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Par Carenews PRO - Publié le 21 janvier 2020 - 15:25 - Mise à jour le 21 janvier 2020 - 15:29
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Les Ambitieuses, un programme qui veut « faire émerger » les entrepreneures de la Tech for Good

Les Ambitieuses est un programme dédié aux entrepreneures de la Tech for Good du réseau d’incubateur la Ruche. À l’occasion du coup d’envoi de sa troisième édition, Gaspard Lefèvre, son responsable, a répondu à nos questions.

Crédit photo : Les Ambitieuses.
Crédit photo : Les Ambitieuses.

Depuis 2008, le réseau d’incubateurs la Ruche accompagne des porteuses et porteurs de projets mus par l’entrepreneuriat social, les nouvelles technologies, l’artisanat et la culture. Le réseau revendique désormais 1000 entrepreneur·e·s apprenant·e·s. Dans l’entrepreneuriat, toutefois, les femmes restent minoritaires, et ce de façon criante dans le domaine des nouvelles technologies. Selon la Ruche, elles ne représentent ainsi que 9 % des entrepreneurs du secteur. 

Dix ans après sa création, le réseau a donc lancé les Ambitieuses, un parcours d’accompagnement des entrepreneures de la Tech for Good. À l’occasion du lancement de sa troisième édition, dont l’appel à projet est ouvert jusqu’au 23 février, Gaspard Lefèvre, le responsable du programme, a répondu à nos questions.

  • Comment les Ambitieuses ont-elles vu le jour ?

La Ruche menait conjointement les programmes Impact Digital et les Audacieuses, respectivement dédiés aux projets d’entrepreneurs sociaux dans la Tech for Good et aux femmes entrepreneures. Nous nous sommes rendus qu’ils ne comptaient que très peu de projets autour du numérique et des nouvelles technologies portés par des femmes.

Avec nos partenaires financiers, nous avons donc décidé en 2018 de féminiser le Digital Impact et de le transformer en les Ambitieuses. L’objectif : détecter et sourcer les projets technologiques et numériques portés par des femmes, les accompagner dans leur développement et faire émerger des « role models » d’entrepreneures femmes utilisant le numérique pour répondre à des enjeux de société.

  • Comment le programme soutient-il les entrepreneures de la Tech for Good ?

Il s’agit d’un programme d’accompagnement et d'accélération de neuf mois, dont la particularité par rapport aux Audacieuses est que les projets sélectionnés sont déjà en phase de croissance. Les entrepreneures disposent d’une preuve de concept et de marché avec des premiers clients, des premiers chiffres d’affaires. 

Pour cette troisième édition, l’appel à projet est pour la première fois national. Nous allons présélectionner 20 à 30 entrepreneures pour participer à chacun de nos quatre bootcamps en région. Ces deux jours d’ateliers et de formations à Paris, Marseille, Bordeaux et Saint-Nazaire nous permettons de les préparer au jury, et surtout de leur donner les outils nécessaires pour attaquer une stratégie de croissance et de développement. Ce sera également l’occasion pour ces entrepreneures d’échanger entre elles et de créer leur propre réseau local.

Dix d’entre elles seront ensuite choisies pour intégrer le programme. Elles recevront six jours de formation collective à Paris, puis bénéficieront individuellement de l’accompagnement d’un entrepreneur deux heures par mois. Nous souhaitons ainsi créer des promotions de dix entrepreneures qui bénéficieront de la force du collectif et d’un accompagnement très individualisé en fonction de leurs besoins et des problématiques rencontrées. En fin de programme, un coup de cœur du jury sera décerné à l’une des entrepreneures. Elle recevra 5 000 euros et cinq jours d’accompagnement avec un consultant de KPMG. 

  • Quels sont les besoins spécifiques des entrepreneures de la Tech for Good ?

Il y a, d’abord, la question de l’accès aux financements, plus compliqué quand on est une femme entrepreneure. Il y a encore un énorme enjeu d’éducation de l'écosystème sur les stéréotypes de genre. Nous aidons donc les entrepreneures à travailler leurs techniques de négociation et de stratégie commerciale, pour vendre au mieux leur projet auprès des investisseurs. Ensuite, il est souvent nécessaire de travailler sur l’ambition des projets. J’entends souvent des entrepreneures dire qu’elles font « un petit projet », qui aura « un petit impact », alors que les entrepreneurs hommes n’hésitent pas à avancer : « mon projet va être énorme ». D’où l’importance de développer la confiance en soi et l’ambition des entrepreneures. Nous reprenons souvent les prévisionnels des stratégies de développement pour les doubler ou les tripler.

  • Quelles ont été les suites du programme pour les précédentes lauréates ?

En comptant celles de cette année, les Ambitieuses seront bientôt 26. Nous suivons nos entrepreneures tous les six mois pendant trois ans après leur sortie de l’accompagnement. Les finalistes restent dans la communauté de Ruches locales, et peuvent compter sur le soutien du réseau pour mettre en avant leur projet et les aider quand c’est nécessaire. 

Environ 75 % des structures sont toujours en activité, et nous comptons de très belles réussites. Je pense par exemple à MOBiDYS à Nantes, une solution d’intelligence artificielle facilitant la lecture aux personnes atteintes de troubles visuels. L’entreprise comptait trois salarié·e·s quand elle est entrée dans les Ambitieuses ; ils sont désormais une dizaine, et souhaitent se développer à l’international. 

  • Comment Les Ambitieuses sont-elles financées ?

Historiquement, nous sommes soutenus par Orange, la Fondation Rexel et INSEEC U. L’année dernière, les Caisse d’épargne, notamment d’Île-de-France, la BPCE, la Fondation Sage ainsi que la Fondation KPMG (en mécénat de compétences) nous ont rejoints. Notre budget annuel varie ainsi de 130 à 150 000 euros, et le programme est entièrement coconstruit avec nos partenaires, impliqués dès la sélection des projets.

  • Quel avenir préparez-vous pour ce programme ?

Nous l’ouvrons et le nationalisons un peu plus chaque année. Pour l’édition 2019, l’accompagnement était de six mois, contre douze cette année, qui a vu son ouverture à toute la France. Nous aimerions avoir une promotion de 15 entrepreneures en 2021, et toujours plus de bootcamps : la détection de projets proches des problématiques locales doit, elle aussi, être locale. Nous allons donc chercher des financements supplémentaires, et sommes ouverts à tous les types de partenariats. 

Propos recueillis par Mélissa Perraudeau 

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