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Par Carenews INFO - Publié le 13 février 2017 - 15:38 - Mise à jour le 2 mars 2017 - 13:21
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La fin de l’agriculture urbaine non lucrative ?

L’agriculture urbaine c’est 5,5 hectares au cœur de Paris et 250 hectares en Île-de-France, soit près de 800 espaces. Environ 500 tonnes de fruits et légumes sont produites par an à Paris même, 8 000 litres de bière, 4 200 litres d’engrais végétal, plus de 120 emplois créés et 7 millions de chiffres d’affaires. À l’origine associatif, ce mouvement prend depuis les trois dernières années un virage plus commercial exigeant une plus forte production, plus de rendements pour plus de chiffres d’affaire, qui se détourne de l’objectif initial de ces projets. Alors quel avenir pour les jardins collaboratifs ? Quels moyens se mettent en place pour nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse ? Manger sain, durablement et dans le respect de l’environnement, est-ce vraiment possible ?

La fin de l’agriculture urbaine non lucrative ?
La fin de l’agriculture urbaine non lucrative ?

L’évolution d’un projet social et écologique

L’appel à projets Parisculteur est à la recherche d’une agriculture urbaine efficace, mais surtout rentable. Cette idée de rentabilité en laisse cependant plus d’un dubitatif. Pour certains, cet appel à projets est le symbole de la marchandisation de l’agriculture urbaine, secteur innovant et prometteur. Le but initial de ce projet n’était pas de faire du profit, mais un moyen de reconnecter les gens avec la nature et entre eux, de produire plus sainement et de manière écologique ainsi que d’embellir les villes. En France, un produit maraîcher parcourt environ 1 500 km avant d’arriver au consommateur, laissant une forte empreinte carbone ; la proximité permet donc une économie d’énergie. À l’origine, il s’agit d’un mouvement associatif et social et non pas lucratif pourtant, pour certain, la rentabilité est devenue le facteur premier.

 

L’essor des jardins collaboratifs

Cet intérêt pour les jardins collaboratifs (ou agriculture urbaine) existe depuis quelques années déjà. À petite échelle, des jardins ont commencé à pousser dans les villes, sur les toits, sur les murs et dans les microfermes, rassemblant les voisins d’un quartier, embellissant la ville ou même fournissant des produits frais aux grands restaurants parisiens. L’hôtel Pullman fournit son restaurant étoilé grâce au potager poussant sur le toit de l’hôtel, avec en bonus la vue sur la Tour Eiffel.

Aujourd’hui, certains fondateurs de ces initiatives s’interrogent sur leur évolution. C’est le cas d’Antoine Lagneau, chargé de mission en agriculture urbaine à NatureParif et auteur de nombreuses tribunes à ce sujet ou de Sébastien Goezler, co-fondateur de Vergers Urbains. Ceux-ci craignent que l’accent soit mis sur l’aspect marchand et financier des potagers et que les petites structures à vocation sociale  soient mises de côté : « Les derniers appels à projets oublient les fondements de l’agriculture urbaine pour favoriser l’aspect marketing. On se pose moins la question du sens, du pourquoi et comment on améliore la ville, la vie d’un quartier, le paysage », argumente Sébastien Goezler.

 

L’agriculture urbaine : produire mieux, pas plus

Aujourd’hui, sur les 800 espaces en Île-de-France, 9 sont consacrés à la productivité des produits et au rendement. Ce chiffre reste loin derrière les projets familiaux, d’insertion et associatifs. Cependant, même si le chiffre est faible, ces initiatives restent la cible des appels à projets et sont en plein essor avec de nouvelles start-ups en cours de création. Mettant en avant leurs techniques innovantes pour augmenter le rendement, elles s’éloignent du « retour à la nature » à l’origine de l’agriculture urbaine. On parle d’hydroponie ou d’aquaponie par exemple : « Dans sa définition, l’agriculture urbaine doit être multifonctionnelle, apporter quelque chose au niveau social et environnemental. En ville, il y a une telle concurrence pour l’espace que l’agriculture ne peut se contenter de produire uniquement de la nourriture, elle se doit d’apporter plus », explique Sébastien Goezler. L’objectif n’est pas de remplacer l’agriculture traditionnelle mais de la compléter, de rendre la « nature utile » sur plusieurs plans à la fois.

 

 

Des initiatives sociales et solidaires

Certains jardins parviennent tout de même à trouver l’équilibre. Sous les fraises se finance grâce à la vente de ses légumes uniquement et embauche régulièrement. Ses produits (plus de 380 variétés) sont vendus aux restaurants de quartiers à des prix compétitifs.

Citizen Farm fournit pour sa part des containers de 15m2 permettant de produire jusqu’à  800 kg de légumes par an grâce à l’aquaponie*, permettant de produire près de 5 fois plus et d’économiser 90% d’eau. Ces « microfermes » sont vendues 20 000 euros aux villes et aux associations permettant par exemple à un foyer de sans-abris de participer à l’aventure, de travailler auprès de la nature, de se former et de produire leur propre nourriture.

 

*L’aquaponie repose sur un cycle naturel en plusieurs étapes. Un aquarium est installé en bas de la serre et son eau permettra d’arroser les plantations situées en hauteur. Si les poissons produisent des déchets d’ordinaire nocifs en grande quantité, ceux-ci sont transformés en nitrites puis en nitrates par les bactéries présentes dans l’aquarium. L’eau chargée en nitrates est acheminée jusqu’à la serre où elle va nourrir les plantes qui assimilent ces déchets par les racines, et donc purifier l’eau. Une fois nettoyée et oxygénée, cette eau peut retourner dans le bac des poissons dans un cercle vertueux perpétuel.

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