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Par Carenews INFO - Publié le 13 décembre 2018 - 08:20 - Mise à jour le 14 décembre 2018 - 09:34
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[#STREET] Le frottis truck, le cabinet gynécologique mobile d’ADSF

Pour les femmes qui ne peuvent pas aller vers les soins, l’association ADSF-Agir pour la Santé des Femmes a décidé que ce sont les soins qui viendraient à elles. En 2014, l’association a lancé, pour les femmes en situation de grande précarité, un camion aménagé en cabinet gynécologique, baptisé “Frottis truck” en référence aux food trucks que l’on voit aujourd’hui déambuler un peu partout. Consultations et soins gratuits, mais aussi soutien psychologique ont été dispensés à plusieurs centaines de femmes cette année.

[#STREET] Le frottis truck, le cabinet gynécologique mobile d’ADSF
[#STREET] Le frottis truck, le cabinet gynécologique mobile d’ADSF

 

Les femmes à la rue, une réalité souvent ignorée

 

La précarité des femmes est un mal invisible. Pourtant, même si les chiffres varient et que les études sur le sujet sont rares, on estime à plusieurs milliers le nombre de femmes qui vivent à la rue, un chiffre qui gonfle encore si l’on prend en compte celles qui vivent, temporairement ou non, dans des hôtels sociaux ou des bidonvilles. Particulièrement vulnérables et exposées, ces femmes doivent bien souvent se cacher pour se protéger des agressions. Elles sont parfois contraintes à consentir des faveurs sexuelles en échange de la "protection" d’un homme, d’un groupe, ou en échange d’un logement précaire.

 

Dans ce contexte de violence permanente, les difficultés financières, l’exclusion et la honte éloignent les femmes en situation précaire des soins gynécologiques et obstétriques de base, pourtant essentiels. Alarmée par cette situation, l’association ADSF-Agir pour la Santé des Femmes, qui œuvre pour un meilleur accès aux soins des femmes, a mis en circulation depuis 2014 le “frottis truck”, un cabinet gynécologique installé dans un camion qui sillonne les quartiers franciliens pour aller à la rencontre de ces femmes.

 

Dans le frottis truck, un soutien tant médical que psychologique

 

Soins et examens gynécologiques (frottis, dépistage), accès à la contraception et à des protections périodiques… Une équipe dédiée de gynécologues et de sages-femmes se tient à la disposition des femmes rencontrées par le frottis truck. Mais pour acompagner ces femmes souvent en état de grande détresse psychologique et morale, l’équipe s’appuie aussi sur des psychologues. Une dimension fondamentale, bien souvent oubliée dans les programmes d’aide aux femmes précaires. “La santé mentale n’est pas prise en considération dans l’aide aux plus démunis, or, c’est une violence", explique Nadège Passereau dans une vidéo publiée par Brut. Dans l’intimité du cabinet ambulant, les femmes se confient plus facilement sur les violences qu’elles ont subies, sur leurs conditions de vie et sur leur solitude.

 

Cette année, l’association estime avoir pris en charge avec le frottis truck environ 900 femmes en situation de grande précarité, contre 700 l’année dernière et à peine quelques centaines il y a deux ou trois ans. Une recrudescence qui serait liée tout autant à l’augmentation du nombre de femmes à la rue (à Paris, elles seront 70 % plus nombreuses qu’il y a 10 ans) qu’à une certaine libération de la parole et une levée des tabous encouragées par le mouvement #MeToo, estime Nadège Passereau, déléguée générale de l’ADSF, qui salue la “prise de conscience” engendrée par ce mouvement. “Le phénomène est visible désormais”, assure-t-elle.

 

Quels dispositifs médicaux permanents pour les femmes ?

 

Pour les femmes en situation de précarité, la question administrative reste déterminante pour l’accès aux soins. Parmi les quelques 709 femmes prises en charge par l’ADSF en 2017, seules 53 % bénéficiaient d’une situation administrative autorisant l’accès aux soins, et 83 % de celles vivant à la rue n’avaient aucun droit ouvert. Or, nombre d’entre elles étaient enceintes ou avaient des enfants en bas âge, et la plupart n’avaient pas eu de suivi gynécologique depuis au moins un an.

 

En France, les centres de Protection Maternelle et Infantile (PMI) proposent, sous certaines conditions (notamment de revenus), une large palette de services gratuits pour les femmes enceintes et les mamans de jeunes enfants (informations, suivi médical, dépistage, vaccinations). Les PMI délivrent même gratuitement, sur prescription médicale, des moyens contraceptifs aux mineurs et aux adultes sans couverture sociale. Mais ces centres (au nombre de 59 à Paris) sont largement méconnus par les femmes, et leurs horaires d’ouverture, uniquement en semaine, souvent trop restreints pour une réelle accessibilité.

 

Le 1er décembre dernier, l’ADSF et l’Armée du Salut ont ouvert, dans le 13e arrondissement de Paris, en parallèle de l’action du frottis truck, la Cité des Dames, un centre d’accueil et de soins pour les femmes en grande précarité ouvert 24 h/24 et 7 j/7. Le lieu proposera un ensemble de services de soins corporels et psycho-médicaux, d’orientation vers des services d’emplois, de restauration, un point connexion et une salle de repos.

 

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