Les fondations d’universités aujourd’hui : quels enjeux et objectifs dans la générosité en France ?

Fondations d’universités : quels sont leurs rôles ?

Depuis 2007 les universités en France peuvent, afin de diversifier leurs ressources propres, créer des fondations universitaires et partenariales grâce à la loi LRU. Véritable outil ouvrant la voie au mécénat d’entreprises comme des particuliers dans l’enseignement supérieur et la recherche, il s’agit d’un atout pour toute université souhaitant ouvrir le financement de ses projets de recherche et de formation, de ses chaires, ou encore développer sa vie étudiante comme son rayonnement international.

En 2018, 3 universités sur 4 possédaient une fondation, ce qui correspond aujourd’hui à une soixantaine de fondations d’universités dans tout l’hexagone, avec de récentes créations comme c’est le cas avec la Fondation Panthéon Assas qui a vu le jour en 2021.

Inspiration ou non du modèle anglo-saxon, où les grandes universités ont montées des services de fundraising depuis plusieurs années, on peut déjà constater des particularités dans ces structures apparues dans le paysage du mécénat il y a 15 ans : « Alors que dans les grandes écoles les levées de fonds se sont plutôt calquées sur les modèles anglo-saxon, à l’université tout est à faire, il est très intéressant de développer un modèle de levée de fonds universitaire à la française, qui porte nos valeurs et notre engagement pour la société. » explique Solenne Couraye du Parc, directrice de la Fondation Sorbonne Université.

Mais les fondations universitaires s’en tiennent-elles uniquement à des missions de mécénat ? Pas vraiment. Elles sont aussi un nouveau moyen pour les universités de travailler leurs réseaux, avec les entreprises, leurs alumni, de potentiels partenaires, etc. Ces réseaux de haut niveau constituent un nouveau levier d’influence indéniable pour le monde universitaire, qui cherche de plus en plus à développer des synergies avec la société. Enfin, sans elles, certains projets n’entrant pas dans le budget des universités ne pourraient pas voir le jour, comme le souligne Sophie Rieunier. 

L’université : quelle place pour la générosité en France ?

D’après les dernières études sur la générosité en France les thématiques liées à l’université ne sont pas les plus plébiscitées, si ce n’est la recherche médicale qui est une thématique portée par plusieurs fondations d’universités et qui arrive en 2021 en 3ᵉ place derrière la protection de l’enfance et la lutte contre l’exclusion et la pauvreté. 

Globalement, là où il est difficile de connaitre précisément la place des fondations d’universités dans la générosité des Français, c’est par la multiplicité des projets soutenus : de la recherche au soutien des étudiants en passant par le développement de chaires, une multitude de sujets sont défendus par ces organismes, qu’ils soient leur unique thématique ou l’une d’entre elles.

L’Université a également la chance de pouvoir parler à beaucoup de gens dans des secteurs différents par sa pluridisciplinarité. Cela se démultiplie dans les projets soutenus qui sont plus que variés. Cela rend le travail des fundraisers passionnant. »

Solenne Couraye du Parc, Directrice Générale de la Fondation Sorbonne Université 

En ce qui concerne les chiffres, les fondations d’universités récoltent en moyenne 600 000 euros par an, particuliers et entreprises compris. C’est le constat de Sophie Rieunier qui dans une étude de 2019 rapporte plus précisément que le mécénat d’entreprise représente 87 % des montants collectés depuis la création du statut de fondation d’université contre 7 % et 5 % respectivement collectés auprès des collectivités et des particuliers.

Engager les alumni, un enjeu sur les levées de fonds  

Si 5 % des levées de fonds des fondations d’universités concernent déjà les particuliers, et donc les alumni, beaucoup de travail est encore à faire pour engager le grand nombre d’anciens étudiants des universités françaises. De nombreuses initiatives sont ainsi prises pour que les alumni participent à la vie et au développement de leur ancienne université, « Le rôle des réseaux alumni est primordial pour la collecte des fondations d’universités. En effet, un alumnus peut être donateur à titre particulier mais il peut aussi avoir un rôle de levier au sein de son entreprise pour déclencher un mécénat. » nous explique Juliette Bonnet, responsable du mécénat des particuliers à la Fondation Sorbonne Université « Mais ce n’est pas un mécanisme à sens unique, car le don peut également contribuer à faire naître ou à renforcer le sentiment d’appartenance à son Alma mater – sentiment que cherchent à entretenir les réseaux alumni. ».

Pourquoi donner à une fondation d’université ?

Les universités sont à la pointe de l’enseignement et de la recherche grâce à des projets soutenus très innovants et impliquant des professeurs, des chercheurs et des laboratoires reconnus, repensant la recherche de demain. Elles sont donc le terreau d’une multitude de projets et initiatives tournées vers des enjeux de société, de l’environnement à la santé en passant par les progrès dans le numérique. C’est le cas notamment de la Mission Bougainville soutenue par la Fondation Sorbonne Université qui au-delà de travailler avec des chercheurs reconnus internationalement dans le milieu de l’océanographie cherche à imaginer de nouvelles techniques de recherches plus respectueuses de l’environnement.

Soutenir l’université, c’est aussi l’assurance de faire un don qui aura un impact : « L’université est une structure qui rassure, par son statut public. L’excellence de ses chercheurs, de son enseignement, et la force de ses liens avec la société, sont autant d’éléments qui motivent le donateur, car son don sera utilisé pour mener des projets qui auront un impact réel. » explique Solenne Couraye du Parc.

Crédit photo : Sorbonne Université, Vincent Bourdon