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Par Fonds de dotation de l'Institut Henri Poincaré - Publié le 3 juillet 2020 - 10:19 - Mise à jour le 30 octobre 2020 - 11:29
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Mettre en valeur l'humain dans la science

A l'origine du livre La Maison des Mathématiques, Vincent Moncorgé nous parle de la photo de science et de son ingéniosité pour dévoiler l'être humain derrière le chercheur.

Photographe indépendant, Vincent Moncorgé collabore aussi bien avec des entreprises que des instituts scientifiques. Les projets autour de la science constituent une part importante de son travail : il a publié 5 livres illustrant la vie quotidienne des chercheurs de laboratoire, dont la Maison des Mathématiques, sur les chercheurs de l’Institut Henri Poincaré. Il est membre de la European Society for Mathematics and the Arts (ESMA) et a donné des conférences sur le sujet « Documenter la science, regards photographiques » dans plusieurs universités, aussi bien en France qu’à l’étranger. 

 

Photographe de formation j’ai commencé par exercer dans une agence de presse parisienne en tant qu’agent de photographe. Puis, mon travail s’est orienté vers l’international, et j’ai eu à organiser des reportages autour des grands événements internationaux. Je me suis ensuite installé comme photographe indépendant car la dimension entrepreneuriale a une grande importance à mes yeux. Le milieu de la photographie étant fortement concurrentiel, je me suis rapidement spécialisé dans la photo de Science. Aujourd’hui, ce secteur représente une grande partie de mon activité, de mon réseau et mon principal centre d’intérêt.

Lorsque j’étais plus jeune, j’ai constaté que les photos de scientifiques étaient empreintes de beaucoup de mystification : le chercheur n’était jamais montré comme quelqu’un de normal. Ces modèles « des grands hommes » de science découlaient d’une certaine volonté politique, mais cela entretenait, à mon sens, l’image de modèles inaccessibles, effrayants et pouvait freiner les vocations.

A l’occasion des 20 ans de l’École Normale Supérieure de Lyon, Philippe Gillet, son directeur, m’a donné carte blanche pour réaliser un livre sur les chercheurs de l’École. Ce livre a eu du succès et m’a permis de me faire connaître du monde scientifique. Aujourd’hui, j’ai des clients fidèles comme le CNRS par exemple, qui me donnent l’opportunité de montrer l’humain et de raconter des histoires de gens passionnés.

J’ai proposé de réaliser le livre La Maison des Mathématiques à la suite d’un rendez-vous avec Cédric Villani. Alors directeur de l’IHP, il m’a laissé le champ libre. L’inspiration, je l’ai trouvé dans le côté puriste, zen de cet environnement où s’affichent des tableaux noirs et des craies blanches. J’ai pu alors réaliser de nombreux clichés de chercheurs mais aussi de modèles mathématiques de la collection de l’IHP.

Ce livre m’a permis d’obtenir une certaine reconnaissance professionnelle car il a été un succès en termes du nombre d’exemplaires vendus. Étant à l’origine du projet, j’ai pu décider de l’orientation que je souhaitais donner à ce livre et faire des choix quant au contenu. Ce livre m’a permis de participer à des expositions à l’international. Il reste d’ailleurs beaucoup à exploiter dans ce livre.

Grâce à ce livre, j’ai été amené à participer au film, Man Ray et les équations shakespeariennes. Le monde de la science étant en réseau, d’autres portes se sont ouvertes pour que je puisse réaliser d’autres livres, et dupliquer ce genre de reportage photos avec d’autres instituts de recherche.

Sur le plan personnel, avoir eu la chance de côtoyer des chercheurs aux parcours très prestigieux, m’a fait prendre conscience du côté très « humain » des chercheurs. Très éloignés de l’idée d’inaccessible, ou littéralement « hors du commun » qui collent à l’image des chercheurs, ce travail m’a permis de mettre en valeur l’humanité que nous partageons tous.

Cette idée d’universalité humaine m’a été confirmée à l’occasion d’autres reportages. J’ai pu retrouver des points communs entre les scientifiques et les moines par exemple, dont la forte spiritualité, la sobriété, la foi, se rapprochent de celle des chercheurs. Ces différentes expériences ont nourri ma spiritualité et ma philosophie.

Cette transcendance est bien illustrée par le choix du Rulpidon. C’est un objet extraordinaire mais qui n’est pas sacré.  Par sa simplicité et son aspect ludique, il permettra aux gens de se l’approprier.  C’est un objet que l’on peut traverser, un objet à plusieurs dimensions.

La Maison Poincaré sera un lieu unique, mettant en valeur le rôle essentiel des mathématiques dans nos vies futures. Cette Maison sera aussi un pont avec l’art, un lieu d’ouverture, de lumière, à l’image des mathématiques eux-mêmes : ils sont de la lumière, du blanc sur du noir.

La Maison Poincaré est un projet et un lieu nobles, qui ne dépend pas de volontés politiques. Ce projet est pur et vrai. On n’en ressortira pas le même qu’en y entrant. Il faut y aller !

 

Vincent Moncorgé

 

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