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Par Chroniques philanthropiques par Francis Charhon - Publié le 9 février 2023 - 18:02 - Mise à jour le 9 février 2023 - 18:02
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[POINTS CLÉS] L'interview de Sophie Pouget, Fondation RAJA Danièle Marcovici

Les points clés complètent l’interview pour donner au lecteur un résumé des points remarquables avant de rentrer dans le détail. Dans la défense du droit des femmes l’action des acteurs de la philanthropie est essentielle car ils agissent concrètement sur le terrain mais aussi engagent de nombreuses actions de plaidoyer pour faire bouger les lignes. Sophie Pouget détaille son engagement et celui sa fondation.

[POINTS CLÉS] L'interview de Sophie Pouget, Fondation RAJA Danièle Marcovici. Crédit visuel : Carenews.
[POINTS CLÉS] L'interview de Sophie Pouget, Fondation RAJA Danièle Marcovici. Crédit visuel : Carenews.

Une fondation totalement engagée pour défendre les droits des femmes et des filles

La Fondation RAJA-Danièle Marcovici, abritée par la Fondation de France, a été créée en 2006.  Elle est la première fondation qui se consacrait à 100 % à la problématique de défense des droits des femmes et des filles en France et dans le monde avec une vision transversale et globale structurée autour de quatre axes.

Lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles 

La lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles a des dimensions différentes selon que l’action se situe en France ou dans d’autres pays du monde. Elle a monté des partenariats de longue date avec, par exemple, La Maison des Femmes qui coordonne le collectif de bailleurs « Re#start ». Ce collectif soutient le projet d’essaimage des maisons des femmes dans toute la France. Il a pour objectif de coordonner le soutien financier qui peut être octroyé aux nouvelles structures éligibles au soutien de l’État via le financement par la Mission d’intérêt général dédiée aux violences. Cette approche a le mérite de concilier autant les besoins des associations que ceux des bailleurs. C’est un exemple efficace démontrant qu’il est possible de travailler de façon collaborative afin d’alléger la charge de travail d’associations qui doivent investir du temps et des ressources humaines dans la collecte de fonds. Le sport permet aussi une reconstruction : Les Puncheuses par la boxe,  Fight for Dignity  par le karaté, Loba par la danse.

L’éducation

Accès à l’éducation et au leadership, là encore avec des approches différentes suivant les contextes. Dans les écoles, des actions de sensibilisation aux stéréotypes sont menées, car c’est à l’école, vers l’âge de six à neuf ans, que les stéréotypes de genre s’installent et se reproduisent et, qu’ensuite, des mécanismes négatifs peuvent se mettre en place

Insertion professionnelle

Un troisième axe est consacré à l’insertion professionnelle et l’accès aux droits économiques des femmes. Les femmes en grande précarité ont besoin d’avoir accès à l’emploi, mais elles ont aussi besoin de se reconstruire. Ces femmes, pour certaines, ont fui le domicile conjugal, ont subi des violences, ont été battues et violées, parfois pendant des années, et certaines sont en sortie de prostitution. Il en résulte une estime d’elles-mêmes totalement détruite. La reconstruction n’est pas aisée. La fondation soutient beaucoup de chantiers d’insertion, par exemple l’association Le Chemin des Fleurs en Essonne qui fait partie du Réseau Cocagne et qui vise à permettre à des femmes, et aussi pour partie des hommes, en situation de très grande précarité, d’avoir accès à une première activité professionnelle. Dans les chantiers d’insertion, il peut y avoir des tensions. Parfois, le fait d’être en petits groupes et en non-mixité permet d’établir une confiance et une écoute mutuelle. Ce sont quelques heures par semaine autour de l’horticulture. Le travail de la terre et de la coupe de fleurs est vertueux et valorisant pour des personnes qui ont besoin autant d’attention et de reconnexion avec la nature et le beau que de reconstruction personnelle et de réapprentissage du travail. Carton Plein a fait une étude sur cette démarche pour faire le point sur l’intérêt de ces ateliers en non-mixité. 

Genre et climat

Les femmes sont les premières victimes des changements climatiques. Parmi les réfugiés climatiques et lors des mouvements de populations à la suite de catastrophes environnementales, 80 % des personnes directement touchées sont des femmes. De plus, bien souvent, ce sont les femmes qui travaillent la terre, vont au puits pour chercher l’eau... Ce sont elles qui sont en première ligne sur les activités d’accès à l’alimentation, de travail de la terre, donc du soin que nous pouvons apporter à notre planète. Ainsi, les dimensions égalité femmes-hommes et protection de l’environnement sont complémentaires et sont transversales à tous les grands enjeux sociétaux d’aujourd’hui. On lira avec intérêt les engagements du « Génération Equality Forum ». Il est possible de consulter l’avancement des engagements pris en ligne. De plus en plus d’organisations internationales s’intéressent à cette approche. L’AFD a publié avec Sciences Po une étude intéressante sur ce sujet

Pour une justice spécialisée

Le sujet d’une justice française spécialisée en matière de violences conjugales et intrafamiliales peut se poser et a été traité lors du colloque que la fondation a organisé au Barreau de Paris le 12 décembre dernier.  

Il était important de contribuer à ce débat, puisqu’une mission interparlementaire, composée de la sénatrice Dominique Vérien et la députée Emilie Chandler, travaille sur ce sujet depuis septembre 2022. Dans un contexte de violences conjugales et violences intrafamiliales, les enfants sont aussi co-victimes et il ne faut pas les oublier. Le travail en silo peut amener des décisions qui ne vont pas dans le sens d’une bonne justice, avec parfois des personnes condamnées pour violences conjugales qui conservent l’autorité parentale sur des enfants co-victimes. Le législateur regarde désormais du côté de pays comme l’Espagne ou le Québec, qui ont mis en place des approches permettant au système judiciaire d'agir globalement sur ces questions.

Un combat à partager

La fondation a pour objectif de faire remonter les revendications des associations, d’impliquer des experts et de mobiliser l’ensemble des acteurs de notre écosystème. Le 25 novembre 2022, la fondation a participé à l’Université de la Terre, à l’UNESCO, avec plusieurs partenaires dont deux associations historiques engagées pour les femmes, la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) qui est l’association qui gère le 3919 et la Fédération nationale des comités d’information des droits des femmes et des familles (FNCIDFF). Halimata Fofana, écrivaine engagée contre l’excision, est venue témoigner de son expérience et Iris Maréchal, qui dirige l'Observatoire Étudiant des Violences Sexuelles et Sexistes dans l'Enseignement Supérieur, a pu s’exprimer sur l’ampleur des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur. C’est un sujet dont on ne parle pas assez et qu’on mesure mal. Il était important d’en parler. 

Sophie Pouget nous indique qu’elle est déterminée à sensibiliser ses collègues des fonds et des fondations à la question de l’égalité femme-homme et aux droits des femmes. Comme l’environnement, c’est un sujet transversal qui peut être porté par chacun. Une étude de la Fondation de France de 2018 montrait que 7 % des fondations soutenaient la cause des femmes, contre 2 % en 2013. En mars 2022, la Fondation de France indiquait qu’une quarantaine de fondations étaient concernées par la cause des droits des femmes sur les 900 fondations abritées Trop peu de fondations se saisissent de la question de l’égalité entre les femmes et les hommes, des droits des femmes. Les budgets sont aussi en conséquence, bien trop faibles : 5 millions d’euros ont été engagés par la Fondation de France et ses fondations abritées en 2022, c’est à peine 10 % du budget de l’État qui est consacré à l’égalité femme-homme (57,7 millions d’euros pour 2023). Cela interpelle !

 

À lire
Lisez l'interview complète de Sophie Pouget, directrice générale de la Fondation RAJA Danièle Marcovici, sur le blog Chroniques philanthropiques.

 

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