RSE : 6 conseils avant de se lancer dans un bilan carbone
Quelles sont les bonnes (ou mauvaises) raisons de se lancer dans le bilan carbone de son entreprise ? Nina Donard, fondatrice de NO²W une organisation certifiée qui accompagne les entreprises dans la comptabilisation de leurs émissions carbone nous livre quelques conseils.
La publication du bilan d’émissions de gaz à effet de serre est obligatoire, selon le code de l’environnement, pour les services de l’État, les collectivités territoriales de plus de 50 000 habitants et les établissements publics de plus de 250 agents et les entreprises de plus de 500 salariés. Dans un contexte d’urgence climatique, de plus en plus de structures qui n’y sont pas contraintes par la loi souhaitent s’engager dans cette démarche. Avant de se lancer dans cette comptabilisation, Nina Donard, fondatrice de NO²W nous livre quelques conseils.
Parler de « bilan carbone » est un abus de langage. En effet, le Bilan Carbone est une marque déposée. Il s’agit d’une méthodologie créée par l’Ademe et portée par l’Association pour la transition Bas Carbone.
Il existe d’autres méthodes à l’international. On parle donc d’un « bilan des émissions de gaz à effet de serre » ou de la « comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre ».
Les « facteurs de réussite »
- L’implication de la direction générale
La comptabilisation des émissions carbone de son entreprise n’est pas « qu’une affaire des collaborateurs ou du service RSE ». Cette démarche doit faire partie d’une vision stratégique de l’entreprise et doit donc « être portée au plus haut niveau de l’entreprise ». Il est important que la direction générale soit impliquée afin de mettre en place, à terme, un plan d’action visant à réduire l’impact carbone de l’entreprise.
- Sensibiliser et former l’ensemble des collaborateurs
Durant le diagnostic, les collaborateurs seront sollicités et participeront à la collecte des données. C’est pourquoi il est important de les sensibiliser et les former afin de les impliquer dans la démarche et les enjeux de la lutte contre le réchauffement climatique : « Il est nécessaire que l’ensemble des personnes fasse partie de cette mission. » Ce temps est le « point phare » de la méthode du Bilan Carbone.
- Se faire accompagner pour le premier exercice puis internaliser cette expertise
Est-il obligatoire de se faire accompagner ? Nina Donard conseille aux entreprises de se faire accompagner durant le premier exercice tout en identifiant un pilote de projet interne qui sera formé à la méthode et pourra ensuite superviser les futurs diagnostics : « J'espère qu’un jour le travail de consultant en carbone disparaitra et que les enjeux seront vraiment intégrer à la même échelle que les autres enjeux stratégiques. »
- Consulter l’annuaire de l’ABC pour choisir un prestataire
Comment choisir son prestataire ? L’Association pour la transition Bas Carbone, l’ABC a référencé les prestataires certifiés et formés à la comptabilité carbone. Les entreprises peuvent ainsi les retrouver selon le secteur d’activité ou la localisation géographique.
Qu’en est-il des solutions telles que Greenly ou Carbo ? Il s’agit d’outils qui vont faciliter le calcul des émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise. « Ces calculateurs sont des aides de facilitation, mais qui ne doivent pas se détacher d’un consultant. » Point de vigilance : il est important de s’assurer que ces solutions collectent les données en « unités de consommation exprimées en kilogrammes ou encore tonnes/km et non en ratio monétaire ». Les données de « flux physiques » limitent les incertitudes et permettront d’orienter correctement les actions à mettre en place pour réduire les émissions carbone de l’organisation.
Les mauvaises raisons de se lancer dans un bilan carbone
- Vouloir aller trop vite
Le diagnostic carbone d’une entreprise n’est pas un « simple calcul qui peut être réalisé en un mois ». En moyenne, pour le premier exercice, l’accompagnement est de six à huit mois. L’entreprise doit être « prête à avoir des sollicitations ou bloquer des temps pour ces contributeurs ».
- Vouloir se donner une bonne image ou se comparer à d’autres structures
Attention au greenwashing ! Une entreprise ne doit pas vouloir se lancer dans un bilan carbone avec l’unique motivation de pouvoir communiquer dessus auprès de ses clients ou collaborateurs. L’objectif premier est de déterminer un plan d’action pour réduire son impact environnemental à moyen et long terme ! Autre point d’attention : « L’objectif n’est pas de déterminer un coupable ou un responsable, mais de donner une image à l’instant T de ce qu’une structure émet. » Dernier point : la solution pour réduire son impact n’est pas la compensation carbone, « il faut réduire tout ce qu’on peut réduire avant de penser à la compensation. »
Lisa Domergue 
