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Par Chroniques philanthropiques par Francis Charhon - Publié le 6 février 2023 - 17:59 - Mise à jour le 13 février 2023 - 12:17
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[INTERVIEW] Sophie Pouget, Fondation RAJA-Danièle Marcovici : « défendre à toute force les droits des femmes et des filles »

Fondée en 2006 sous l'impulsion de Danièle Raja-Marcovici, la Fondation RAJA-Danièle Marcovici agit en France et à l'international pour la défense des droits des filles et des femmes. Quelles sont les projets soutenus par la fondation ? Comment et avec qui agit-elle ? Les explications de Sophie Pouget, sa déléguée générale.

[INTERVIEW] Sophie Pouget, Fondation RAJA-Danièle Marcovici : « défendre à toute force les droits des femmes et des filles ». Crédit photo : DR.
[INTERVIEW] Sophie Pouget, Fondation RAJA-Danièle Marcovici : « défendre à toute force les droits des femmes et des filles ». Crédit photo : DR.
  • Sophie Pouget, vous dirigez la Fondation RAJA-Danièle Marcovici. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette fondation ?  

 

La Fondation RAJA-Danièle Marcovici, créée en 2006, est abritée par la Fondation de France. Elle résulte de l’engagement personnel de la Présidente-Directrice Générale du Groupe RAJA, Danièle Kapel-Marcovici, qui a souhaité créer une entité engagée dans la défense des droits des femmes et des filles en France et dans le monde. La société RAJA a été créée en 1954 à Belleville par Rachel Marcovici et Janine Rocher, d’où le nom de RAJA. Cette maison d’emballage et de fournitures d’entreprise s’est développée progressivement.  Danièle Kapel-Marcovici a repris la direction du Groupe RAJA dans les années 1980 et l’a amené à une position de leader européen avec une présence dans 19 pays. Aujourd’hui, le groupe possède 25 filiales (Office Dépôt, Viking, Bernard, JPG…) et représente 4 500 collaboratrices et collaborateurs dans toute l’Europe. La Fondation a été créée avec une mission globale de défense des droits des femmes que nous portons toujours et qui s’est structurée au fil du temps. Nous travaillons à 360° sur les questions des droits des femmes et des filles en France et dans le monde. Notre couverture géographique est ouverte sur le monde entier

 

  • Quel est votre parcours ?

 

Je suis une ancienne avocate d’affaires. Après quelques années d’exercice, j’ai décidé de m’engager dans une activité correspondant davantage à mes convictions personnelles. Je suis partie aux États-Unis où j’ai travaillé à la Banque Mondiale pendant six ans, au sein des équipes de la Société Financière Internationale en charge des activités de conseil auprès des pays clients de la Banque. Quand je suis revenue en France il y a cinq ans, j’ai eu des activités très engagées sur les questions d’accès aux droits fondamentaux des personnes en situation irrégulière, à Calais notamment. Sans faire de politique, j’ai la conviction qu’en France nous devons garantir de manière inconditionnelle, à toutes et tous, l’accès aux droits les plus élémentaires, et particulièrement le droit à l’eau potable et à l’assainissement. Et ce n’est pas le cas !

Une création innovante et originale

  • En 2006, le thème d’action de votre fondation était assez original à l’époque.

 

En effet, la Fondation RAJA-Danièle Marcovici est la première fondation qui se consacre à 100 % à cette problématique, avec une vision transversale et globale. Depuis 2006, nous avons structuré nos activités autour de quatre axes.

Le premier axe est la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, avec des dimensions différentes selon que l’on agit en France ou dans d’autres pays du monde. Le deuxième est celui de l’accès à l’éducation et au leadership, là encore avec des approches différentes suivant les contextes. En France, nous soutenons des projets de lutte contre les stéréotypes dans les écoles et, par exemple, en Afghanistan, des cours clandestins pour les jeunes filles. Un troisième axe est consacré à l’insertion professionnelle et l’accès aux droits économiques des femmes. Nous soutenons là, par exemple, beaucoup de chantiers d’insertion. Le dernier axe est consacré à la question du genre et du climat, et a été créé à l’occasion de la COP21. Cet axe est financé notamment par une opération de produits-partage qui permet à l’ensemble des filiales du groupe de se mobiliser sur ce sujet, et de promouvoir les actions des femmes en faveur de l’environnement. Cette approche est essentielle, car elle croise deux sujets importants : celui de l’égalité femmes-hommes et celui de la lutte contre le dérèglement climatique. De plus en plus d’organisations internationales s’intéressent à cette approche et, d’ailleurs, l’AFD a publié avec Sciences Po une étude intéressante sur ce sujet .Cette approche nous amène à cofinancer, par exemple, des associations qui se consacrent à la place des femmes agricultrices engagées dans l’agroécologie et l’agriculture durable.  

 

  • Quel est votre budget annuel et combien de projets soutenez-vous ?

 

Notre budget annuel est d’environ 1,5 million d’euros, dont un million d’euros en dotations. Nous fonctionnons par appels à projets et partenariats. L’an dernier, à l’occasion des 15 ans de la fondation, Danièle Kapel-Marcovici a augmenté le budget des dotations de 50 %. Cela nous a permis de mettre en place un fonds d’urgence de 200 000 euros et des projets en Afghanistan et en Ukraine

En 2022, nous avons reçu 450 candidatures en réponse à notre appel à projets. Pour les projets que nous n’avons pas pu soutenir, nous essayons de trouver d’autres bailleurs. Nous collaborons notamment avec l’AFD qui soutient des organisations de la société civile, dans le cadre de son appel à manifestation d’intérêt. C’est important car, en pratique, il est très fréquent que l’AFD finance des projets que nous finançons, et inversement bien sûr. Nous sommes aussi en lien avec des fondations telles que la Fondation CHANEL, la Fondation l’Oréal, la Fondation Kering ou encore la Fondation des Femmes. 

 

  • Si nous prenons les projets de Kaboul et d’Ukraine, comment opérez-vous ?

 

Pour l’Afghanistan, nous sommes en contact régulier avec l’association FEMAID fondée par Carol Mann, qui est une sociologue spécialiste des questions de genre et conflit armé. 

Pour l’Ukraine, la fondation a pu compter sur le réseau de collaboratrices et collaborateurs RAJA en Pologne, en Roumanie, en République Tchèque et en Hongrie. RAJA Pologne, par exemple, soutenait le Women’s Right Center depuis longtemps, car c’est une association polonaise très engagée sur les droits des femmes avec un maillage territorial dans toute la Pologne. Grâce à notre représentant en Pologne, nous sommes entrés en contact avec Urszula Nowakowska, présidente de l’association, et nous avons pu octroyer un financement permettant à l’association de proposer des solutions d’hébergement et du soutien psychologique pour les femmes ukrainiennes.

Lutter contre la violence

  • Votre premier axe est celui de la lutte contre les violences. Quelle est votre façon de faire, parce que le champ est très large ?

 

Nous sommes une fondation distributrice et finançons les actions qui nous paraissent les plus intéressantes dans le cadre d’appels à projets. Avec nos partenaires de longue date, nous avons des relations plus suivies, comme par exemple avec La Maison des Femmes qui coordonne le collectif de bailleurs « Re#start » . Ce collectif soutient le projet d’essaimage des maisons des femmes dans toute la France et a pour objectif de coordonner le soutien financier qui peut être octroyé aux nouvelles structures éligibles au soutien de l’État via le financement par la Mission d’intérêt général dédiée aux violences. Cette approche a le mérite de concilier autant les besoins des associations que ceux des bailleurs. C’est un exemple efficace démontrant qu’il est possible de travailler de façon collaborative afin d’alléger la charge de travail d’associations qui doivent investir du temps et des ressources humaines dans la levée de fonds. 

 

  • Pouvez-vous nous expliquer brièvement ce qu’est la Maison des femmes ?

 

La Maison des femmes est un lieu d’accueil et de prise en charge des femmes victimes de violence qui dépend de l’Hôpital Delafontaine à Saint-Denis et qui a été fondé par la gynécologue-obstétricienne Ghada Hatem. Ce centre de soins externe comprend trois unités : un centre de planification familiale, une unité de prise en charge des mutilations sexuelles et une unité de prise en charge des violences sexuelles et sexistes. C’est un lieu holistique où les femmes peuvent se ressourcer, se confier et surtout s’adresser à des médecins qui sont sensibilisés, formés et savent comment orienter ces femmes. En plus de la prise en charge des séquelles physiques, somatiques et psychiques des violences, les personnes peuvent aussi bénéficier d’un accompagnement social et juridique et peuvent même porter plainte sur place. 

 

  • La fondatrice est absolument extraordinaire…

 

Tout à fait !  C’est important de la soutenir, tout comme d’autres acteurs engagés.

Notre Fondation mène des activités de plaidoyer avec certains de ces acteurs. Notre objectif est de faire remonter les revendications des associations que nous soutenons, d’impliquer des experts et de mobiliser l’ensemble des acteurs de notre écosystème. Concrètement, le 25 novembre 2022, nous avons participé à l’Université de la Terre, à l’UNESCO, avec plusieurs partenaires dont deux associations historiques engagées pour les femmes, la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) qui est l’association qui gère le 3919 et la Fédération nationale des comités d’information des droits des femmes et des familles (FNCIDFF). Halimata Fofana, écrivaine engagée contre l’excision, est venue témoigner de son expérience et Iris Maréchal, qui dirige l'Observatoire Étudiant des Violences Sexuelles et Sexistes dans l'Enseignement Supérieur, a pu s’exprimer sur l’ampleur des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur. C’est un sujet dont on ne parle pas assez et qu’on mesure mal. Il était important de parler de tout cela dans un objectif de sensibilisation du grand public

Pour une juridiction spécialisée

  • Vous militez pour le décloisonnement des juridictions pour parvenir à une homogénéité de traitement ou une approche transversale des sujets plutôt qu’en silos. À l’exemple de la juridiction financière ou la juridiction anti-terroriste.

 

Le sujet est celui d’une justice spécialisée. Cela peut être le décloisonnement des juridictions, ou tout simplement la formation des professionnels de justice. À l’École Nationale de la Magistrature, il y a une formation sur les violences conjugales, mais est-elle suffisante ? À l’occasion du colloque  que nous avons aussi organisé au Barreau de Paris le 12 décembre dernier sur la question de la spécialisation de la justice française en matière de violences conjugales et intrafamiliales, nous avons posé ces questions à  l’association Droits d’Urgence, la FNSF, ainsi qu’à des avocats du Barreau de Paris et de Barcelone, et des magistrats. Nous ferons une restitution de ce colloque avec un rapport écrit qui va venir nourrir le débat.

Il était important de contribuer à ce débat, puisqu’une mission interparlementaire, composée de la sénatrice Dominique Vérien et la députée Emilie Chandler, travaille sur ce sujet, sur nomination du Garde des Sceaux, depuis septembre 2022. Les acteurs travaillent parfois de manière cloisonnée à l’exception de juridictions qui ont une approche plus globale (Nanterre, Bobigny, Nîmes…). Dans un contexte de violences conjugales et violences intrafamiliales, les enfants sont aussi co-victimes et il ne faut pas les oublier. Le travail en silo peut amener des décisions qui ne vont pas dans le sens d’une bonne justice, avec parfois des personnes condamnées pour violences conjugales qui conservent l’autorité parentale sur des enfants co-victimes. Le législateur regarde désormais du côté de pays comme l’Espagne ou le Québec, qui ont mis en place des approches permettant au système judiciaire d’avoir une vue globale sur ces questions. 

 

  • Vous êtes aussi actifs dans l’espace sportif qui semble un sujet ?

 

Sur ce sujet-là, nous travaillons avec l’association Les Puncheuses de Sarah Ourahmoune, la boxeuse, et nous avons été aux côtés de Laurence Fischer dont l’association s’appelle Fight for Dignity qui aide les femmes victimes de violences et de traumatismes à se reconstruire par le karaté, et de l’association Loba qui aide les femmes à se reconstruire par la danse. 

 

  • Je parlais du milieu du sport où l’on parle régulièrement des abus de la part de collègues, d’entraîneurs… que dénoncent les sportives. Ces abus arrivent dans des milieux fermés où il y a souvent beaucoup plus de capacité de violence, avec un manque de révélations possibles très marqué. 

 

Nous n’avons pas eu l’occasion de nous mobiliser. Le travail de journaliste comme Pierre-Emmanuel Luneau-Daurignac est très important et nous pourrions tout à fait envisager, dans le cadre des prochains jeux olympiques, d’initier une discussion sur le sexisme et les violences dans le sport. 

Éducation et insertion

  • Le deuxième axe, c’est l’éducation. Quelles sont vos ambitions ?

 

Nous finançons des actions de plaidoyer, par exemple des actions de sensibilisation aux stéréotypes dans les écoles. J’ai proposé au Cercle éducation du CFF de travailler sur ce sujet avec une intervention de la chercheuse Muriel Salle, chercheuse à l’Université de Lyon et spécialiste des questions de stéréotype de genre à l’école. On pourrait croire que ce n’est pas un sujet, que les filles et les garçons occupent l’espace scolaire à parts égales, mais c’est précisément à l’école, vers l’âge de six à neuf ans, que les stéréotypes de genre s’installent et se reproduisent et, qu’ensuite, des mécanismes négatifs peuvent se mettre en place

 

  • Qu’en est-il pour l’Insertion professionnelle, qui est le troisième axe d’intervention ?

 

Nous accompagnons, par exemple, l’association Le Chemin des Fleurs qui fait partie du Réseau Cocagne et agit en Essonne. C’est une association absolument extraordinaire dirigée par François Bataillard qui vise à permettre à des femmes, et aussi pour partie des hommes, en situation de très grande précarité, d’avoir accès à une première activité professionnelle. Ce sont quelques heures par semaine autour de l’horticulture. Je suis allée sur place pour passer une journée à travailler dans les serres avec certaines de ces femmes et c’est impressionnant. Le travail de la terre et de la coupe de fleurs est vertueux et valorisant pour des personnes qui ont besoin autant d’attention et de reconnexion avec la nature et le beau que de reconstruction personnelle et de réapprentissage du travail.

 

  • Ces hommes et femmes sont en situation précaire, mais pourquoi pensez-vous que les femmes méritent une attention supplémentaire à celle des hommes qui pourraient aussi aller travailler la terre et couper des fleurs ? 

 

Les femmes en grande précarité ont besoin d’avoir accès à l’emploi, mais elles ont aussi besoin de se reconstruire. Ces femmes, pour certaines, ont fui le domicile conjugal, ont subi des violences, ont été battues et violées, parfois pendant des années, et certaines sont en sortie de prostitution. Il en résulte une estime d’elles-mêmes totalement détruite.  La reconstruction n’est pas aisée. Dans les chantiers d’insertion, il peut y avoir des tensions et, parfois, le fait d’être en petits groupes et en non-mixité permet d’établir une confiance et une écoute mutuelles. Une autre association que nous accompagnons est Carton Plein, qui recycle des cartons usagés. Les cartons sont récupérés auprès de Monoprix, Ikea et d’autres enseignes, puis sont nettoyés et revendus. Et il y a là aussi des groupes qui travaillent en non-mixité. Carton Plein avait fait une étude sur cette démarche pour faire le point sur l’intérêt de ces ateliers en non-mixité. Il en était ressorti que c’était bénéfique pour ces femmes de se retrouver entre elles, pour instaurer plus de confiance, et pour qu’elles puissent plus facilement s’exprimer, notamment quand elles ont été victimes de violences. 

Mobiliser plus en France, en Europe et dans le monde 

  • Avez-vous développé des réseaux de partenaires pour amplifier votre action ? 

 

La Fondation est membre du CFF depuis maintenant dix ans. Comme la Fondation a un rayonnement dans toute l’Europe, du fait de son affiliation au Groupe RAJA, nous avons décidé de rejoindre Philéa, l’Association Philantropie Europe. Nous sommes aussi membres d’autres initiatives, dont particulièrement la coalition d’action « Action Féministe pour la Justice Climatique » qui a été lancée par ONU Femmes dans le cadre du Forum Génération Égalité . Ce Forum s’est tenu en 2021 au Mexique puis en France sous une présidence partagée entre la France, le Mexique et ONU Femmes. Ce Forum s’inscrit dans la suite de la 4e Conférence mondiale pour les femmes qui s’est déroulée à Pékin en 1995. Depuis lors, il n’y avait pas eu de nouvelle rencontre parce qu’il était trop compliqué pour l’ONU d’organiser une cinquième conférence mondiale. En proposant l’organisation de ce Forum au Président de la République française, ONU Femmes est sorti du cadre onusien traditionnel. Le résultat est un succès en ce qu’il prouve qu’il est possible de mettre en place une gouvernance inclusive, rassemblant quasiment tous les acteurs de changement : gouvernements, société civile, jeunes, organisations internationales, fondations, et entreprises le secteur privé. Ce Forum a rassemblé sur une base volontaire environ 90 États déterminés à promouvoir les droits des femmes et des filles. Cela a été l’occasion de lever 40 milliards de dollars et surtout de créer des six coalitions sur six thématiques différentes. Nous faisons partie de la coalition sur la justice climatique, avec un engagement financier de 1,5 million d’euros sur 5 ans. 

 

  • Qu’entend-on par « justice climatique » et genre ?

 

L’approche genre et climat est portée par de nombreuses banques de développement et autres organisations internationales, à la suite de plusieurs constats. D’abord, les femmes sont les premières victimes des changements climatiques. Quand on regarde les réfugiés climatiques et les mouvements de populations après des catastrophes environnementales, 80 % des personnes directement touchées sont des femmes. De plus, ce sont bien souvent les femmes qui travaillent la terre, vont au puits pour chercher l’eau... Ce sont elles qui sont en première ligne sur les activités d’accès à l’alimentation, de travail de la terre, donc du soin que nous pouvons apporter à notre planète. Ainsi les dimensions égalité femmes-hommes et protection de l’environnement sont complémentaires, et sont aussi toutes les deux transversales à tous les grands enjeux sociétaux d’aujourd’hui. 

Cette coalition d’action rassemble une douzaine d’États dont la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Suède et le Canada, des bailleurs, et de nombreux réseaux féministes engagés dans l’agroécologie, que j’ai pu rencontrer à la COP 27. Les coalitions d’actions sont très transparentes et il est possible de consulter l’avancement des engagements pris en ligne.  

  • Pensez-vous que toutes les actions que vous avez initiées portent leurs fruits de façon satisfaisante ?

 

Je suis déterminée à pousser nos sujets et sensibiliser nos collègues des fonds et des fondations à la question de l’égalité femme-homme et aux droits des femmes. Comme l’environnement, c’est un sujet transversal qui peut être porté par chacun de nous. Que l’on se consacre à des questions d’éducation, d’alimentation, d’insertion professionnelle, il y a toujours une dimension genrée. Or, une étude de la Fondation de France de 2018 montrait que 7 % des fondations soutenaient la cause des femmes, contre 2 % en 2013. En mars 2022, la Fondation de France indiquait qu’une quarantaine de fondations étaient concernées par la cause des droits des femmes sur les 900 fondations abritées. Trop peu de fondations se saisissent de la question de l’égalité entre les femmes et les hommes, et de celle, intrinsèquement liée, des droits des femmes, alors même que ce sont des enjeux que l’on retrouve partout et tout le temps. Les budgets sont aussi en conséquence, bien trop faibles : 5 millions d’euros ont été engagés par la Fondation de France et ses fondations abritées en 2022, c’est à peine 10 % du budget de l’État qui est consacré à l’égalité femme-homme (57,7 millions d’euros pour 2023). Cela interpelle !

 

  • On constate en effet que des sensibilisations sur la prise en compte du facteur environnemental existent maintenant comme une évidence mais pas encore sur le sujet de la vulnérabilité des femmes. 

 

Oui et pourtant c’est absolument essentiel car les inégalités femmes-hommes sont partout. Par exemple, dans le domaine de l’accès à l’emploi, 79 % des contrats à temps partiel sont occupés par des femmes. Aussi, comment ne pas prendre en compte cette dimension ? Je pense qu’il y a vraiment un travail important de pédagogie à faire. En ce sens, nous travaillons à constituer une coalition de fondations françaises engagées sur ces sujets, en réunissant aussi des acteurs qui ne sont pas obligatoirement spécialisés sur ces sujets. 

 

  • Vous pourriez vous inspirer de la coalition Climat qu’a montée Marie Stéphane Maradeix avec la Fondation Daniel et Nina Carasso qui se développe en France et à l’international.

 

C’est une bonne idée ! 

 

  • Un dernier mot ?

 

Le dynamisme insufflé par les différents réseaux auxquels nous appartenons, et les évènements comme les Ateliers du CFF à Annecy, sont fantastiques. Je pense qu’on peut être encore plus engagé, ensemble, afin d’exercer au mieux notre mission d’intérêt général. Nous avons, séparément autant que collectivement, une capacité à faire changer les choses.  

 

Propos recueillis par Francis Charhon

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