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Par Carenews PRO - Publié le 18 mai 2016 - 16:26 - Mise à jour le 25 mai 2016 - 13:05
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[Entretien] François Debiesse, président exécutif d'ADMICAL

Les clients de la Banque Privée des institutions françaises sont riches. Ils sont aussi généreux. C'est en le découvrant que François Debiesse s'est engagé dans la philanthropie et dans le mécénat d'entreprise tout au long de sa carrière de banquier.

[Entretien] François Debiesse, président exécutif d'ADMICAL
[Entretien] François Debiesse, président exécutif d'ADMICAL

Qu'est ce qui vous a mené à la présidence exécutive d'ADMICAL ?

En quarante ans de vie professionnelle j'ai eu un seul employeur, la banque Paribas devenue BNPParibas. J'y ai travaillé dans le secteur de la Banque Privée que j'ai dirigée pendant vingt ans tout en m'engageant personnellement dans la Fondation Paribas puis BNPParibas. Créée en 1984 c'était l'une des premières fondations et j'en suis devenu président au bout de dix ans. Ma forte implication m'a conduit à écrire à cette époque un « Que sais-je ? » sur le mécénat.

Mon métier de conseil auprès de clients fortunés m'a amené à découvrir le potentiel très grand de philanthropie parmi ceux-ci, nombreuses étant les personnes voulant faire des choses pour la société. C'est la raison pour laquelle j'ai mis en œuvre une activité de conseil en philanthropie au sein de la banque Privée, une activité qui bien sûr n'avait pas pour but de gagner de l'argent comme les autres activités de conseil. J'ai créé à ce moment-là la Fondation de l'Orangerie pour la Philantropie Individuelle. La philantropie complétait ma vision de chef d'entreprise ou d'activité menant un combat pour l'exercice éthique et responsable du métier de banquier. Aujourd'hui la philantropie est bien mieux reconnue. On a enfin abandonné l'héritage judeo-chrétien voulant qu'on fasse le bien sans le faire savoir alors qu'il y a de belles histoires à raconter.

J'ai connu l'ADMICAL au moment de sa création et suis entré au conseil d'administration à la fin des années 90. Sous la présidence d'Olivier Tcherniak l'ADMICAL s'est ouvert à la philantropie des particuliers. J'en suis devenu moi-même président l'an dernier au moment où j'ai pris ma retraite exécutive de BNPParibas.

Comment percevez-vous l'évolution du mécénat ?

L'ADMICAL a été très moteur dans le développement du mécénat d'entreprise en France depuis 1979. Le mécénat privé avait pratiquement disparu avec l'arrivée de l'ère industrielle qui l'avait remplacé par le paternalisme des chefs d'entreprise. Avec Jacques Rigaud un combat a été mené auprès des Pouvoirs Publics pour la création d'un cadre juridique et fiscal au mécénat. Cela a abouti à la loi Aillagon de 2003 prolongée par la loi TEPA qui constituent l'un des meilleurs dispositifs au monde.

Bien sûr le mécénat a été impacté par la crise de 2008, les chiffres tant en nombre de mécènes qu'en volume ayant reculé pendant six ans. Avec parallèlement un transfert du mécénat culturel vers le social.

Depuis dix ans nous avons mis en place un baromètre du mécénat réalisé tous les deux ans et nous assistons pour 2016 enfin à un rebond, le nombre d'entreprises engagées dans le mécénat passant de 12% à 14%. Et le volume de 2,8 milliards d'euros à 3,5 milliards. Avec des perspectives très encourageantes puisque 79% des entreprises déclarent vouloir poursuivre leur activité de mécénat en 2016 quand un quart n'en était pas sûr en 2014.

Il s'agit de mon point de vue d'une vraie tendance. D'abord parce que les entreprises vont mieux. Ensuite parce les entreprises ont aujourd'hui une vision différente de leur rôle dans la société. Elles sont poussées par les collaborateurs à s'engager au-delà du simple business. Même si elles sont moins fidèles les jeunes générations sont davantage à la recherche de sens dans la vie professionnelle. Elles sont attachées à des projets de société dans lesquels s'engager et le mécénat en est l'outil le plus important, qu'il s'agisse du mécénat financier ou du mécénat de compétence.

C'est une réalité positive qui ne doit rien au hasard où le social reste en tête même si l'éducation est très prisée des mécènes et le sport également mais avec des budgets moindres.

La dimension territoriale est très importante, le mécénat a toujours été local. En France le clivage Public/Privé est en train de disparaître et un mix s'installe au niveau local.

La montée du collectif est une autre caractéristique du mécénat d'aujourd'hui qui voit se développer la coconstruction. Tous les opérateurs savent qu'à plusieurs on va plus vite et plus loin, c'est une dimension nouvelle.

Enfin la motivation des mécènes a changé et l'approche est différente.

Dans les années 80/90 les entreprises pionnières dans ce domaine en tiraient un bénéfice d'image à l'extérieur et on a pu le leur reprocher. Aujourd'hui il agit surtout comme facteur de ciment social en embarquant les collaborateurs dans des actions permettant de développer une fierté d'appartenance. Et cela personne ne peut le leur reprocher.

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