Centres sociaux et MJC tirent la sonnette d'alarme
Les centres sociaux et les maisons de la jeunesse et de la culture sont confrontés à une stagnation de leurs financements publics, alors que les besoins sociaux auxquels ils répondent augmentent. Mobilisés le 31 janvier pour alerter sur cette situation, ils appellent les pouvoirs publics à leur attribuer des moyens à la hauteur des enjeux.
Le 31 janvier 2024 aura vu une mobilisation sans précédent des centres sociaux dans toute la France, rejoints par les maisons de la jeunesse et de la culture (MJC). Rencontres, happening et manifestations visaient à alerter les citoyens et les élus sur l'impasse dans laquelle ces deux types de structures se trouvent : une hausse des besoins sociaux, liée notamment à la crise du pouvoir d'achat, et une stagnation des moyens qui leur sont accordés.
Des structures de proximité contribuant au lien social
Les centres sociaux sont des structures de proximité plus que centenaires, le premier d'entre eux ayant ouvert à Paris en 1896. Leur rôle est de proposer, sur tout le territoire français, des activités sociales, mais aussi éducatives, culturelles, familiales, aux habitants du territoire, pour et avec eux. À ce titre, ils remplissent des missions d'intérêt général, voire de service publique : leurs activités contribuent à consolider le lien social, dans une démarche d'éducation populaire. Leur rôle a été particulièrement important lors de la crise sanitaire de 2020-2021 : maintien du lien social pour les personnes isolées, création de circuits d'approvisionnement alimentaires solidaires, organisation de soutien scolaire à distance, etc.
« Les centres sociaux sont essentiels pour permettre l’accès aux loisirs, à la culture et faire vivre les solidarités dans nos villes, nos quartiers urbains et péri-urbains et nos campagnes. Présents partout en France – ils sont le plus grand réseau social du pays – ils sont ouverts à toutes et à tous, de la petite enfance au grand âge, et contribuent efficacement à la mixité, la cohésion et le lien social », estime ainsi la Fédération nationale des centres sociaux et socioculturels de France dans un communiqué.
Une situation financière alarmante
Les centres sociaux n'ayant pas vocation à générer d'activité économique, leur budget est essentiellement lié à des financements publics. Ainsi, 40 à 60 % de leur budget leur est alloué par les collectivités territoriales, 30 % provient des caisses d'allocations familiales, le reste étant financé par des fondations, des fonds européens et les usagers des centres.
Or les financements publics ont tendance à stagner depuis plusieurs années, malgré la hausse de la demande sociale. Cette stagnation est aggravée par l'inflation, qui pèse à la fois sur les coûts des centres sociaux et sur le pouvoir d'achat des habitants, bénéficiaires de leur action. « Les conséquences pour les habitants et les territoires sont réelles et concrètes : réduction ou fermetures d'activités et de services, situations d’isolement qui augmentent, territoires qui s’appauvrissent et qui perdent des emplois, voire fermeture de centres », note la Fédération des centres sociaux. Ainsi, 67 % des structures indiquent ne plus pouvoir répondre à certaines missions sociales, 52 % parlent de réduction ou d'arrêt d'activité, et 29 % prévoient de ne pas renouveler certains postes en 2024 (1,4 équivalent temps plein en jeu en moyenne).
Un appel aux pouvoirs publics
Face à cette situation, les centres sociaux lancent un appel « visant à obtenir des moyens à la hauteur des besoins ». Avec plusieurs demandes. D'abord, face à de multiples interlocuteurs (État, organismes sociaux, collectivités) qui se renvoient la balle, un appel à la co-responsabilité des acteurs publics autour des enjeux de cohésion sociale et de justice sociale. Ensuite, la mise en place d'un fonds de soutien exceptionnel, pour « amortir la crise » que ces structures rencontrent. Mais aussi un « nouveau pacte de coopération » entre les centres sociaux et leurs partenaires, et « un modèle économique renouvelé » qui leur permette d'envisager l'avenir plus sereinement.
Les MJC s'associent à cet appel. « Dans les 850 collectivités locales où elles sont présentes, les 208 MJC agréées pour l’animation de la vie sociale, parmi les 1 000 MJC du réseau, offrent des espaces de découverte, de co-construction, d’expression, d’expérimentations par l’éducation, la culture et le sport », indique MJC de France dans un communiqué. « L’attachement à la République et la citoyenneté s’y construisent au quotidien, via des actions concrètes, par un ensemble d’expériences sensibles vécues tout au long de la vie par les jeunes et les moins jeunes dans une visée émancipatrice », ajoute-t-elle.
Structures associatives indépendantes, beaucoup de MJC sont confrontées aux mêmes difficultés que les centres sociaux : « augmentation de leurs charges de fonctionnement, difficultés de recrutement, recherche permanente de financement pour assurer la pérennité du projet associatif d’éducation populaire et d’animation de la vie sociale, note MJC de France. Ces difficultés ont des conséquences sur l’accueil inconditionnel, principe fondateur du réseau et des maisons. »
Dans ce contexte, les MJC demandent aux pouvoirs publics le déblocage d'un fonds de soutien exceptionnel de 65 millions d’euros pour les structures de l’animation de la vie sociale.
Centres sociaux et MJC exigent une rencontre avec les différents niveaux de pouvoirs publics le 7 mars prochain, pour « mettre tout le monde autour de la table afin de construire des réponses à la hauteur des besoins et des enjeux ». Affaire à suivre.
Camille Dorival