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Par Carenews PRO - Publié le 9 juillet 2024 - 09:00 - Mise à jour le 25 juillet 2024 - 15:29 - Ecrit par : Camille Dorival
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« La solidarité, c’est l’ADN de la Macif », entretien avec Jean-Louis Grosse-Delasalle

La Macif célèbre cette année les 50 ans de son Fonds de solidarité. Depuis sa création en 1960, la mutuelle d’assurance repose sur des valeurs de solidarité, d’inclusion et de démocratie, estime son président actuel, Jean-Louis Grosse-Delasalle. Elle vient par ailleurs de définir une feuille de route politique autour du climat et des transitions.

Ancien délégué de proximité de la mutuelle d'assurance, Jean-Louis Grosse-Delasalle a été élu président de la Macif en juin 2023. Crédit : Macif.
Ancien délégué de proximité de la mutuelle d'assurance, Jean-Louis Grosse-Delasalle a été élu président de la Macif en juin 2023. Crédit : Macif.

 

 

  • La Macif célèbre cette année les cinquante ans de son Fonds de solidarité. De quoi s’agit-il et dans quel but a-t-il été créé ?

 

Le Fonds de solidarité de la Macif a été créé en 1974. C’était la période du premier choc pétrolier et de la fin des Trente glorieuses. Le directeur général de la Macif de l’époque, Jacques Vandier, a capté certains signaux faibles qui commençaient à apparaître, avec les débuts de la hausse du chômage. Il a alors souhaité la création de ce dispositif, extrêmement novateur pour l’époque.

Ce fonds, géré par une association, fonctionne en toute autonomie vis-à-vis de la Macif, qui lui verse une dotation de 4 millions d’euros par an. Ce montant est voté en assemblée générale. Il permet d’allouer une aide financière exceptionnelle à des sociétaires Macif confrontés à un sinistre ou un préjudice non couvert par leur contrat d’assurance habitation ou véhicule. Il peut s’agir par exemple d’un véhicule à l’arrêt endommagé par la chute d’un arbre. En fonction de la situation personnelle du sociétaire, nous pouvons l’aider à financer les réparations de son véhicule, en tenant compte de ses besoins vitaux, ce qui normalement n’est pas couvert par les assurances.

Le Fonds de solidarité étudie ainsi près de 3000 dossiers chaque année, qui sont très largement acceptés. Les dossiers nous arrivent principalement par deux biais : les conseillers des points d’accueil de la Macif, qui sont bien placés pour repérer les sociétaires en difficulté, et notre service d’accompagnement ou en ligne, Macif Solidarité Coups durs, numéro gratuit créé en 2020 pour orienter nos sociétaires vers des dispositifs de solidarité Macif ou des dispositifs d’aides publics, nationaux ou régionaux, qui ne sont pas toujours très bien connus.

Le Fonds de solidarité est aussi pour la Macif une façon de repérer certains risques mal couverts, et peut nous amener à faire évoluer nos contrats d’assurance.

 

  • Vous avez également développé d’autres dispositifs de solidarité. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

 

Nous disposons aussi d’un Fonds d’action sociale, qui est l’équivalent du Fonds de solidarité mais pour la santé et la prévoyance. Il intervient notamment sur les soins dentaires, qui peuvent représenter un reste à charge trop important pour nos sociétaires en difficulté.

En 1999, nous avons également mis en place la « prestation solidarité chômage » : grâce à ce dispositif, la Macif prend en charge 99 % de la prime d’assurance des véhicules de nos sociétaires sans emploi, pendant un an, renouvelable une fois, et sous certaines conditions. Cela permet d’éviter que les personnes sans emploi renoncent à assurer leur véhicule, car en cas de sinistre, cela peut les mettre dans de graves difficultés.

 

  • Pourquoi cet accent mis par la Macif sur les questions de solidarité ?

 

C’est l’ADN des mutuelles en général et de la Macif en particulier. Dès la création de la mutuelle, en 1960, nous avons souhaité permettre au plus grand nombre possible de personnes de s’assurer, en leur proposant des tarifs accessibles.

Les valeurs que nous défendons sont celles de la solidarité, de la fraternité, de l’inclusion, mais aussi de la démocratie. Cette dernière valeur se traduit dans notre gouvernance. Depuis 1973, les cinq organisations syndicales représentatives (CFDT, CGT, Force ouvrière, CFTC, CFE-CGC) siègent à notre conseil d’administration, de même que des représentants de l’économie sociale et solidaire et des représentants des professions indépendantes. Cela permet à la Macif de prendre ses décisions en se nourrissant des remontées faites par les différentes composantes de la société civile et par ses corps intermédiaires.

Les valeurs que nous défendons sont celles de la solidarité, de la fraternité, de l’inclusion, mais aussi de la démocratie.

 

Nous nous appuyons aussi sur 1200 délégués, répartis sur tout le territoire français, qui vont à la rencontre des sociétaires pour échanger et faire remonter leurs besoins. En 2023, ils ont mené 3600 actions sur le terrain, notamment des actions de prévention des risques.

 

  • Vous avez été élu président de la Macif en juin 2023. Comment êtes-vous arrivé à cette fonction ?

 

À l’origine, je suis un spécialiste des risques industriels. J’ai créé ma société de conseil et de formation sur ces sujets. Parallèlement, j’ai toujours été assuré à la Macif. Il y a une quinzaine d’années je suis tombé sur un article du magazine de la Macif envoyé aux sociétaires, indiquant que la mutuelle recherchait des candidats pour devenir délégué de proximité. Je suis allé dans une agence, j’ai présenté ma candidature, je suis devenu délégué régional en tant que représentant des professions indépendantes, puis délégué national, administrateur, vice-président et finalement président. Aujourd’hui, je suis toujours chef d’entreprise mais non opérationnel, et je consacre 95 % de mon temps à la présidence de la Macif.

 

  • Quelles sont vos priorités en tant que président de la Macif ?

 

Lors de notre dernière assemblée générale, en juin 2024, nous avons présenté une nouvelle feuille de route politique pour quatre ans, axée sur le climat et les transitions. La question environnementale est le grand défi actuel, et elle est très liée aux enjeux de solidarité. Le changement climatique entraîne de nombreuses conséquences : inondations, incendies, fissures dans les habitations… Et d’autres plus insidieuses encore : on constate par exemple une augmentation des maladies cardiaques, mais aussi une augmentation des espèces invasives, qui peuvent entraîner de nouvelles maladies. Les épisodes de grande sécheresse, tels qu’on les a connus récemment, vont se reproduire tous les 3 ou 4 ans. Cela aura aussi des incidences importantes sur notre alimentation. Pourtant on constate encore une grande méconnaissance du public sur ces sujets.

À la suite de notre assemblée générale, j’ai demandé à nos délégués de réfléchir cet été aux actions qu’ils souhaiteraient mener sur le terrain autour de cette feuille de route. Nous déterminerons notre plan d’action à la rentrée en fonction de leurs suggestions.

​​En tant qu’investisseur institutionnel, la Macif est également très attentive à protéger le climat et la biodiversité. Par exemple, en juin dernier, nous avons ​​réalisé des désinvestissements auprès de trois sociétés pétrolières - BP, Repsol et Shell -, dans le but d’intensifier notre stratégie de décarbonation. ​​​ ​Cela nous a permis de diminuer l’intensité carbone de nos portefeuilles d’investissement de près de 20 % par rapport à 2022.​​ ​​​ 

​​​​​Nous entendons aussi agir davantage pour protéger la biodiversité en luttant contre les pollutions et contre l’extinction des espèces occasionnées par les biocides et autres produits dangereux. Depuis le début 2024, nous avons donc mis en place une ​​stratégie d’exclusion de ces produits dans le cadre de la gestion de nos investissements. ​​Nous ​​sommes par ailleurs engagés depuis 2022 contre la déforestation causée par la culture de l'huile de palme.

 

Propos recueillis par Camille Dorival 

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