Fairphone, l'entreprise sociale qui veut révolutionner l'industrie électronique
Si l'industrie électronique a le vent en poupe, l'impact environnemental des mastodontes du secteur est une problématique d'ampleur, et les conditions de fabrication des produits des nouvelles technologies restent questionnables, lorsqu'elles ne sont pas totalement opaques. Une chaîne de production et d'approvisionnement que veut mettre en lumière Fairphone, une entreprise sociale néerlandaise qui œuvre pour une industrie électronique plus éthique et plus responsable. Après 5 années d'existence, le constructeur mobile militant a su faire ses preuves en dépassant la barre des 200 000 unités vendues, et surtout en bouclant une campagne de crowfunding sans précédent dans l'histoire des Pays-Bas. Fairphone a également été récompensé par la première place du Guide de l'électronique verte publié en 2017 par Greenpeace.
La question épineuse du smartphone et de son impact éthique et écologique
Le sujet est devenu banal : les nouvelles technologies ont un impact environnemental désastreux. D'autres enjeux se superposent aussi à une industrie de plus en plus compétitive : obsolescence programmée, traçabilité éthique des matières premières, conditions de travail des ouvriers qui participent à l'assemblage... Le smartphone s'est imposé en indispensable du quotidien, au prix de conditions de fabrication et d'une empreinte carbone parfois obscures.
Née en 2010 d'une campagne de sensibilisation des organisations Waag Society et Action Aid, Fairphone devient, en 2013, une entreprise sociale avec un objectif ambitieux : créer un smartphone responsable pour défendre l'idée d'une industrie plus équitable et plus durable, en révélant l'intégralité de la chaîne de valeur depuis l'extraction minière, jusqu’à l'assemblage, et le cycle de vie.
Un téléphone modulaire qui revendique sa longévité
C'est devenu le nouvel axe de sensibilisation de Fairphone : la durée de vie de nos téléphones portables. Oscillant entre 20 et 24 mois selon les pays (Kantar Worldpanel, 2017), les raisons pour lesquelles nous remplaçons nos smartphones ne sont pas toujours très avouables. L'effet de mode actionne une bonne partie de nos motivations : on parle d'obsolescence esthétique. Une forme d'obsolescence programmée purement réflexive, située à l'opposé de l'obsolescence technique et/ou logicielle, pointée du doigt par les collectifs de consommateurs, qui rendent un produit électronique inutilisable en raison de la durée de vie de l'un de ses composants, inaccessible sur le marché, ou d'une nouvelle version d'un logiciel incompatible avec les anciens appareils.
La longévité du produit constitue, pour le Fairphone 2, un élément central de sa démarche militante. Entièrement modulable, il a été conçu pour pouvoir être réparé facilement par l'utilisateur lui-même, grâce à des guides de réparation open-source et une boutique en ligne de pièces détachées.
Un projet à impact massivement soutenu
Désormais âgée de 5 ans, l'entreprise qui voulait révolutionner l'industrie électronique semble avoir plutôt bien réussi son pari. Classée en tête du dernier Guide de l'électronique verte publié par Greenpeace, Fairphone a su également se constituer une communauté de plus de 200 000 consommateurs engagés, nouant notamment des partenariats avec d'importants opérateurs mobiles, à l'instar du français Orange.
Le constructeur mobile boucle une campagne de levée de fonds inédite aux Pays-Bas par son ampleur et son taux d'engagement : en moins d'un mois, le projet de crowdfunding supporté par la plateforme à impact OnePlanet Crowd a rassemblé plus de 1 800 investisseurs, avec un ticket d'entrée à 250 euros. Une récolte de 2,5 millions d'euros, pour un objectif fixé à un million, qui permettra à l'entreprise d'élargir sa visibilité et d'optimiser son impact social, avec l'ambition de franchir le pallier des 500 000 utilisateurs à l'horizon 2020.