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Par AXAFrance - Publié le 2 octobre 2023 - 11:03 - Mise à jour le 3 octobre 2023 - 12:18
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Céline Gréco (IM'PACTES) : « Les jeunes confiés à la protection de l’enfance ont aussi le droit de rêver »

On estime que 6 à 14 % des enfants vivant en France sont ou seront victimes de violences physiques, sexuelles, psychologiques ou de négligences. Ces violences, quand elles ne tuent pas directement, entraînent des séquelles majeures en termes de santé et de scolarité. C’est pour remédier à cette double peine que le Dr Céline Greco, cheffe du service de médecine de la douleur et de médecine palliative à l’hôpital Necker - Enfants malades à Paris et chercheuse à l’Institut Imagine, a créé l’association IM’PACTES, soutenue par le mécénat des Mutuelles AXA. Rencontre.

Céline Gréco (IM'PACTES) : « Les jeunes confiés à la protection de l’enfance ont aussi le droit de rêver ». Crédit photo : DR.
Céline Gréco (IM'PACTES) : « Les jeunes confiés à la protection de l’enfance ont aussi le droit de rêver ». Crédit photo : DR.
  • IM’PACTES est une jeune association, que vous avez créée en mai 2022. Quel a été le déclic pour vous ?  

 

Céline Gréco : Je parlerais plutôt d’aboutissement que de déclic. Enfant, j’ai été moi-même victime de violences jusqu’à ce qu’une infirmière scolaire me repère, à 14 ans, et fasse un signalement. Prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance, j’ai constaté qu’en dépit de leur engagement, les travailleurs sociaux n’ont pas les moyens — financiers et humains — suffisants pour suivre la santé et la scolarité de chaque enfant. 

Mon moteur pour m’en sortir, mon étoile du Berger, c’était ma double détermination, depuis toute petite, à devenir médecin et à travailler à l’Hôpital Necker.

Au moment où, notamment grâce au soutien de la Fondation Bettencourt Schueller qui a toujours cru en moi, j’ai concrétisé mon rêve de devenir médecin-chercheur, j’ai estimé que j’avais le devoir de changer les choses pour les enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance. C’est d’autant plus crucial que lors de mes études, j’ai constaté que les futurs médecins n’étaient pas — ou en tout cas pas assez — formés à détecter les maltraitances faites aux enfants et à connaître leurs conséquences à long terme.

J’ai alors écrit, sous le pseudonyme de Céline Raphaël, La démesure (éditions Max Milo) en 2013 pour témoigner de mon vécu d’enfant victime de violences et alerter pouvoirs publics et médias sur les failles du système. En 2016, j’ai rencontré Laurence Rossignol, alors ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. Le travail mené à ses côtés a débouché sur la Loi relative à la protection de l’enfant de mars 2016, donnant notamment naissance au Conseil national de la protection de l’enfance (CNPE)

En 2021, alors cheffe de service à Necker, j’ai porté le projet PACTES. Financé par la Fondation des Hôpitaux présidée par Brigitte Macron, il visait à créer des équipes mobiles hospitalières référentes en protection de l’enfance pour améliorer le repérage des enfants en danger, victimes de violences ou de négligences graves. Sept équipes ont été déployées, cinq dans les hôpitaux de l’AP-HP, une à Brest et la dernière à Grenoble. Six d’entre elles ont désormais rejoint le dispositif des UAPED (Unité d’accueil pour les enfants en danger) et des EPRRED (Équipe pédiatrique régionale de référence pour les enfants en danger) initié par le ministère de la Santé et les Agences régionales de santé.

« Les maltraitances faites aux enfants sont un véritable fléau. J’ai créé l’association IM’PACTES pour sortir ces jeunes de l’avenir sombre auquel la plupart d’entre eux sont condamnés. »

Céline Gréco, fondatrice de l'association IM'PACTES

  • C’est cette expérimentation menée dans le cadre de PACTES qui a débouché sur la création de votre association, IM’PACTES ?

 

Pour la partie « santé » en tout cas, elle en est le prolongement naturel, mais IM’PACTES va plus loin, avec un important volet dédié à la scolarité, à la culture et à l’avenir. Nous avions fait avancer le repérage des enfants maltraités avec PACTES. La question de leur prise en charge restait toutefois entière pour réduire les séquelles des violences ou des négligences subies, somatiques et psychiques. En canalisant énergies et expertises, IM’PACTES entend offrir une vie d’adulte plus sereine aux jeunes victimes de violences ou de négligences. Cela passe par deux chevaux de bataille sur les points noirs que j’évoquais tout à l’heure : la santé de ces enfants ; leur scolarité et leur accès à la culture. 

 

  • Concernant la santé, quelle est votre ambition et quelles sont vos premières avancées ?

 

Notre constat de départ est le suivant : selon plusieurs études internationales, l’espérance de vie des enfants victimes de violence est amputée de 20 ans en moyenne s’ils ne sont pas pris en charge précocement. Pour remédier à cet état de fait, nous devons prendre en charge les séquelles physiques et psychologiques des maltraitances subies.

Pour cela, nous préparons la création du tout premier Centre d’appui à l’enfance en France. Prenant exemple sur des structures existant au Canada, aux États-Unis et en Allemagne, il sera dédié aux enfants confiés à la protection de l’enfance. Il leur apportera, en un seul lieu, avec des délais courts et sur un temps long, un parcours de soins adaptés pour limiter au maximum les séquelles des violences à l’âge adulte.

Nous espérons ouvrir ce premier centre, à Paris, en septembre 2024, pour prendre en charge les enfants d’Île-de-France. Ce n’est qu’une première étape. Nous allons ensuite ouvrir un centre d’appui par région. Quand le modèle sera rodé, nous envisageons d’organiser des consultations avancées dans les départements pour mailler l’ensemble du territoire national, y compris l’Outre-mer.

« Mon rêve de devenir médecin-chercheur devenu réalité, je tiens profondément à me rendre utile pour changer les choses pour les enfants victimes de violences ou de négligences, afin qu’on les repère et qu’on les prenne en charge plus vite. »

Céline Gréco, fondatrice de l'association IM'PACTES

 

  • Et concernant la scolarité et l’accès à la culture, quelle est votre feuille de route ?

 

Nous avons la même démarche méthodologique : partir d’un constat pour changer les choses. Lorsque l’on étudie la scolarité des enfants et adolescents victimes de violence, les chiffres en disent long. Les jeunes pris en charge par l’aide sociale à l’enfance ne sont que 13 % à obtenir leur brevet des collèges contre 80 % pour l’ensemble de la population. À 17 ans, seuls 13 % d’entre eux préparent un bac général contre 51 % pour la population générale du même âge. Les conséquences sont dramatiques puisque qu’ils représentent près de 40 % des sans-abri âgés de 18 à 25 ans.

Pour sortir de ce que nous refusons d’admettre comme une fatalité, nous avons conçu un programme pluridisciplinaire innovant, alliant soutien scolaire, bibliothérapie et expression artistique. Nous le complétons par des sorties culturelles et des séjours linguistiques. Nous proposons aux jeunes de 3 à 25 ans un parcours en trois temps : Découverte jusqu’à 12 ans, Ambition de 13 à 18 ans et Avenir pour les 18-25 ans. Nous accordons aussi une attention particulière à l’accès à l’autonomie, qui passe notamment par des séminaires de préparation, l’aide à l’obtention du permis de conduire et l’octroi de bourses. Nous apportons enfin à ces jeunes du parrainage, pour les plus petits jusqu’à 12 ans, et du mentorat, pour les plus grands. Nous déployons tout un écosystème pour les accompagner dans leur insertion sociale et professionnelle. Aujourd’hui opérationnel en Île-de-France, ce modèle sera progressivement déployé dans toutes les régions.

« Nous agissons sur deux fronts pour les enfants pris en charge en protection de l’enfance : optimiser leur accès à la santé et les soutenir dans leur parcours scolaire, culturel et artistique. »

Céline Gréco, fondatrice de l'association IM'PACTES

 

  • Les Mutuelles AXA font partie des membres fondateurs d’IM’PACTES. Que vous apporte leur soutien ?

 

Les Mutuelles AXA sont avec nous depuis la création de l’association. Leurs dons et leur investissement humain contribuent à faire avancer tous nos projets sur les fronts de la santé et de la scolarité. C’est notamment grâce à leur soutien que nous avons pu lancer, en septembre 2023, les projets Ambition et Avenir que j’évoquais il y a quelques instants. Elles nous permettent aussi d’organiser de nombreuses sorties culturelles pour les enfants et les adolescents protégés.

Les Mutuelles AXA contribuent également à des projets structurants pour les enfants. Je pense à notre concours annuel « Le métier de tes rêves », qui encourage les enfants placés des structures partenaires, de 5 à 12 ans, à exprimer le métier qu’ils rêveraient de faire « quand ils seront grands » dans le format de leur choix. Grâce à des dessins, des poèmes, des vidéos, des pâtisseries et même un court-métrage, ils nous ont fait partager leur envie de devenir pâtissier·e, infirmier·e, animalier·e, footballeur·euse, psychologue ou encore gendarme. Pour la remise des prix le 2 juillet, au Sherwood Parc, nous avons pu, grâce à nos mécènes, leur concocter un beau programme de festivités. Avec nos membres fondateurs comme les Mutuelles AXA, nous irons plus loin en 2024 en organisant, le jour de la remise des prix, un village des métiers pour donner aux enfants une vision à 360° de toutes — enfin presque toutes — les professions possibles.

 

  • Pour conclure, au terme de ces 18 premiers mois pour IM’PACTES, quel est le souvenir fort qui vous aide à vous lever le matin ?

 

Je n’ai aucune difficulté à me lever le matin, car j’ai la chance d’exercer le métier dont j’ai toujours rêvé dans le lieu dont j’ai toujours rêvé. Ma vie professionnelle — la médecine de la douleur — est ma passion. La protection de l’enfance est pour moi une mission que je me dois de prendre à bras le corps, compte tenu de la vie qui est la mienne aujourd’hui.

Cela dit, j’ai une phrase à l’esprit qui me motive à remplir cette mission. C’est le chef de service socio-culturel de la Maison d’enfants Éliane-Assa qui nous l’a écrite à la suite d’une sortie culturelle à laquelle les enfants suivis par l’association avaient eu l’occasion de participer, grâce à l’un de nos mécènes. La voici : « Quand on les prend au sérieux, les enfants sont sérieux. Quand on croit en eux, ils sont courageux. Quand on leur fait vivre des événements spéciaux, ils se rappellent qu’ils sont spéciaux. Hier soir, malgré le monde, ils se sont sentis attendus, accueillis, respectés et spéciaux. » Cette phrase dit tout du sens de notre mission et nous motive à avancer chaque jour pour donner à ces enfants le droit d’être heureux.

 


  En savoir plus sur le Mécénat des Mutuelles AXA.


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