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Par Carenews INFO - Publié le 2 septembre 2019 - 16:12 - Mise à jour le 11 septembre 2019 - 14:25
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Amazonie : quelle(s) responsabilité(s) pour la France ?

Les feux décimant la forêt amazonienne ont ému le G7 et Emmanuel Macron s’est montré un virulent défenseur de sa biodiversité. Les ONG dénoncent un écologisme de façade et appellent citoyen·ne·s, entreprises et dirigeants à agir tant qu’il est encore temps.

Amazonie : quelle(s) responsabilité(s) pour la France ?
Amazonie : quelle(s) responsabilité(s) pour la France ?

 

 

 

Le “poumon de la terre” en feu

 

48 heures avant le début du G7, la situation — déjà inquiétante — du plus grand bassin forestier tropical de la Terre s’est aggravée. 2 500 départs de feu ont été recensés par l’INPE sur l’ensemble du Brésil en l’espace de deux jours, sans parler de ceux décimant les arbres de la Bolivie et du Paraguay. Des feux aux causes humaines. Depuis le début du mandat de Jair Bolsonaro, président d’extrême-droite climatosceptique, la déforestation de la forêt amazonienne a augmenté de 83 %, et en juillet 2019, elle était quatre fois supérieure au même mois en 2018, rapporte l’institut national de la recherche spatiale. 

Plus grand réservoir de biodiversité au monde, produisant 5 à 10 % de l’oxygène mondial, régulant les pluies et captant du carbone… La destruction de l’Amazonie est un désastre pour le monde entier, comme Marie-Pierre Ledru, spécialiste de la zone et représentante de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) au Brésil, l’a expliqué à France 24, précisant notamment : “À l’échelle mondiale, l’Amazonie constitue un levier d’absorption des gaz à effet de serre, c’est pourquoi on parle de 'poumon de la terre' - c’est un rôle capital à l’heure où nous en produisons tant”. De quoi solliciter la France : le chef indien Raoni, notamment, a appelé la communauté internationale à l’aide. 

 

Emmanuel Macron taxé d’hypocrisie

 

Le président Macron a rapidement reconnu la gravité de la situation, et le G7 a promis le 26 août 2019 de débloquer d'urgence 20 millions de dollars pour envoyer des avions bombardiers d'eau et décidé un plan d'aide destiné à la reforestation, “d'au moins 30 millions", au niveau de l'ONU. Des initiatives publiques et privées ont également été annoncées. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a promis une aide de 10 millions de livres, le Canada 15 millions de dollars canadiens ainsi qu’un avion bombardier d’eau, l'acteur Leonardo DiCaprio (par le biais de son association Earth Alliance) 5 millions de dollars, ou encore le groupe industriel LVMH 10 millions d'euros. 

 

Le Grand Conseil coutumier des peuples amérindien et bushinengé n’a toutefois que peu goûté les déclarations du président français, s’étonnant dans une tribune publiée sur franceinfo du “positionnement du président Emmanuel Macron qui consiste à dénoncer la destruction de l’Amazonie brésilienne ou bolivienne mais qui parallèlement attribue 360 000 hectares de forêt aux multinationales minières, en Guyane, en Amazonie française ». Un point soulevé par des ONG sur L’Express ; Marine Calmet, chargée du plaidoyer au sein de l'association Nature Rights, a également fustigé “de plus en plus de projets de biomasse qui menacent la forêt” en plus de l’incapacité du gouvernement français à “contrôler l'orpaillage illégal, qui détruit la forêt à petit feu” en Guyane. 

 

L’Amazonie en feu : l’arbre qui cache la forêt

 

Emmanuel Macron a reconnu, lors de son interview sur France 2 faisant suite au G7, que "sur le soja, on a une part de responsabilité" concernant la déforestation en Amazonie, expliquant que la "dépendance en termes de protéines" est liée à des décisions prises "dans les années 1960". Et s’il n’a pas abordé le sujet de la Guyane, le chef de l’État a évoqué sur Twitter la déforestation également à l’œuvre en Afrique subsaharienne, indiquant examiner “la possibilité d’y lancer une initiative similaire à celle que nous venons d’annoncer pour l’Amazonie ». Selon l’agence spatiale européenne (ESA), ce sont 70 % des terres brûlées dans le monde qui s’y trouvent. Et si les feux n’y ont pas les mêmes causes (la technique agricole du brûlis étant à la source des incendies africains), ils représenteraient, toujours d’après l’ESA, 25 à 35 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ces incendies sont d’autant plus inquiétants qu’ils ont commencé très tôt cette année selon la Nasa. 

 

Comme le rapporte Le Monde, la semaine dernière, le président congolais s’est inquiété de la rapidité et la gravité de cette déforestation : « Au rythme actuel d’accroissement de la population et de nos besoins en énergie, nos forêts sont menacées de disparition à l’horizon 2100. » À Madagascar, aussi, les ONG ont tiré la sonnette d’alarme. Ndranto Razakamanarina, le président de l’Alliance Voahary Gasy, évoque des feux de dissimulation et des feux de mécontentement, qui participent au fait que “Madagascar brûle presque à 100 % tous les jours en cette saison”. 

 

La responsabilité de “toute une culture”

 

Généralement avancée pour contrer la déforestation globale, la plantation d’arbres n’est pourtant pas une solution, comme l’a expliqué Daisy Tarrier, fondatrice de l’ONG Envol Vert, à Cheek Magazine : “L’idée de compensation est problématique, car elle n’invite pas au changement de comportement mais au dédouanement de ses actions : “J’ai émis tant de CO2 donc je plante des arbres qui récupèreront dans 40 ans mon CO2 gaspillé”.”

 

La philosophe Joëlle Zask, autrice de Quand la forêt brûle, pointe la responsabilité de “toute une culture”, et préconise “un changement culturel du rapport homme - nature”. À condition de “faire vite. Le déchaînement des mégafeux produit une accélération de la crise climatique qui n’avait pas été prévu par les écologues.”. L’association all4trees et le mouvement « On est Prêt », soutenus par Yann Arthus-Bertrand, Cyril Dion, Jean-Pierre Goux, 28 organisations et plus de 10 200 citoyens engagés, ont lancé la campagne #act4amazonia, qui entend justement agir contre les feux actuels en Amazonie, tout en permettant à chacun·e de protéger les forêts mondiales à son échelle ainsi que de faire pression sur les “dirigeants politiques et les entreprises”. Les axes d’actions vont de réduire sa consommation de viande industrielle, mesurer son impact sur la déforestation ou encore soutenir les acteurs engagés dans la lutte contre la déforestation, à signer des pétitions pour demander à l’Union Européenne de stopper l’accord du Mercosur et à Emmanuel Macron de tenir ses promesses pour l’Amazonie.

 

 

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