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Par Fondation pour l'Enfance - Publié le 1 juin 2021 - 09:53 - Mise à jour le 1 juin 2021 - 09:59
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Mettre fin à l’isolement des mineur·e·s victimes de violences au sein du couple et de la famille

Comment mettre fin à l’isolement des mineur·e·s victimes de violences au sein du couple et de la famille ? Découvrez comment l'association En avant toute(s), soutenue par la Fondation pour l'Enfance, les accompagne via la plateforme et le tchat.

Les violences conjugales et intrafamiliales dont sont victimes les jeunes sont une réalité encore mal comprise des autorités et de la société. Les violences à caractère sexuel en particulier restent largement sous-estimées. En effet, les chiffres recensant le nombre de mineur·e·s victimes de violences sexuelles intrafamiliales sont encore très approximatifs. De même, les violences sexuelles, mais également physiques et psychologiques subies par les jeunes mineur·e·s au sein de leurs couples ne font l’objet d’aucune étude permettant d’évaluer leur ampleur.

Pourtant, le public jeune est particulièrement vulnérable aux violences conjugales et intrafamiliales. Domination ressentie face aux écarts d’âge, dépendance financière, emprise due à la proximité (lien familial, sentiments amoureux etc.), les raisons de cette vulnérabilité accrue sont multiples. Par ailleurs, certain·e·s jeunes, et particulièrement certain·e·s mineur·e·s, ne disposent pas de repères leur permettant de reconnaître les situations de violences. En effet, la société n’établit pas clairement les codes d’une relation saine, et la famille ne remplit pas toujours ce rôle éducatif.[1]

La prise en charge des mineur·e·s victimes de violences au sein de la famille et du couple est encore fragile. On le sait, les violences peuvent avoir des conséquences psychologiques, émotionnelles et physiques durables, mais les victimes mineur·e·s s’identifient peu et s’adressent rarement aux structures d’aide traditionnelles. Pour cause, les jeunes peuvent avoir des difficultés à se définir comme victimes de “violences conjugales”. En effet, ce terme véhicule pour eux l’idée d’un couple installé en ménage, ce qui n’est souvent pas leur cas. Cette difficulté pour les structures d’aide à atteindre les jeunes victimes de violences s’explique également par le décalage entre les moyens de communication utilisés par ce public - réseaux sociaux, tchat - et ceux utilisés par les structures qui luttent contre les violences[2], historiquement plutôt orientés sur des numéros d’écoute.

Ainsi, les jeunes, et notamment les mineur·e·s victimes de violences conjugales ou intrafamiliales peuvent se retrouver  isolé·e·s et démuni·e·s.

 

Accompagner les mineur·e·s victimes de violences grâce à la plateforme et au tchat commentonsaime.fr

Dans la continuité de son engagement pour lutter contre les violences faites aux mineur·e·s et accompagner les victimes, la Fondation pour l’Enfance a souhaité soutenir cette année l’association En avant toute(s), dans la diffusion et la pérennisation de sa plateforme et de son tchat commentonsaime.fr. Dans une démarche d’inclusivité, ce dispositif gratuit, anonyme et sécurisé s’adresse à toute personne, quel que soit son âge, son genre ou son orientation sexuelle, se retrouvant face à des questionnements sur son couple et/ou sa sexualité.

Depuis ses débuts en 2013, l’association En avant toute(s) agit au croisement de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et de la protection des mineur·e·s. Créé en novembre 2016, commentonsaime.fr est né du travail de terrain de l’association et de ses rencontres avec les jeunes. L’objectif du dispositif est de permettre à ce public d’aborder sans tabou et sans jugement les violences qu’il peut subir dans les relations familiales, amoureuses et/ou sexuelles, comme cette jeune fille de 17 ans, perdue dans sa relation avec son petit-ami. « On se dispute souvent car il est très colérique, il perd facilement patience quand j’ai un comportement qui ne lui plait pas ou que je dis quelque chose de travers […] dans ces moments-là il crie beaucoup et ça me fait assez peur. […] Je ne sais pas à qui en parler car à côté de ça, c’est le copain idéal. Il est très protecteur […] et mes parents l’aiment beaucoup mais pensez-vous que ma situation est normale ? »

Les répondantes formées à l’accompagnement des victimes de violences apportent aux visiteurs une écoute, des conseils et une orientation vers des structures d’aide proches de chez elles. Ce soutien spécialisé permet aux victimes de sortir d’une spirale d’isolement et de vulnérabilité, de regagner en confiance et de trouver des solutions pour sortir des violences subies. « En répondant sur le tchat j'ai le sentiment d'aider concrètement, de donner un peu de confiance, de réorienter et donner des outils pour agir, de déculpabiliser les personnes victimes. Quand une personne revient en disant "Merci, j'ai réussi à partir, j'ai porté plainte, j'ai parlé à un.e proche", c'est un sentiment très fort de savoir qu'on a pu aider une personne, tout en respectant son rythme, son besoin d'anonymat » témoigne l’une des répondantes du tchat.

Le tchat commentonsaime.fr facilite la prise en charge des mineur·e·s victimes de violences conjugales ou intrafamiliales. En effet, sa configuration originale et innovante permet de remédier à certaines difficultés rencontrées par les structures d’aide traditionnelles. Tout d’abord, le caractère informel du suivi est plus susceptible d’encourager les mineur·e·s à venir chercher de l’aide, et donc d’enclencher un processus de rupture avec l’isolement et la vulnérabilité dans lesquels ils se trouvent. De même, le format numérique permet de toucher un large nombre de jeunes, non seulement parce qu’il s’ancre dans les pratiques quotidiennes de ce public, mais également parce que cette dématérialisation permet d’accompagner tous les jeunes, qu’ils vivent dans des territoires urbains ou ruraux, ou en Outre-Mer.

Les résultats de ces 4 années d’existence sont édifiants, et illustrent la nécessité d’un tel dispositif d’accompagnement des jeunes victimes de violences. Entre novembre 2016 et novembre 2020, le tchat a donné lieu à plus de 3 500 conversations avec des personnes victimes de violences et des témoins, soit plus de deux conversations par jour en moyenne. L’année 2020 a été marqué par une explosion de la fréquentation : l’association a comptabilisé une augmentation de 993,9% lors du premier confinement. Ce tchat s’est révélé particulièrement pertinent lors de cette crise sanitaire étant donnée l’impossibilité de sortir de chez soi pour se rendre dans une structure d’aide. D'habitude largement minoritaires dans les structures d’aide traditionnelles, les 16-20 ans représentent près de la moitié des victimes accueillies sur le tchat et les jeunes mineur·e·s un quart.

 

 

 

[1] En avant toute(s), Une écoute à l’écrit : Etude sur les caractéristiques et parcours des jeunes victimes de violences au sein du couple et de la famille à travers le tchat commentonsaime.fr, 2020, p.27

[2] Ibid., p.4

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