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Par Carenews PRO - Publié le 28 octobre 2014 - 16:10 - Mise à jour le 9 avril 2020 - 12:42
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Dis Flavie, c'est quoi le mécénat en nature ?

Dans le triptyque du mécénat : financier, de compétences et nature, il nous restait à évoquer le mécénat en nature. L'exemple du mécénat / don en nature chez les particuliers s'illustre par les collectes alimentaires effectuées dans les supermarchés ou les écoles (la Banque alimentaire a 30 ans cette année). Pour les entreprises, on imagine le dons de produits inutilisés ou de surplus. On le réduit souvent aux denrées alimentaires, aux fournitures scolaires ou médicales, mais la réalité de cette générosité est bien plus diverse que dans l'imaginaire collectif.

Dis Flavie, c'est quoi le mécénat en nature ?
Dis Flavie, c'est quoi le mécénat en nature ?

Souvent opposé au don financier, il est particulièrement centré sur les activités de l'entreprise et peut être préféré pour des raisons stratégiques ou de trésorerie. Le don en nature recouvre plusieurs réalités puisqu'il comprend également les prêts, de biens immobiliers ou de matériels. Ce mécénat multiforme permet de très diverses formes de partenariats qui peuvent donner lieu à des projets créateurs de valeur immatérielle et de sens pour les mécènes comme pour les bénéficiaires, en impliquant les collaborateurs, par exemple. 

Il s'agit classiquement d'un don de produits de l’entreprise à une association. C'est un mécénat croissant car il paraît moins lourd aux entreprises, non seulement financièrement lorsqu'il s'agit de produits non vendables mais surtout car il n'y a pas de « dépenses » engagées.

Le mécénat en nature est très important dans le secteur de la générosité. Le mouvement prend de l'ampleur avec des associations intermédiaires spécialisées dans cette problématique comme l'Association du don en nature, modernisant franchement les collectes d’antan avec un catalogue en ligne. L'association aide 600 000 personnes démunies par an. Dans un article de La Croix consacré aux 10 ans de Dons Solidaires, on lit que « l’association se fixe pour objectif de doubler son portefeuille d’entreprises donatrices, aujourd’hui au nombre de 51 (Lego, Bic, L’Oréal, Okaidi, Beiersdorf etc.), et de dépasser le seuil des 100 millions d’euros d’articles récupérés en trois ans. ». Un budget poids lourd, donc.

Comme tous les mécénats, il est défiscalisable (loi Aillagon) pour les entreprises selon des conditions précises. En résumant (détails), les « textes disposent que l’apport de l’entreprise devra être valorisé au prix de revient, ou à la valeur nette comptable pour les éléments inscrits à l’actif de l’entreprise. »

Plusieurs limites se dessinent dans ce type de mécénat, la première repose sur les interrogations sur le bienfondé du dispositif fiscal et de l'extrême optimisation du système. Par exemple, la communication ou la défiscalisation autour d'invendus qui n'auraient rien « rapporté » sont certes incitatives, mais on peut se demander si cela doit/peut être mis sur le même plan qu'un autre type de mécénat. Précisons cependant que la valeur des produits arrivés à date de péremption est considérée comme nulle et donc non « exploitable » fiscalement.

Pour les entreprises, il y a ensuite une question importante, celle de révéler le coût de revient de certains de leurs produits (ou le prix d'achats des biens acquis), ce qui ne va pas forcément dans le sens de leur communication, les obligeant à une transparence extrême sur leur comptabilité. Cependant, beaucoup d'entreprises choisissent de ne pas profiter de cette possibilité fiscale.

Le mécénat en nature est donc un enjeu important pour le paysage philanthropique d'aujourd'hui, parce qu'il coule de source pour beaucoup d'acteurs, mais surtout parce qu'il est le chaînon d'une économie et d'un mode de vie plus solidaires et plus responsables, dans lesquels le gaspillage n'a pas droit de cité et pour lesquels le partage est une condition de la pérennité de nos sociétés. 

Crédit photo 

Des questions sur le mécénat, le monde associatif ou la philanthropie ?  Toutes les semaines retrouvez les réponses de Flavie DEPREZ :

Un parcours universitaire varié - Sciences Po Lille (administration publique), Paris-Dauphine (option politique et culture), Master’s program of Cultural and Creative Industries au King’s College à Londres ... Une expérience professionnelle multiple en fundraising (Children’s Discovery Center à Londres, Lille 3000) et en politique culturelle au sein du Secrétariat général du Ministère de la culture et de la communication (chargée de mission de valorisation du patrimoine immatériel culturel) ...  Flavie a remporté l’Oscar du Mécénat Culturel Jacques Rigaud de l’Admical en 2012 avec l’entreprise Doublet, dont elle était la responsable du mécénat. 

Experte, elle accompagne aujourd'hui en tant que consultante indépendante les différents acteurs concernés dans des partenariats de mécénat aux enjeux croisés.

 

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