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Par Carenews PRO - Publié le 5 mai 2014 - 09:08 - Mise à jour le 11 février 2015 - 13:31
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Humanitaire : pourquoi partir, pourquoi revenir

Eric Gazeau est le fondateur de Résonances humanitaires. Cette association aide le retour des personnes parties en humanitaire (voir notre article portrait). En 1993, quand il quitte son travail de commercial pour la Bosnie, il pense revenir dans trois mois. Finalement, son retour en France n’aura lieu que 12 ans plus tard. Pour nous, il revient sur les raisons de son engagement et nous explique pourquoi il est aussi important de rentrer.

Humanitaire : pourquoi partir, pourquoi revenir
Humanitaire : pourquoi partir, pourquoi revenir

Humanitaire: pourquoi partir, pourquoi revenir

Eric Gazeau est le fondateur de Résonances humanitaires. Cette association aide le retour des personnes parties en humanitaire (voir notre article portrait). En 1993, quand il quitte son travail de commercial pour la Bosnie, il pense revenir dans trois mois. Finalement, son retour en France n’aura lieu que 12 ans plus tard. Pour nous, il revient sur les raisons de son engagement et nous explique pourquoi il est aussi important de rentrer.

Carenews.com: Où, quand, comment mais surtout pourquoi êtes-vous parti?

Eric Gazeau: En 1993, j’ai 28 ans et je décide de partir en Bosnie. J’ai l’impression que je vais louper ma vie si mon but reste de travailler juste pour me nourrir. A ce moment là, c’est la guerre là-bas et je me dis que c’est de la non assistance à personnes en danger si je ne fais rien. La Bosnie c’est tout près, ce sont des cousins là bas, ils doivent écouter la même musique que moi!

Beaucoup de personnes le ressentent mais ne sautent pas le pas. Est-ce que vous aviez déjà des liens avec ce milieu?

C’est vrai que j’ai eu une culture de l’engagement dans ma famille: syndicale d’un côté et militaire de l’autre, j’avais de beaux exemples.

Alors, quel était votre rôle en Bosnie? Cela devait être très dangereux.

Je suis parti avec Solidarité Internationale, normalement pour 3 mois et puis finalement je suis resté un an. Je travaillais pour le monitoring du Haut Commissariat aux réfugiés pour distribuer l’aide humanitaire dans trois villes différentes. C’était mon baptême du feu. Une fois je suis allé à la rencontre du maire de Bresa, il m’a fait visiter les mines, à la sortie, les snipers nous tiraient dessus. Oui, là j’avais la trouille.

Et après la Bosnie alors?

Je suis parti dans différents pays: au Soudan j’étais chef de projet pour Médecins sans frontières pour réhabiliter un hôpital. Au Rwanda, juste après le génocide, j’ai été contrôleur de gestion puis chef de mission. Ensuite je suis rentré en France pour faire un Master d’aide humanitaire à Aix en Provence mais je suis tout de suite reparti, au Kosovo, jusqu’en 2000.

Pourquoi êtes vous rentré en France?

On revient parce qu’on ne peut pas rester sur le fil du rasoir tout le temps. On est obligé de poser son sac quelque part, que ce soit à l’étranger ou en France.

Parfois, les ONG ne nous préviennent pas mais on fait la mission de trop: le burn out! Le cas est particulier pour les pays en guerre. Quand on reste trop longtemps, on perd sa neutralité alors que souvent en zones de conflit, c’est très important de rester étranger. Quand je suis arrivé au Soudan, j’étais blanc. Quand j’en suis reparti, j’étais noir.

En quoi ce retour est si difficile?

Quand on part en mission c’est qu’on est disponible, souvent célibataire. Mais de retour, les anciens amis ne nous écoutent pas ou ne nous comprennent pas. Pour les autres, ils sont encore sur le terrain. Là-bas, on a une vie très communautaire avec des maisons partagées par les humanitaires, le changement de vie peut être violent. Les anciens combattants sont épaulés mais pour les volontaires, il n’y a aucun sas de décompression.

Un autre problème se pose quand cela s’est mal terminé avec l’ONG. Vous savez, dans l’humanitaire, les modes de fonctionnement sont parfois plus souples qu’en entreprise, ce qui favorise le phénomène du petit chef et de l’abus de pouvoir. Parfois, ils nous ont viré mais il n’y a aucun garde-fou, on peut vraiment le vivre comme un divorce.

Qu’est-ce que vous faites depuis votre retour?

A mon retour, grâce à mon réseau, j’ai trouvé un poste dans les ressources humaines au Samu social de Paris. Pour beaucoup, c’est très difficile de se réinsérer, avec des amis on a donc créée Résonances humanitaires dont je m’occupe depuis 2002.

Alors, Résonances humanitaires, c’est quoi?

C’est une association qui est destinée à valoriser les expériences de ces personnes engagées à l’international dans des ONG. On leur apporte de l’écoute, pour qu’ils puissent vider leur sac et un accompagnement par des consultants professionnels en ressources humaines. Pour les gens, faire de l’humanitaire c’est creuser des puits mais non, pas seulement: il y a des chargés de communication, chefs de mission, ingénieurs etc. Le terrain est une école de managment particulière à valoriser.

Si l’activité de RH n’est pas prête d’être obsolète et que Eric Gazeau s’y est beaucoup impliqué, à demi-mot, il nous confie que mentalement, qu’il serait prêt...à repartir!

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