« Les associations ont la capacité de faire du lien, de raisonner autrement, de nouer des contacts différents avec les habitants »
En 2023, trois bailleurs sociaux de la ville de Paris ont rejoint les trois précédents membres fondateurs de la Fondation*. Nous avons interrogé un représentant de la RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris) sur les motivations à rejoindre la Fondation, son positionnement et son fonctionnement à six. Interview d’Alexis Goursolas, Sous-directeur des Politiques sociales à la RIVP et membre du Comité d’Initiatives de la Fondation des solidarités urbaines.
- Comment et pourquoi avoir rejoint la Fondation des solidarités urbaines avec la RIVP ?
J’ai d’abord participé aux travaux qui ont mené à la création de la Fondation d’entreprise des solidarités urbaines (ex-Fondation Paris Habitat) puis j’ai intégré son Comité d’Initiatives. La Fondation est un levier d'innovation sociale pour les bailleurs sociaux de la Ville de Paris et par extension pour l’ensemble des acteurs de la ville. Son élargissement à de nouveaux membres fondateurs – parmi lesquels la RIVP – trouve sa pertinence dans la continuité des liens qui existent naturellement entre les bailleurs.
Les six membres fondateurs de la Fondation mènent beaucoup d’actions pour leurs locataires. Nous essayons toujours de prendre du recul pour penser les services et les équipements que nous mettons à disposition de nos locataires et nous avons des équipes chargées de l’innovation. Néanmoins, nous sommes contraints par la gestion et les priorités du quotidien.
La Fondation permet de prendre de la hauteur et de faire émerger des solutions innovantes en réponse aux problématiques que rencontrent nos locataires mais aussi les franciliens en général.
- Qu’est-ce qui fait pour vous la force du positionnement de la Fondation ?
D’une part, son approche par thématiques répondant aux enjeux rencontrés par les habitants d’Île-de-France et, d’autre part, sa démarche de « laboratoire citoyen ». Ce positionnement, par le soutien à des expérimentations et des recherches-actions, permet de faire un pas de côté et de faire venir à nous des acteurs associatifs qui ont des expertises et des modes d’action complémentaires des nôtres. Si je prends l’exemple de la RIVP, nous travaillons déjà beaucoup avec les associations mais sur des projets très ciblés et connectés à nos problématiques du quotidien. On est dans l’immédiateté, par exemple pour embellir une résidence, proposer du soutien scolaire, apporter un service supplémentaire aux habitants, faire de l’accompagnement social… La Fondation nous permet de nous inscrire dans une relation partenariale sur un temps plus long avec les acteurs de l’intérêt général.
Et puis les associations ont la capacité de faire du lien, de raisonner autrement, de nouer des contacts différents avec les habitants. Elles ont des compétences que nous n’avons pas et sont essentielles à la vie des quartiers et des habitants. La Fondation nous permet donc de les soutenir, tout en créant un espace d’échange plus large entre elles et nous.
- À quels grands défis la Fondation répond-elle ?
Il suffit de regarder les thématiques des précédents appels à projets de la Fondation, qui répondent toutes aux grands défis de la ville solidaire et inclusive : lutter contre l’isolement des personnes fragiles, penser les espaces communs, préserver et développer la biodiversité en ville, renforcer les solidarités de proximité ou encore le pouvoir d’agir ensemble sur son cadre de vie.
Ce que je trouve très intéressant, c’est l’état d'esprit et le fonctionnement de la Fondation, qui fait que nous sommes capables de nous adapter. Notre mode d’action est suffisamment plastique pour nous permettre de nous pencher sur de nouvelles problématiques lorsqu’elles émergent.
- Quelles sont les clés de la réussite dans un fonctionnement à six fondateurs ?
La première, c’est que les membres fondateurs sont alignés sur la mission de la Fondation, son approche et ses modes d’action.
La deuxième clé de réussite, c’est un fonctionnement et un cadre de travail collectif assez solide pour nous rassembler, nous donner une méthode commune, élaboré grâce à l'expérience de Paris Habitat et de l’équipe de la fondation qui la fait vivre depuis 2016. Ensemble, nous avons pris le temps en amont de bien construire cet élargissement à six fondateurs en rôdant les outils et méthodes. Au final, nous avons des modalités d’actions claires et partagées par tous sur la manière de définir les thématiques des appels à projets, la façon d’instruire les dossiers de candidature des porteurs de projets…
Enfin, le fait que nous soyons des bailleurs différents ne crée pas de discordance dans nos approches. Au contraire, nous avons des enjeux similaires, des habitudes de travail communes. La Fondation en est un prolongement remarquable.
- Dans ce fonctionnement, quel est le rôle du Comité d’Initiatives, dont vous êtes membre ?
Nous identifions les enjeux collectifs des mois à venir et nous réfléchissons à la meilleure manière de favoriser l’émergence de solutions innovantes avec un cadre suffisamment libre pour les structures qui nous soumettent des projets.
Nous étudions ensuite les dossiers de candidature qui nous parviennent en réponse à nos appels à projets et nous présélectionnons ceux que nous souhaitons présenter au conseil d’administration.
Passé ce processus d’identification des projets soutenus, nous avons aussi pour rôle de les suivre et de les faire rayonner. Nous devons absolument capitaliser sur leur travail et diffuser leurs résultats à la fois en interne et vis-à-vis d’autres acteurs de la ville.
Enfin, les lauréats de nos appels à projets représentant des types et tailles de structures très différents, nous avons un rôle d’appui à jouer, notamment par de la mise en réseau.
* Les bailleurs sociaux RIVP, l’Habitat Social Français et Elogie-Siemp ont rejoint les premiers membres fondateurs que sont Paris Habitat, Aximo et l’Habitation confortable.