Description
La fin de la “dépendance”
Down Up fonde l’essentiel de son action sur une nouvelle approche de la “dépendance” des personnes déficientes mentales, consistant à démontrer par l’exemple que leur assujettissement résulte en grande partie de la représentation faussée que les “non-déficients” se font de leurs désirs et de leurs capacités d’autonomie.
Partant d’un bon sentiment, la reconnaissance des différences, conception dominante depuis un demi-siècle a conduit, en toute logique, à l’institutionnalisation de circuits d’accompagnement différents de la voie générale. Depuis leur naissance (parfois avant-même la naissance), jusqu’à leur mise sous tutelle au décès des parents, les personnes déficientes mentales sont prises en charge par une succession de dispositifs spécialisés, répondant au besoin d’assistance standardisée plutôt qu’à celui du développement personnel.
La singularité pour tous
En cherchant, par de multiples moyens, à dépasser la reconnaissance des différences par une reconnaissance de la singularité des individus, Down Up s’est fixé l’objectif de montrer que la voie générale est la seule capable d’apporter une réelle reconnaissance sociale et citoyenne, condition première du sentiment d’appartenance à la communauté et susceptible, en retour, de faciliter le rôle des intervenants, là où ils n’y voient au départ que complications.
Le principe de singularité consistant à envisager que tout individu est un être différent comme tout un chacun, il s’agit, la plupart du temps, de convaincre l’ensemble des parties prenantes d’étendre, “tout simplement”, le champ d’application de leurs missions fondamentales à de nouveaux cas particuliers.
L’autodétermination comme solution
Dès lors que l’on abandonne l’idée de prendre en charge ou de faire à la place de, pour se consacrer au développement du potentiel d’éducation, de compétence, d’autonomie, d’accomplissement et de bien-être des individus, chacun se retrouve en “terrain connu” et les besoins d’adaptation des fonctions et des équipements s’en trouvent paradoxalement réduits ou simplifiés.
En initiant une nouvelle posture de l’accompagnement, fondée sur l’expression des motivations et des besoins de la personne concernée, sur la réponse à ses propres demandes, sur la prise en compte de son niveau de dépendance, sur le partage des objectifs avec les parties prenantes de son univers, il devient possible non seulement de viser l’autonomie, mais surtout de cultiver les facultés d’autodétermination. Ce qui revient, ni plus ni moins, à reconnaître une certaine forme de responsabilité aux individus déficients, qualifiés autrefois d’irresponsables.
L’expérimentation concrète
Depuis trois décennies, progressant au rythme des parcours de vie des personnes accompagnées et de leur entourage, Down Up s’est constamment appuyé sur ce principe d’individualité pour défricher une à une les problématiques et tenter de lever les obstacles qui se présentent sur la route des personnes en quête d’accomplissement.
L’association dispose aujourd'hui d'une expérience quasiment exhaustive de l'ensemble des solutions qui peuvent être mises en œuvre à chaque étape de la vie, pour réussir l'inclusion des personnes déficientes mentales en milieu ordinaire : depuis l’accueil précoce des enfants et de leur famille, jusqu’à l’autonomie sociale et résidentielle des jeunes adultes, en passant par la scolarisation, la formation pré professionnelle, le travail et les loisirs,… la panoplie des innovations sociales, pédagogiques, institutionnelles, juridiques, technologiques ne demande qu’à être largement partagée.
La co-construction efficiente
Agissant le plus souvent en éclaireur, chaque fois que de nouvelles frontières doivent être franchies, Down Up cherche en permanence à lever les résistances en comptant sur la bienveillance d'acteurs individuels ou collectifs, publics ou privés, acceptant de conduire des expérimentations en mode dérogatoire. L’implication des parties prenantes dans le diagnostic des blocages, l’identification des “gains partageables”, pour envisager la co-construction de pratiques innovantes, permettent à Down Up de développer et d’affiner en permanence des solutions nécessairement pragmatiques et simples, adaptées à la diversité des situations rencontrées et capables de satisfaire l'ensemble des intervenants impliqués, sans bouleversements ni vindictes inutiles.
Le bonheur du résultat
Ces expériences quotidiennes, menées de manière concluante dans un contexte permanent de difficultés juridiques, administratives et politiques apportent à Down Up l’expertise de terrain qui lui permet de valider la pertinence de son nouveau modèle économique et social.
Il est clairement établi aujourd’hui que les moyens à mettre en œuvre pour passer de la société segmentée à la société inclusive sont désormais bien plus abordables (dans tous les sens du terme) que les moyens mis en œuvre dans l'assistance généralisée. Le gain économique pour la collectivité peut atteindre, dans certaines configurations, jusqu’à 80% de baisse de charges, sans compter les bénéfices humains immatériels, inestimables en termes de bonheur pour les personnes accompagnées, leur entourage et tous ceux qui prennent plaisir, avec eux, à inventer une nouvelle vie en société.
L’avènement de nouvelles approches politiques
Les travaux de réflexions menés en synergie par les centres de recherche et les instances, auxquels Down Up apporte sa contribution, montrent que les évolutions envisageables du cadre législatif et institutionnel recèlent encore un potentiel non négligeable de marges de manœuvre et de bénéfices sociétaux.
Dès lors que les solutions pragmatiques sont mises en place, la rencontre entre la volonté collective et les aspirations individuelles s’en trouve facilitée. Les récents progrès enregistrés dans le droit à l’expérimentation de pratiques innovantes, en termes de réorientation des politiques publiques d’accompagnement en milieu ouvert et en matière de promotion de l’habitat inclusif en témoignent.
La reconnaissance du statut de la personne autonome et sa responsabilisation pourront être désormais au cœur des préoccupations.
Actions menées
Après avoir expérimenté et démontré, à l’échelle locale, la faisabilité de l’inclusion des personnes déficientes intellectuelles en milieu ordinaire, Down Up entend développer le champ et le périmètre d’application de ses innovations, pour transformer le mode de vie des personnes fragilisées par les problématiques d’autonomie (au sens le plus large du terme).
Down Up s’appuie sur 30 années d’expérimentation sociale dans le domaine de l’autodétermination des personnes et sur les nouvelles perspectives de la Troisième révolution industrielle, pour inventer un nouveau modèle de vie(s) en société(s).
Fin du modèle précédent
La Deuxième révolution industrielle, particulièrement dans la seconde moitié du XXe siècle, s’est employée à satisfaire l’ensemble des besoins essentiels de la population des pays développés, en s’appuyant sur des investissements massifs dans les infrastructures et sur un développement spectaculaire des administrations centralisées.
Les moyens de développement, conçus à une échelle industrielle, dans les domaines du logement (grandes résidences et cités pavillonnaires), de la médecine (hôpitaux et maisons d’accueil spécialisées), de l’assistance sociale (usines de travail adapté), de la nutrition (agro-industrie), de l’éducation (écoles, lycées, universités fabriquées à la chaîne), des transports (réseaux autoroutiers et ferroviaires tentaculaires)… ont permis de remplir de nombreux objectifs quantitatifs de progrès social. L’accès au logement, à la nourriture, à la santé, à l’éducation et l’espérance de vie en général ont enregistré des résultats considérables.
Emergence de nouvelles aspirations
Dans le même temps, la standardisation et le productivisme des solutions mises en œuvre n’ont pas permis de relever le défi de l’individualisation des parcours, sensé permettre à chacun de maximiser son potentiel d’éducation, de créativité, d’émotion et d’échanges… en un mot d’autonomisation. Cette ambition, pourtant formulée dès les années 60, se trouva confrontée au “nécessaire réalisme” des priorités économiques, à une affectation des moyens logiquement focalisée sur l’élévation générale du niveau de vie et… vraisemblablement à l’absence de technologies susceptibles de relever le défi.
Dans le domaine qui nous concerne, les rares expériences d’épanouissement social des personnes présentant des déficiences intellectuelles butaient sur la question des coûts et la difficulté de duplication des bonnes pratiques à grande échelle.
Emergence de solutions nouvelles
La Troisième révolution industrielle, avec son lot de ruptures technologiques et sociologiques annonciatrices de progrès dans tous les domaines de la société, est en passe aujourd’hui de débloquer la situation. En faisant de la biodiversité et de la fertilisation croisée des hommes, des espèces, des savoirs, des technologies, des modèles d’organisation…, le moteur de l’économie de demain, elle apporte aux espoirs longtemps restés dans les cartons de nouvelles possibilités de réalisation.
Œuvrant depuis une trentaine d’années en faveur de la singularité de la personne, Down Up imagine pour chaque individu la possibilité de développer pleinement ses capacités, en s’appuyant sur ses propres motivations. L’association fait naturellement partie des précurseurs de ce nouvel écosystème, fondé sur la diversité et l’originalité de ses acteurs.
Concrétisation du modèle d’autodétermination
L’expérience d’habitat inclusif menée par Down Up au sein de la résidence Bon Secours, à Arras, depuis maintenant 6 ans, intégrant ou imaginant toutes sortes de pratiques innovantes, constitue un des rares “laboratoires vivants” de recherche et développement sur l’autonomie en France et, probablement, le seul à avoir “démontré la faisabilité” de l’autodétermination.
Un double bénéfice sociétal
Au-delà du bénéfice social considérable qu’elle représente, cette modélisation a également permis de valider la pertinence économique d’une telle approche. L’immersion des personnes déficientes intellectuelles dans la société réelle, à chaque étape de leur vie, épargne à la collectivité de coûteuses structures “spécialisées” ou “adaptées”. Et dès lors qu’elles sont en âge de travailler, de payer des impôts et des contributions sociales, la société tout entière devient une seconde fois “bénéficiaire”.
Essaimer et élargir le champ d’application
De tels résultats ne peuvent pas rester “confidentiels”. Collant à l’esprit de la Troisième révolution industrielle, Down Up entend faire partager le plus largement possible “les secrets de fabrication” de son modèle, en mode Open source.
“Après avoir inventé la ruche, l’heure est venue d’essaimer.”
En initiant le projet des Maisons Vis ta Vie, Down Up permettra à des dizaines d’initiatives similaires de voir le jour en France, susceptibles de s’enrichir mutuellement par le partage d’expériences.
Pour favoriser l’adaptabilité de ce modèle aux environnements locaux, cultiver la biodiversité des situations et des publics visés, Down Up s’appuiera sur un vaste réseau d’associations indépendantes. Ces associations partageront les objectifs de Down Up et pourront bénéficier de ses services d’étude, de formation et d’ingénierie, en contribuant à leur perfectionnement.