Économie circulaire : le gouvernement publie sa feuille de route
Un “projet de société”. Après cinq mois de travaux entre différentes parties prenantes (élus, professionnels, associations de protection de l’environnement et de consommateurs, administrations de l’État, établissements publics…), le Premier ministre Édouard Philippe a dévoilé le 23 avril dernier sa feuille de route engageant le pays dans sa transition vers l’économie circulaire. Elle contient 50 mesures destinées à intégrer les enjeux du développement durable dans le quotidien des Français. Avec à la clé, un changement de paradigme et des habitudes qui pourrait permettre de réduire de moitié les déchets mis en décharge et tendre vers 100% de plastique recyclé d’ici 2025.

Quatre grands axes d’intervention en faveur de l’économie circulaire
Le gouvernement en a bien conscience, en termes de gestion des déchets et de consommation durable, la France est en retard sur ses voisins européens. Aussi, son ambition est claire : pour s’aligner sur les résultats de l’Allemagne ou de la Belgique, largement en avance sur la valorisation des déchets ménagers et assimilés, Édouard Philippe veut s’adresser à toutes les parties prenantes de la société, les entreprises comme les particuliers… et les administrations. Pour faire évoluer les pratiques, quatre grands axes ont été étudiés : la consommation durable chez les citoyens, le recyclage et la valorisation des déchets pour les collectivités locales, la gestion des déchets au sein des entreprises, et enfin la mobilisation de l’État et des acteurs publics à travers le levier de la commande publique.
Les mesures phares de la feuille de route
Parmi les mesures phares du projet, on note l’affichage obligatoire (à partir de 2020) de la durée de vie des équipements électriques, électroniques et électroménagers, une mesure qui sera portée jusqu’à Bruxelles. Et pour cause : rien que dans l’Hexagone, 88% des acheteurs reconnaissent qu’ils seraient “influencés” au moment de l’achat par le dispositif. Les règles de tri seront par ailleurs harmonisées sur l’ensemble du territoire, afin de simplifier l’engagement éco-responsable des Français. Concernant les collectivités locales, des mesures seront prises concernant la fiscalité – qui sera rendue favorable à la valorisation des déchets – et les modalités de collecte. Côté entreprises, le gouvernement veut réformer le dispositif des filières REP (Responsabilité Élargie des Producteurs, basées sur le principe du “pollueur-payeur”) en simplifiant son cadre réglementaire afin de créer des filières dans de nouveaux secteurs, comme les jouets, les articles de sports ou de bricolage. Les initiatives en faveur de l’écoconception (i.e. : intégration de l’environnement dès la conception du produit), de l’incorporation des matières recyclées ou encore du réemploi seront également encouragées, notamment par la mise en place de bonus-malus incitatifs. Au total, 200 TPE et PME seront accompagnées d’ici 2020 dans leur démarche de réduction de consommation de ressources. Un volet est par ailleurs exclusivement consacré au cas du BTP, responsable de plus de deux tiers des déchets en France.
Objectif zéro déchet plastique d’ici 2025
Par l’application de cette feuille de route, le gouvernement vise une réduction de 30 % la consommation de ressources par rapport au PIB d’ici à 2030, par rapport à 2010. Par ailleurs, les quantités de déchets non dangereux mis en décharge en 2025 devrait baisser de 50 % par rapport à 2010. Quant au plastique, Édouard Philippe prévoit un recyclage total d’ici 2025, ce qui devrait permettre de faire l’économie de l’émission de 8 millions de tonnes de CO2 supplémentaires chaque année. Cercle vertueux s’il en est, le respect de l’application des mesures énoncées dans la feuille de route devrait permettre de créer jusqu’à 300 000 emplois.