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Par Aux captifs, la libération - Publié le 25 février 2022 - 10:49 - Mise à jour le 13 décembre 2022 - 11:46
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L’hospitalité et Aïda : témoignage d’une résidente à Valgiros, la co-location solidaire des Captifs

Echanger sur le thème de l’hospitalité ? Aïda, hébergée à Valgiros, a accepté la proposition, un peu interpelée par ce mot complexe. Et finalement, en nous ouvrant la porte de sa chambre à la colocation solidaire, elle a, de fait, posé en acte son attachement à cette valeur essentielle au sein des Captifs.

Aïda dans sa chambre à Valgiros
Aïda dans sa chambre à Valgiros

Être accueilli chez Aïda, c’est être invité à prendre place parmi ses souvenirs. D’un côté, une étagère remplie de photos, de bougies, de statues, de fleurs séchées et d’un crucifix… de l’autre un lit jonché de peluches. Hébergée à la co-location solidaire Valgiros (Paris, 15e) depuis 3 ans, elle a transformé sa chambre de 9 m² en un musée de sa vie mouvementée. « Je suis arrivée du Portugal à 8 ans. Mon père cherchait du travail, mais il est décédé d’un accident un an plus tard. Dès lors, nous avons dû survivre, ma mère, ma sœur et moi, dans un bidonville en banlieue parisienne », confie Aïda. Malgré tout, elle fréquente l’école, puis décroche un travail à 17 ans, dans un entrepôt ou elle trie des vêtements, et rencontre celui qui deviendra son mari quelques mois plus tard. Une vie simple, sans accroc, où l’hospitalité a alors toute sa place. « Tous les week-ends nous recevions des amis, qui venaient avec femme et enfants, pour nous aider à construire notre maison. C’est moi qui cuisinais pour tout le monde ! ». C’est dans cette maison que son fils et sa fille ont vu le jour. Et puis, un jour, la roue a tourné et de nouveau, la vie d’Aïda a croisé celle de la précarité. Un divorce, des dettes, la vente de la maison, … Elle s’est éloignée de ses enfants et de ses 7 petits enfants. La sœur d’Aïda lui propose de l’accueillir chez elle, mais elle décline la proposition. « Je n’aime pas vivre chez les autres. J’aime me sentir chez moi. » Un rêve pas toujours simple quand on vit du RSA et de quelques heures de ménage par semaine. 

Jusqu’à ce jour de 2019 où elle arrive à Valgiros : à bientôt 61 ans, elle est aujourd’hui l’une des 21 personnes hébergées de cette étonnante maison, dans laquelle cohabitent des personnes issues de la grande précarité et de jeunes actifs, bénévoles de l’association. « Ici, j’ai ma chambre. Je partage la cuisine avec les sept autres locataires de l’étage, mais c’est chez moi ». Aïda a découvert avec Valgiros un lieu où l’hospitalité a ses règles propres. Tous les résidents de l’étage partagent la même cuisine. On y prépare les dîners à tour de rôle. Au rez-de-chaussée, il y a une grande salle à manger dans laquelle nous partageons un déjeuner le mardi, avec l’ensemble des colocs, soit une vingtaine de personnes ! » Des règles auxquelles Aïda a eu un peu de mal à s’habituer au départ, mais qui font désormais parties de son quotidien et qui participent à son bien-être. « On vit comme une famille ici, tous ensemble. On se dispute, on rit, on danse… On peut compter les uns sur les autres. L’équipe est formidable et les jeunes femmes de l’étage, je les considère presque comme mes filles. Ici, c’est ma nouvelle maison. » Avec l’association, cette femme très croyante, vit également des moments forts sur plan spirituel. « A Pâques, pendant le confinement, nous avons fait le chemin de croix dans le jardin ! ». A Noël, elle prend plaisir à aller chez sa sœur, à Villiers le Bel (95), mais elle ne s’y attarde pas. « C’est à côté de mon ancienne maison, et je n’ai pas le cœur de la revoir. J’y passe quand la nuit est tombée… »   Si elle pouvait, Aïda aimerait bien rester à Valgiros toute sa vie. Mais, malgré son âge, elle sait qu’elle devra refaire sa valise. Cette maison n’est qu’une étape dans sa vie, avant une indépendance totale. Son rêve ? Un studio à Saint Denis, à côté du cimetière dans lequel repose sa maman. 

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