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Par Carenews PRO - Publié le 6 octobre 2016 - 15:14 - Mise à jour le 24 octobre 2016 - 09:00
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[CARENEWS JOURNAL] SOS MÉDITERRANÉE, AU SECOURS DES MIGRANTS EN DÉTRESSE

Depuis le début de l’année 2016, l’Aquarius, un bateau affrété par l’association SOS Méditerranée, sillonne les eaux internationales qui bordent la Libye. Grâce à cette jeune initiative citoyenne, près de 4 500 migrants en détresse ont pu être sauvés d’une mort quasi certaine

[CARENEWS JOURNAL] SOS MÉDITERRANÉE, AU SECOURS DES MIGRANTS EN DÉTRESSE
[CARENEWS JOURNAL] SOS MÉDITERRANÉE, AU SECOURS DES MIGRANTS EN DÉTRESSE

Du 20 février au 1er mai, Jean Passot, jeune o cier de marine, s’est engagé sur l’Aquarius. Rejoignant l’association SOS Méditerranée, il a participé à trois rotations pour venir en aide aux migrants qui embarquent en Libye sur des canots de fortune pour traverser la mer Méditerranée a n de connaître un avenir meilleur.

« On partage tout avec eux, ils sont étonnés que ce soit nous qui posions des questions »  

« Nous sommes leur premier contact avec l’Europe, un premier pas dans une vie où ils ne devront plus avoir besoin d’être aux aguets en permanence », confie le marin qui à l’époque cherchait à s’engager dans un « projet humanitaire ». Depuis le début de l’année 2016, près de 250 000 migrants et réfugiés ont rejoint l’Europe par les mers. Un chiffre qui grandit de façon exponentielle. Dans cette traversée à hauts risques, 3 034 y ont trouvé la mort, selon l’Organisation internationale pour la migration (OIM) au 26 juillet dernier. Un tragique bilan qui s’ajoute aux 5 350 décès en 2015 et aux 5 017 en 2014. Face à l’ampleur de ces chi res, SOS Méditerranée est née du désir commun d’un capitaine allemand de la marine marchande, Klaus Vogel, et d’une humanitaire française, Sophie Beau. « Dès le départ, ils souhaitent créer une association européenne citoyenne, détaille Fabienne Lassalle, la directrice adjointe de SOS Méditerranée. Ils ont eu la volonté de réagir face au constat qu’il n’y a pas de dispositif e cace pour faire du sauvetage satisfaisant et digne. »

L’association va recourir à un nancement original reposant quasi uniquement sur les dons de particuliers (voir encadré). Cet argent, SOS Méditerranée l’investit dans la location d’un bateau pour assurer ses missions de sauvetage. Deux conditions s’imposaient : trouver un navire su samment grand pour accueillir des rescapés et qui dispose d’un pont couvert pour pouvoir naviguer toute l’année. « Une société nous a proposé l’Aquarius, poursuit Fabienne Lassalle. Il mesure 77 mètres, peut accueillir 250 personnes, voire le double en cas d’urgence, et a déjà été utilisé pour réaliser du sauvetage par les garde-côtes allemands. »

« Nous cherchons réellement à créer les mêmes sociétés de sauvetage que celles qui existaient au XIXe siècle, insiste la directrice adjointe de SOS Méditerranée. Nous ne pouvons pas laisser des personnes mourir en mer. » Loin de naviguer au hasard des courants de la Méditerranée, l’Aquarius va se positionner au large des côtes libyennes dans les eaux internationales, tentant de venir en aide à ces migrants, entassés dans des barques de fortune, qui empruntent la route la plus dangereuse (Libye-Italie) pour rallier l’Europe. Répondant aux appels du Centre de coordination de sauvetage maritime (MRCC), basé à Rome, le bateau de SOS Méditerranée se dirige vers ces hommes et ces femmes en détresse. Une fois en sécurité, le MRCC leur indique dans quel port italien ils peuvent être débarqués.

La vie sur l’Aquarius, c’est aussi beaucoup d’attente, des veilles de trois heures à la recherche d’une embarcation en di culté. « Une fois, nous sommes tombés, par hasard et de nuit, sur une barque en détresse », se souvient Jean Passot. À son bord se trouvaient 650 personnes. Le sauveteur parle de la peur qu’il 

lit dans les yeux de ces migrants qui ne sont pas encore sortis de l’eau, des risques de mouvement de foule sur ces canots à l’arrivée de l’Aquarius mais surtout du « dernier sursaut d’énergie » de ces rescapés qui font tout pour s’accrocher en attendant d’être sauvés. Au 27 juillet, 4 488 personnes ont pu être sauvées des eaux par SOS Méditerranée. « On les arrache à une mort certaine », con e Jean Passot. Lui a participé aux premières rotations de l’Aquarius, tout comme dix autres personnes. Aux côtés des sauveteurs de SOS Méditerranée, tous sous contrat avec l’association, des médecins, in rmiers et même une sage-femme, dont le premier partenariat s’est noué avec Médecins du Monde, depuis remplacé par Médecins Sans Frontières. « Les rescapés présentent de nombreuses blessures, précise le jeune o cier de marine. Il y a évidemment des signes de déshydratation, de dénutrition, de blessures chimiques, mais également des marques de torture, de blessure par balle. » Des cicatrices de la vie que ces populations d’Afrique subsaharienne tentent de fuir en traversant ces centaines de kilomètres qui les séparent de l’Europe.

Un financement basé sur les dons particuliers

L’enjeu de SOS Méditerranée est de taille : sillonner des kilomètres de mer en réponse aux appels de détresse ou à la recherche de migrants dans des barques. Pour autant, l’association a décidé de baser son nancement sur les dons privés dans l’idée de forger une ambition citoyenne. À la création de l’antenne française, en juin 2015, une vaste opération de crowdfunding, sur la plateforme Ulule, a permis de récolter 275 000 euros en 45 jours. En Allemagne, une grande collecte a également permis de lancer la première opération de sauvetage commune.

Pour chaque journée en mer, l’association a besoin de 11 000 euros. Malgré la plateforme de dons en ligne, accessible depuis le site de l’association, il manque encore 150 000 euros pour boucler l’année 2016 et surtout commencer à prévoir 2017. « Nous sommes toujours en pleine structuration tout en étant parallèlement opérationnels », estime Fabienne Lassalle, la directrice adjointe.

SOS Méditerranée peut toutefois compter sur le soutien du monde marin dont le Cluster Maritime Français, qui lui a décerné son « Coup de Cœur ». Le Comptoir des Voyages, avec à sa tête Alain Capestan, fondateur du groupe Voyageurs du Monde, a mis à disposition de l’association des bureaux et s’est engagé à verser 100 000 euros à SOS Méditerranée.

 

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