pas marginales ou périphériques. Par milliers, elles maillent le territoire national, loin des radars médiatiques. Agiles, éprouvées, « rentables », il faut changer de regard et investir massivement sur elles comme on le fait « naturellement » sur l’avion à hydrogène ou les RER métropolitains… La France de demain devra être connectée technologiquement mais aussi et surtout humainement !

Et c’est au niveau local, en proximité, que la différence pourra être faite. En partenariat fort avec les « touilleurs en chef » que sont les maires. 

Concentrons ainsi les efforts dans la durée sur quelques territoires pionniers, pour faire la différence et la preuve. 

Mobilisons des leviers d’investissement publics comme le SGPI (Secrétariat général pour l’investissement) et privés, avec de grandes fondations, entreprises et mécènes.  

Des acteurs philanthropiques, comme la Fondation de Marseille, agissent d’ailleurs déjà, à l'échelle de territoires de vie, avec une ambition forte de lien social. Le lien social s’affirme aussi au sein d’une philanthropie plus familiale (comme Hashtag Marseille, Hoppenot ou Kaleïdoscope par exemple). 

Ce défi est également plébiscité par les clients de certains « family offices », comme Agami (leader en France). Se développent enfin des « contrats à impact », mécanisme financier innovant qui permet de rémunérer l’investissement privé sur du lien social, à partir des économies générées pour la puissance publique.

Tous ensemble, engageons ainsi au moins 10 % des habitants de quelques territoires pionniers dans des actions leur permettant de se connaître, de se rencontrer, de s’entraider, de débattre et, in fine, de bien vivre ensemble. Pour créer un effet de contagion et franchir un « point de bascule » irréversible… On a tous à y gagner ! 

 

Tarik Ghezali et Nathalie Gatellier, cofondateurs de La Fabrique du Nous 

 

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