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Par Fondation Generali – The Human Safety Net - Publié le 8 mars 2022 - 11:24 - Mise à jour le 8 mars 2022 - 11:44
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En tant que femme, venir en France pour moi, cela signifiait vivre et non pas survivre. C’est ce que je fais !

Shakiba Dawod est arrivée en France après avoir fui l’Afghanistan, avec mari et enfant, il y a 12 ans. Après des difficultés d’intégration notamment liées à son statut de mère, étudiante, originaire d’un pays en guerre, cette comédienne engagée réussit peu à peu à trouver sa place. Après avoir suivi le programme d’accompagnement à la création d’entreprise mis en place par THSN, fondation Generali, et Singa, Shakiba souhaite lancer un tiers-lieu destiné à l’art et à la culture dans laquelle elle a été bercée, en réunissant notamment les talents de personnes afghanes installées en France. Témoignage.

Crédit : Singa France
Crédit : Singa France

Peux-tu nous parler de ton parcours ?

Après avoir vécu en Iran et en Afghanistan avec ma famille, j’ai étudié l’art à l’université de Kaboul. En rencontrant la troupe d’Ariane Mnouchkine, le Théâtre du Soleil, je me suis découvert une passion pour le théâtre. J’ai intégré la troupe avec laquelle nous avons joué de nombreuses pièces. La dernière était Le Tartuffe de Molière. La mise en scène très contemporaine et assumée d’une religion corrompue par la politique n’a pas plu aux extrémistes de mon pays. Menacée, comme l’ensemble des comédiens, et tout particulièrement les femmes, j’ai dû me résoudre à quitter l’Afghanistan.

Grâce à la troupe d’Ariane Mnouchkine, j’ai rapidement pu rejoindre la France avec mon mari et ma fille.

 

Comment s’est passée ton arrivée en France ?

En arrivant à Paris, j’ai vécu deux années dans une roulotte à la Cartoucherie. Accueillie par des sourires et de la bienveillance, je me suis sentie en sécurité. Pour m’intégrer plus facilement au sein de mon pays d’accueil, j’ai appris le français à la Sorbonne et j’ai poursuivi mes études d’art. À l’époque, mon compagnon était aussi étudiant et avait un travail alimentaire pour subvenir à nos besoins.

 

En tant que femme, quelles difficultés as-tu pu rencontrer ?

Je n’avais pas réalisé qu’être une jeune mère, étudiante, dans un pays étranger serait si difficile.

D’abord sur le plan logistique, j’avais de temps à autre, la possibilité d’avoir une nourrice ou d’amener ma fille à la crèche pendant que j’allais en cours. Mais, cela n’était pas tous les jours le cas. J’ai parfois dû amener ma fille avec moi en plein amphithéâtre à l’école d’art ! Croyez-moi, c’était plus mal perçu par les autres étudiants que par les professeurs. Une étudiante étrangère, exilée, mère et parlant mal le français ne pouvait pas s’intégrer auprès des autres étudiants, souvent jeunes et sans contrainte particulière.

On m’a souvent dit que mon statut de mère était un obstacle pour mon intégration en France. Je n’ai pas voulu y croire et ai fait tout mon possible pour lutter contre les préjugés. Venir en France pour moi, cela signifiait vivre et non pas survivre. C’est ce que je fais !

 

C’est quoi l’avenir pour toi ?

Voulant prendre part à la question des réfugiés et de la culture, j’ai eu l’idée de créer un tiers-lieu qui ressemblerait à une grande librairie visant à promouvoir essentiellement les auteurs et artistes d’origine afghane. Ils sont nombreux mais très méconnus en France. D’autre part, il y a une communauté de plus de 40 000 afghans en France et aucun lieu de ce type n’existe aujourd’hui. C’est donc une réelle opportunité pour moi.

Les personnes réfugiées ont des compétences à offrir à leur pays d’accueil. Malheureusement, quand nous arrivons, nous devons nous adapter à une nouvelle culture, de nouveaux codes, une nouvelle langue, etc.  De nombreux préjugés existent. Faire connaître les artistes d’Afghanistan peut faire changer les mentalités et le regard sur ce pays.

En attendant de finaliser mon projet de tiers-lieu, je suis interprète auprès de la CNDA.

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