[D'AILLEURS] Aux États-Unis, le mécénat en proie à l'ego des milliardaires
De l'autre côté de l'Atlantique, une part considérable du mécénat semble s'effectuer avec un intéressement tout particulier. Des nombreux milliardaires américains financent des lieux culturels avec, bien souvent, pour contrepartie de pouvoir accoler leur nom aux musées, aux opéras ou aux différents centres d'arts. Un sujet qui a agité la toile cette semaine sous l'impulsion des versions américaine et française du magazine en ligne Slate.
Ô miroir, mon beau miroir, qui fait le mécénat le plus discret? La réponse ne se situe, a priori, pas aux États-Unis ! On peut citer la salle dédiée aux armures du Metropolitan Museum of Art au nom de Emma et Georgina Bloomber – filles de l'ancien maire de la grosse pomme – ou encore le cas d'un des plus grands hôpitaux de la même ville renommé en 2008 au nom de Kenneth Langone – le propriétaire d'une célèbre chaine de bricolage dans le pays. Un vol direct de Narcisse au pays de la philanthropie?
Une situation "déprimante" sur la réelle motivation des milliardaires à agir en faveur de la solidarité pour l'éditorialiste du Slate américain. Cependant, il existe un club milliardaires philanthropes qui comptent de plus en plus de membres : The Giving Pledge ("la promesse de dons" en français). Lancée par Bill Gates et Warren Buffet – deux hommes parmi les plus riches du monde, l’initiative vise à persuader les milliardaires des États-Unis d'offrir, de leur vivant ou à leur mort, au moins la moitié de leur fortune pour la bonne cause. Le très connecté Mark Zuckerberg et le réalisateur Georges Lucas font partie de l'aventure solidaire qui tend à aussi rallier les personnalités les plus fortunées des pays émergents.
À noter que Michael Bloomer, l'ancien maire de New York cité précédemment est aussi membre de ce club très sélectif. Le monde du mécénat outre-Atlantique n'a pas fini de dévoiler sa complexité... mais aussi ses combats d'ego. En effet, ce type de situations ubuesques où de richissimes donateurs protestent contre la suppression de leur nom d'une institution qu'ils ont financée auparavant s'est déjà présenté. L'exemple Avery Fisher en est la preuve : un don de 10 millions de dollars en 1973 à la salle de concert Lincoln Center. Le philanthrope présumé avait menacé de faire un procès si Lincoln Center modifiait le nom d'une salle à son patronyme.