Description
La bataille de Jean Vanier contre l’injustice faite aux personnes en situation de handicap mental a commencé en 1964, avec la création de L’Arche. Cet humaniste, philosophe, théologien et écrivain, qui a reçu en 2015 le prestigieux prix Templeton, découvre, à l’occasion de la visite d’un asile psychiatrique, en région parisienne, les terribles conditions de vie et de traitements des pensionnaires. Profondément touché par la détresse de deux d’entre eux, Raphaël Simi et Philippe Seux, il décide de vivre avec eux. Ils s’installent dans une petite maison à Trosly, dans l’Oise. Il la baptisera L’Arche. C’est le début d’une aventure humaine hors du commun. Dès l’année suivante, se développeront de nouveaux lieux où vivent et travaillent ensemble des personnes en situation de handicap mental et ceux qui les accompagnent, des salariés aux parcours variés et des volontaires, de plusieurs nationalités. Un pari fou qui a fêté ses 50 ans en septembre 2014.
L’Arche est aujourd’hui une fédération internationale de 149 communautés implantées dans 38 pays (dont 33 en France) et réparties sur les 5 continents. Fondées dans des contextes culturels, sociaux et religieux divers, ces communautés veulent contribuer à réduire les clivages et les lignes de fracture de la société. Chaque communauté regroupe deux à huit maisons de taille familiale, des foyers dans lesquels vivent une dizaine de personnes (personnes avec un handicap mental, salariés et volontaires), un centre d’activité de jour (CAJ) et parfois un établissement et service d’aide par le travail (ESAT). Ces établissements médico-sociaux accueillent en France plus de 1200 personnes handicapées mentales (plus de 4000 dans le monde), 850 salariés et 350 volontaires en Service Civique. Le financement du fonctionnement des 33 communautés françaises est essentiellement assuré par les pouvoirs publics tandis qu’une part significative des investissements (construction ou réhabilitation de foyers par exemple) provient de fonds privés collectés par la Fondation des Amis de L’Arche.
À l’instar de Jean Vanier, les maisons de L’Arche ont la particularité de faire partager une vie commune aux personnes avec un handicap et à celles qui les accompagnent. Cette démarche permet d’aller au delà de la simple relation aidant/aidé et d’ouvrir un espace pour de vraies relations de personne à personne. L’ensemble des projets est construit avec les personnes en situation de handicap. Chacun contribue à sa façon, à créer un « chez soi ». La volonté est de « vivre avec » les personnes ayant un handicap, plutôt que de « faire pour » elles, afin de leur redonner leur dignité et leur libre arbitre.
Actions menées
L’association a ainsi initié, à partir de 2009, une série de colloques pour partager avec le grand public son désir de témoigner de la valeur et de la richesse des personnes en situation de fragilité et, en particulier de leurs qualités relationnelles hors normes.
Pour l’édition 2016, L’Arche s’est entourée d’autres grandes associations comme ATD Quart Monde, Apprentis d’Auteuil, Aurore, Coexister, Le Secours Populaire ou Simon de Cyrène, afin d’élargir la réflexion à tous types de fragilités (handicap mental et maladie psychique, burn out, précarité sociale, fin de vie, accueil des migrants…) et sensibiliser les différents secteurs et acteurs de la société. L’Arche et les associations partenaires font sur leurs terrains respectifs l’expérience que les personnes en situation de fragilité peuvent être des acteurs actifs du lien social, une ressource du vivre ensemble.
L’accent sera mis sur la question de la fragilité dans l’entreprise, une notion encore taboue dans un milieu régi par la performance et la compétitivité. Coûts social et économique des personnes dites fragiles, entreprise comme lieu de construction sociale ou de fragilisation, fragilité du tissu économique : autant d’angles qui seront abordés pour traiter ce sujet d’actualité.