Climat : nous devons joindre les petits « gestes » à la « parole » génératrice de liens

Réduire le chauffage, trier ses déchets, manger moins de viande, mutualiser ses transports, acheter de la seconde main… Ces « petits gestes » comptent. On réalise qu’il nous faut sortir de l’ancien mode de prédation pour l’avenir de notre planète. 

Mais à quoi bon une planète propre si c’est pour y piétiner l’humain ?

En plus de préférer les douches aux bains, préférer l’entraide à l’individualisme. Joindre les « gestes » individuels à une « parole » universelle qui contiendrait aussi la possibilité de liens chaleureux, respectueux et réparateurs face aux aléas de la vie. Viser une vie sociale respirable pour tout le monde sans que certains soient abandonnés sur nos trottoirs à côté des poubelles ou invisibles dans leur centre d’hébergement.

Les liens sociaux sont un super-pouvoir dont on ne parle que trop peu pour mobiliser les citoyennes, citoyens et pouvoirs publics face à aux bouleversements du siècle : la justice sociale et la justice climatique participent d’un même Bien-Commun.

La perte de lien social et le dérèglement climatique sont deux crises à l’origine commune et aux conséquences imbriquées. Quand plus de 1 Français 10 est coupé de tout liens, que 2 sur 10 ne rencontrent jamais ou très peu de personnes en-dehors de leur foyer, l’isolement relationnel est un facteur de vulnérabilité démultipliant tous les autres accidents ou difficultés de la vie, de la perte de son emploi à l’inflation, en passant par les pénuries alimentaires, soucis de santé ou les déplacements et migrations forcés… 

La solitude subie dévaste les vies humaines, et les conséquences des bouleversements climatiques seront terribles sans le rétablissement de notre capacité d’attention à l’autre et d’entraide. Il faut reconstruire le corps social pour affronter ces défis nouveaux. Le repli-sur-soi, à la fois tentant pour les personnes exclues mais aussi pour chacun d’entre nous vis à vis de ces sujets qui nous dépassent, ne fera qu’aggraver les situations individuelles et collectives

La transition vers une société plus durable doit donc contribuer autant à contenir le réchauffement climatique que de faire fondre la glace de l’indifférence des uns envers les autres. Maintenir et remettre les personnes isolées dans le cercle social est l’affaire de la société civile, des entreprises, des clubs de sport, des associations, qui, comme Entourage, luttent contre la précarité et l'exclusion en redonnant des réseaux de soutien à celles et ceux qui n'en ont plus. C’est surtout l’affaire des citoyens : nous sommes éléments de la solution. Chacune et chacun a le pouvoir d’agir, simplement.

Déjà, un certain nombre d’initiatives concourent à protéger le climat planétaire autant que le climat social. Dans certaines villes, des espaces végétalisés pour lutter contre les îlots de chaleur accueillent les conversations comme autrefois le platane sur la place du village. L’ouverture des écoles à toutes les générations lors des pics de chaleur contribue à cette dynamique génératrice de liens. Et les possibilités d’engagement associant la protection du climat à la protection des liens sociaux existent ! Le service civique, qui a pour objectif de sensibiliser les jeunes aux enjeux du changement climatique et aux inégalités qui en découlent, est exemplaire de cette convergence vertueuse entre les causes.

La lutte contre le réchauffement climatique est aussi une lutte pour la restauration du corps social. Et la chaleur humaine doit être défendue, encouragée et considérée avec force comme l’un des antidotes les plus puissants aux désordres de tout type, y compris environnementaux : l’attention à l’autre empêche de lui saccager sa planète.