#CeuxQuiFont : Karine Richarme, fondatrice de Kipawa
L’association marseillaise Kipawa accompagne l’inclusion sociale des personnes exilées et lutte contre la précarité linguistique et l’isolement social. Kipawa a conçu un programme d’apprentissage du français inclusif et intensif de quatre mois destiné aux demandeurs d’asile qui n’ont pas encore accès à l’emploi.
Un programme créé par Kipawa pour les demandeurs d’asile
Les termes « personnes exilées » recouvrent deux réalités administratives bien distinctes : d’un côté, il y a les demandeurs d’asile, qui ont fait leur demande et n’ont pas encore de réponse de l’administration quant à leur droit au séjour. Ces personnes ne peuvent donc pas travailler ni bénéficier des programmes de formation. De l’autre, on trouve les personnes réfugiées qui ont obtenu leur statut et peuvent donc accéder à l’emploi et se former. C’est pour pallier les difficultés d’accès à la formation des demandeurs d’asile que l’association Kipawa a été créée.
À l’origine de ce projet, on trouve Karine Richarme, enseignante de français langue étrangère (FLE), engagée depuis des années en faveur de l’inclusion des personnes exilées. Pour elle, il est important d’agir en amont de l’obtention du statut de demandeur d’asile.
« La période de demande d’asile peut durer jusqu’à 24 mois ! Si l’on met cette période à profit pour apprendre le français, c’est tout une partie du projet professionnel qui peut être travaillé en amont. Quand j’intervenais sur des formations professionnalisantes avec des personnes réfugiées, j’ai remarqué que le niveau de français était encore fragile, ça conduisait les personnes à faire des choix qui n’étaient pas forcément en rapport avec leurs compétences, des choix qu’ils n’auraient pas fait s’ils avaient maîtrisé la langue. »
Karine Richarme, fondatrice de Kipawa
Cours de français et bénévolat inclusif
En plus des cours de français, Kipawa propose aux personnes exilées de réaliser une mission de bénévolat au sein d’une association. La difficulté pour tisser des liens lorsqu’on arrive dans un nouveau pays freine l’apprentissage de la langue d’accueil et renforce l’isolement des personnes. Intégrer une association près de chez soi permet de pratiquer la langue en dehors des cours de français pour progresser, mais aussi de tisser des liens avec des Français.
L’association est choisie en cohérence avec ce que chaque personne exilée peut lui apporter : savoir-faire, compétences, talents. Ce sont des bénévoles « connecteurs », formant un binôme avec chaque demandeur d’asile, qui se chargent d’identifier l’association, d’y agir bénévolement avec leur binôme et d’assurer le suivi. Cet engagement associatif permet aux personnes exilées de se sentir utile à la société d’accueil.
Accueillir et inclure les personnes bénévoles
Dans un contexte français et européen de repli identitaire et face au durcissement des politiques d’accueil des personnes exilées, l’association Kipawa défend et porte l’idée d’une inclusion effective des nouveaux arrivants, grâce à l’apprentissage de la langue et la création de lien.
« Le point de départ de ces migrations, ce sont des situations invivables dans ces pays, soit à cause de la guerre ou de régimes politiques. Ce n’est pas en fermant les frontières qu’on va empêcher ces départs. Si on prend en compte les migrations climatiques, les déplacements vont continuer d’augmenter. Accueillons ces personnes comme une richesse supplémentaire et faisons en sorte de se comprendre tout simplement et de vivre ensemble. »
Karine Richarme, fondatrice de Kipawa
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Les objectifs de développement de Kipawa
Lauréat de la première promotion de l’incubateur d’associations de la Fondation Bouygues Telecom, Kipawa espère d’ici 5 ans parvenir à :
- organiser trois sessions de cours par an pour 4 groupes de 15 personnes, soit 180 bénéficiaires
- ouvrir des programmes à des conjoints d’expatriés (programme financé par les entreprises en prestation de service)
- avoir sept salariés : une directrice formatrice FLE, un·e responsable insertion / partenariats / communication, un·e chargé·e d’insertion professionnelle, deux formateurs FLE, un·e assistant·e de service social et un·e psychologue.
Comment soutenir Kipawa ?
- Vous souhaitez devenir bénévole : Si vous êtes à Marseille, l’association Kipawa a besoin de bénévoles pour assurer des cours de français ou aider à trouver des associations pour permettre aux participant·e·s du programme de réaliser leur mission de bénévolat.
- Vous êtes une association et vous recherchez des bénévoles qualifiés, cela tombe, bien, car les personnes exilées participant au programme Kipawa ont peut-être elles aussi envie de s’engager à vos côtés et de partager leurs compétences.
- Vous souhaitez soutenir financièrement le programme de Kipawa en faisant un don.
Rendez-vous sur www.kipawa.fr à la rubrique contact.