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Par SAVE SYRIA - Publié le 4 août 2014 - 03:42 - Mise à jour le 11 février 2015 - 13:45
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La mondialisation de l’indifférence

La crise humanitaire syrienne atteint une ampleur sans précédent : que ce soit par le nombre de victimes, la crise sanitaire et alimentaire pour les survivants, la déstabilisation des pays voisins, ou encore l’afflux de réfugiés jusqu’aux portes de l’Europe, c’est un drame auquel seule une mobilisation générale pourrait répondre. Pourtant, plus que jamais, l’aide se fait rare.

La mondialisation de l’indifférence
La mondialisation de l’indifférence

« La Syrie est ce que j'ai vu de plus dur dans ma carrière ». Ces mots ne sont pas ceux d’un débutant, mais ceux d’Yves Daccord, directeur général du Comité International de la Croix-Rouge.

Et ce ne sont pas les chiffres qui vont le faire mentir : 40% de la population syrienne a besoin d’une aide humanitaire, et en tout juste un an le nombre de personnes déplacées dans le pays a été multiplié par quatre. Les volontaires s’attendaient à ce que pour sauver des vies, les rebelles et les autorités de Damas leur faciliteraient la tâche… Leur constat est beaucoup plus sombre : « Les parties en conflit ne souhaitent pas que l'on soigne les blessés », explique le directeur du CICR, « Nous sommes capables d'amener de l'eau à l'ensemble du pays, mais pas les médicaments ».

 

Pas assez d'humanitaires internationaux sur place

Autre constat du directeur général : « Il n'y a pas assez d'humanitaires internationaux sur place ». Dénonçant une situation où au mieux les ONG vont dans les endroits où les Etats les laissent opérer, comme lors de désastres naturels, et au pire ne cherchent même plus à répondre aux besoins des populations, mais à « faire du chiffre d’affaires », il déplore que les organisations humanitaires soient de plus en plus « isolées sur le terrain ». D’autant que passer la frontière syrienne se révèle impossible pour nombre d’entre elles, malgré les deux dernières résolutions de l’ONU.

 

L’ONU, prise en otage, ne progresse qu’en apparence

Pourtant, après quatre blocages consécutifs par les vétos de la Chine et de la Russie, le Conseil de Sécurité des Nations Unies est enfin parvenu à adopter une résolution qui permet aux convois humanitaires de passer les frontières de la Syrie sans l'accord de Damas. S’il était appliqué, ce déblocage des frontières pourrait permettre de ravitailler en nourriture et médicaments près de deux millions de civils supplémentaires. Mais tout cela n’est malheureusement que de la théorie : alors que le premier convoi humanitaire de l'ONU a réussi à franchir la frontière ce 24 juillet, le régime de Bachar El Assad a d'ores et déjà déclaré qu'il considérait cette initiative comme une attaque, et Moscou a obtenu qu’aucune sanction ne soit prévue contre le régime s’il empêchait l'application de cette nouvelle résolution.

Déjà, la précédente résolution devant faciliter l'accès humanitaire, votée en avril, est restée lettre morte : un échec de trop pour l'émissaire de l’ONU pour la Syrie, l'algérien Lakhdar Brahimi, qui a fini par démissionner, comme son prédécesseur Kofi Annan qui dénonçait l'incapacité du Conseil de sécurité à faire front face à l'urgence du conflit syrien.

 

Une impunité généralisée

Sur le terrain, la population civile est donc prise en otage par les combattants. Plus de quatre millions de syriens, assiégés aussi bien par les rebelles que par les troupes de Bachar El Assad, restent inaccessibles aux humanitaires, à qui le régime continue d’imposer des obstacles bureaucratiques ou arbitraires.

Pendant ce temps, la violence a connu une escalade fulgurante et l'impunité s’est généralisée même pour les crimes les plus graves. On pourrait s’attendre à ce que la communauté internationale fasse pression, mais selon la commission d'enquête indépendante sur la Syrie, « Les États qui ont une influence sur les parties prenantes semblent s'être détournés de la recherche d'une solution politique, et continuent de livrer des armes, soit aux forces du gouvernement soit aux groupes d'opposition ».

 

Et les réfugiés dans tout ça ?

Pendant ce temps, le nombre de réfugiés syriens à l’extérieur des frontières augmente de100 000 personnes chaque mois, et la barre des trois millions sera dépassée sous peu. L’Union européenne s’est engagée à reloger 0,5% de ces réfugiés, les plus vulnérables seulement. Une goutte d’eau dans l’océan de ce drame humain qui menace de déstabiliser toute la région. Car ces millions de réfugiés se trouvent actuellement presque tous au Liban, en Jordanie et en Turquie, qui arrivent au « point de saturation » selon la porte-parole du Haut Commissariat aux Réfugiés.

Par manque de moyens, les humanitaires risquent de devoir réduire les rations alimentaire set limiter les soins médicaux dans des pays comme le Liban, qui accueille à lui seul plus d’un million de réfugiés – l’équivalent de 16 millions de personnes qui viendraient s’installer en France.

 

La solidarité européenne ? Des frontières infranchissables

Mais la France n’est pas près d’accueillir les civils syriens, car la politique migratoire de l’Union Européenne est déconnectée des drames humanitaires qui se jouent à ses portes. Face à la crise Syrienne, l’Europe et ses 670 millions d’habitants ont proposé d'accueillir à peine 32 000 réfugiés. Pour les centaines de milliers d’autres, c’est la traque aux sans-papiers.

Selon le dernier rapport d’Amnesty International, « les pratiques de contrôle aux frontières de l’UE empêchent les réfugiés d'accéder à la procédure d'asile en Europe et met en danger la vie de toutes ces personnes, qui se retrouvent bien souvent sans ressources, exploitées et harcelées », et dont l’exil se finit trop souvent par un naufrage au fond de la Méditerranée…

 

« Ne me sauvez pas en mer si vous ne pouvez pas m'accepter ! »

Amira, son frère et sa mère ont eu un peu plus de chance, si l’on peut parler ainsi d’une famille qui a frôlé la mort lors de sept tentatives de traversée. Ballottés par une mer de force 8 sur un bateau dont le moteur a lâché, ces Syriens de Homs ont été récupérés avec 440 autres migrants par l'un des navires de Mare Nostrum.

Mais le système d’accueil italien, débordé de toutes parts, est au bord de l’implosion. Un réfugié attend depuis presque un an la réponse à sa demande d'asile : « On croit trouver la liberté, on trouve une prison. Ne me sauvez pas en mer si vous ne pouvez pas m'accepter ! »

 

Un besoin urgent de solidarité

Face à ce que le Pape François a qualifié de « mondialisation de l’indifférence », de plus en plus de voix s’élèvent de toutes parts pour réclamer un éveil des consciences.

Les anonymes deviennent bénévoles ou donateurs à la mesure de leurs possibilités, et la société civile interpelle les politiques et s’organise pour mettre fin à l’inaction généralisée.

Pour exemple, le Comité d'Aide Humanitaire au Peuple Syrien a financé et organisé avec l’aide de la région Île de France des entretiens avec des responsables politiques à Paris et au Parlement européen (voir notre article).

Récemment, un couple d'entrepreneurs a même fondé sur ses fonds personnels la Migrant Offshore Aid Station, première ONG privée pour sauver les migrants en Méditerranée, tandis que des associations comme SaveSyria ou l'Association d'Aide aux Victimes en Syrie acheminent l’aide médicale aux camps de réfugiés, et au-delà des frontières syriennes, malgré le blocage généralisé.

 

« Toutes les valeurs auxquelles nous croyons sont en jeu ici et maintenant »

De son côté, Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, a vivement dénoncé le mois dernier : « les froids calculs qui semblent s'imposer », en exhortant l’ensemble des acteurs à prendre leurs responsabilités, alors que le bilan humain, vertigineux, dépasse les 170 000 morts.

« La communauté internationale ne doit pas abandonner le peuple de Syrie et ceux de la région. Nous devons agir. Toutes les valeurs auxquelles nous croyons, et toutes les raisons pour lesquelles les Nations Unies existent, sont en jeu, ici et maintenant, à travers le paysage de destructions qu'est la Syrie aujourd'hui. »

Espérons que le message sera enfin entendu, et relayé avec force.

 

Si vous souhaitez soutenir l’aide aux populations, de façon neutre et apolitique, vous pouvez permettre à SaveSyria de mener à bien ses projets.

Depuis août 2011, SaveSyria apporte une assistance médicale organisée aux populations syriennes, et achemine des cargaisons de première nécessité grâce à la générosité de ses donateurs.

Par de petites ou de grandes pierres, vous pouvez nous aider en devenant donateurs, bénévoles, ou simplement en parlant de nos réalisations : www.savesyria.eu

www.facebook.com/savesyriaong

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